mercredi 26 mars 2014

Autochtones : 60% de la population carcérale

Au cours de la séance du 19 mars dernier, nous avons eu droit à une discussion bien “animé” quant au cas de la surreprésentation des autochtones dans les prisons canadiennes.
Je trouvais intéressant de faire un bref retour sur la question et d’en soulever les grandes lignes, puisque nous en étions venu à dire que très peu d’entre nous étaient avisés du véritable enjeu. 

Alors, il convient d’abord de souligner qu’un document intitulé « Évaluation des initiatives de l’approche correctionnelle judicieuse », obtenu grâce à la Loi sur l’accès à l’information, relève que la proportion d’autochtones incarcérés au Canada atteint des taux chroniques dans certaines régions. Le cas des pénitenciers des Prairies est particulièrement inquiétant, alors que le peuple autochtone constitue plus de 60% de la population carcérale… 
En fait, de façon générale, les autochtones, qui ne représentent que 3% de la population canadienne, représentent 17,9% du total des délinquants sous responsabilité fédérale.


Face a un tel constat, on peut se dire que les autochtones sont prédisposés à la criminalité et qu’ils n’ont ce qu’ils méritent… ou pousser la réflexion un peu plus loin et se questionner sur le « pourquoi » du « comment ». 

Les rapports rendus publique par la Sécurité publique du Canada m’ont permis de comprendre que les provinces des Prairies regroupent les populations autochtones les plus marginales et que le recours aux incarcérations se fait de façon beaucoup plus automatique qu’ailleurs. On remarque qu’il y a un recours constant à l’emprisonnement pour des infractions en lien avec le mode de vie, entrainant des degrés disproportionnés d’emprisonnement. En guise d’exemple, pour certaines de ces infractions, dont le non-paiement d’amendes, le Québec, la Colombie-Britannique et l’Ontario semblent s’en remettre moins à l’incarcération que dans les Prairies.


On remarque que les individus ne sont donc pas toujours emprisonnés pour avoir commis des crimes contre la personne. En fait, les auteurs de crime « graves » font généralement partie de la minorité au sein de la population des prisons. Les prisons servent alors en quelques sortes de bassins de rétention « des problèmes sociaux, des récidivistes qui commettent des infractions relativement mineures, des personnes que le public considère comme méritant le plus une punition (par exemple, les auteurs d'une infraction liée aux drogues) et les auteurs d'un crime contre la propriété. "

Découle de cette idée le fait qu’une diminution de l’interdépendance dans les collectivités autochtones fut occasionner en raison de processus historique ayant reproduit une structure sociale majoritaire sans réel développement des institutions. S’ajoute a cela l’évident bouleversement culturel et la dégradation des mécanismes officieux de contrôle social.

Conséquemment, il a résulté de ceci « des collectivités stratifiées socialement où les ressources limitées et la répartition de celles-ci créent d'importants groupes de personnes défavorisées, une sous-culture de jeunes de plus en plus importante auxquels s'offrent peu de débouchés ou de possibilités légitimes, une exposition hors contexte aux médias de masse et un manque de ressources culturelles et sociales pour aider à déterminer la formation à la base des valeurs prosociales. »

Il ne faut bien sur pas généraliser la situation à tous les groupes autochtones, mais c’est une réalité qu’il est important de prendre en compte, selon moi. Les statistiques d’incarcérations ne peuvent être vues comme une fatalité et il me semble tout à fait légitime que le gouvernement se soit penché sur la question. 

« Nul ne peut ignorer la loi », certes. 
Mais cette situation démontre que certains groupes méritent d’être encadrés de façon plus adaptée. Prévenir, au lieu de guérir.


Sources: http://www.nwac.ca/files/download/F_CSC%20Press%20Release%2007%2003%202013_FINAL.pdf

http://www.securitepublique.gc.ca/cnt/rsrcs/pblctns/xmnng-brgnl-crrctns/index-fra.aspx#justice

http://www41.statcan.gc.ca/2006/2693/ceb2693_002-fra.htm

1 commentaire:

Stéphanie St-Louis a dit…

Nul ne peut ignorer la loi, certes!

La loi n'est pas pour autant coulée dans béton.

La loi peut être modifiée. La loi peut être réformée. La loi peut être adaptée. La loi peut être abrogée.

Dans le cas de la communauté autochtone, il existe visiblement des inégalités. Tel que mentionné dans votre article, plusieurs lacunes ont été observées.

Nous vivons dans une société démocratique, et la démocratie, comme le dit Camus, « ce n’est pas la loi de la majorité, mais la protection de la minorité.» C’est notre devoir, en tant que citoyens canadiens, de s’informer sur ces débats, de combattre ces inégalités, dans l’intérêt non seulement des minorités, mais de la collectivité. #idéaliste