mercredi 19 mars 2014

Stigmate québécois

Écoutez ça en lisant ce blogue.
J’ai croisé un étudiant écossais au Sacrilège, hier soir. C’était un étudiant en biologie océanographique. Il est au Canada – parce que pour lui (pour presque la totalité du globe en fait) le Québec et le Canada, c’est la même chose – puisqu’il a la chance de travailler avec le plus grand océanologue de toute la planète. Ce génie de l’océan, il vit à Québec.
L’étudiant s’est mis à me dire, dans un français difficile, mais excellent pour quelqu’un qui apprend la langue depuis peu, qu’il aimait bien Québec, mais qu’il avait beaucoup de mal à s’y intégrer.
Je lui ai demandé : Pourquoi? Tu parles pourtant français.
-       Oui, mais pas parfaitement, qu’il me répond.
C’est alors qu’il se met à me parler du malaise que beaucoup d’étudiants ressentent par rapport aux Québécois. Ils se sentent jugés à cause de leur français laborieux ou absent. Ils sentent qu’ils n’ont pas leur place dans notre société parce qu’ils ne parlent pas (ou mal) la bonne langue…
Ça m’a fait chier! Pour eux. Pour nous aussi.
Là, j’ai compris – juste là, autour de ma Boréale blanche – pourquoi le projet d’indépendance du Québec avançait avec des cure-dents en guise de rames. Le Québec, ce n’est pas les francophones. Ce sont les Québécois.
«Le monde y peuvent être blancs, jaunes, noirs, mauves… bleu a’c des pitons jaune-orange, m’en câlisse! Si y veulent se battre avec moi, c’est mes frères». C’est Falardeau qui a dit ça. Selon moi, ça compte aussi pour n’importe quelle langue qui veut faire partie de notre projet de société. Évidemment, il ne faut pas pour autant mettre le français en danger, mais on pourrait aussi aider les gens à s’intégrer. Les faire rester, même…
Le gars avec qui je discutais devant ma bière, il trouvait ça triste de ne pas se sentir chez lui à l’endroit où il veut travailler.
Moi je trouve ça dramatique! Dramatique qu’on se prive de gens comme Jordan. L’océanographe arrive à peine à garder la tête hors de l’eau dans notre langue et on le stigmatise pour cette raison. Il risque de devenir un éminent scientifique des eaux arctiques. Il finira par partir et alors, ce n’est pas lui qui sera perdant, mais nous!
C’est bon ce qui joue en arrière, non? C’est montréalais. Ils parlent anglais. On les adore. Eux, on ne les stigmatise pas!
Pourquoi avec un océanographe alors?

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