vendredi 1 mai 2020

Plus de routes, moins de trafic... Vraiment?


Réflexion critique sur le bien-fondé d’un 3e lien à Québec et, plus largement, sur la pertinence de l’ajout de voies de circulation pour réduire la circulation.

Argument 1 : L’induction du trafic 

Peu de chercheurs et chercheuses croient que l’élargissement des voies ou, plus particulièrement, le projet du troisième lien diminueraient le trafic à long terme. En effet, lors de la création ou de l'amélioration d'une infrastructure de transport, cette nouvelle offre de transport crée un nouveau trafic jusqu’à atteindre, à long terme, le même niveau de congestion.

« Les gens qui étudient la question remarquent plutôt que la congestion augmente avec l’ajout de routes. Si vous voulez des exemples concrets du contraire, vous aurez de la difficulté à en trouver. Beaucoup de villes ont fait du progrès dans leurs transports en bloquant des élargissements, des nouvelles voies express. C’est ce que vont vous dire tous les experts. » -- Jean Mercier, professeur agrégé à l’Université Laval.

Argument 2 : Développement du transport en commun

De plus, plus précisément à Québec, ajouter un troisième lien serait contradictoire à ce que la Ville veut instaurer depuis quelques années. En effet, depuis une dizaine d'années, les Villes de Québec et de Lévis travaillent en collaboration pour améliorer leur système de transport en commun le plus possible. Cependant, avec l'élaboration d'un troisième lien, tout le chemin fait n'aura servi à rien. En effet, comme le mentionne Catherine Dorion, les gens préfèrent être dans le confort de leur voiture que d’être dans un autobus rempli de gens. Si l'on commence à prendre l'habitude de faire Québec/Lévis en voiture, rechanger nos habitudes sera difficile. Il serait donc préférable de concentrer nos efforts sur l'établissement de projets qui favorisent le transport en commun comme l'a fait l'Université Laval avec le LPU.

Argument 3 : Phénomène d'étalement urbain

Il est faux de croire que de construire plus de routes va améliorer la fluidité routière et diminuer le trafic. Le phénomène d’étalement urbain est aussi en cause. Ce phénomène consiste en l’éparpillement des activités sur le territoire et une suburbanisation résidentielle. Les routes en place facilitent l’accessibilité à ces endroits plus éloignées des centres-villes. Le choix du lieu de vie des ménages et des entreprises est souvent fait en fonction des infrastructures en place et de l’accessibilité aux lieux. Plus il y a de routes, plus il y a d’étalement urbain. Plus les gens s’éloignent, plus ils utilisent leur véhicule, ce qui augmente la congestion routière.

Endossé par : Laurie-Anne Bédard-Desîlets, Rosalie Bernatchez, Romy Bolduc, Rosemarie Chamberland, Stéphanie Corriveau-Faucher, Mathieu Fournier, Mélissa Gaudreault, Dominique Grenier, Jean Grignon-Francke et Noémie Laliberté.

Références complémentaires :

Entrevue avec Francis Fortin, architecte et expert en design de l'environnement : https://www.facebook.com/contrele3emelien/videos/893147460877702/

« Nous sommes tous égaux » : une vérité à déconstruire

L’inégalité est plutôt la norme. Vivre dans une société démocratique guidée par des lois et la Charte des droits et libertés de la personne peut parfois nous amener à penser à tort que tous sont égaux. Si nous sommes égaux aux yeux de la loi, ce n’est pas tout à fait le cas dans les faits. Certaines inégalités peuvent apparaître rapidement dès l’enfance, que ce soit pour une raison d’accès à l’éducation ou de conditions économiques et même géographiques. L’échelle sociale existe encore avec ses écarts pour les talents, les gènes, les avoirs, les différences physiques, les responsabilités, les salaires, la volonté, la chance, etc. 
D’autres inégalités se manifestent plutôt au moment de prendre place dans la sphère publique et d’y exercer sa citoyenneté. Par exemple, lorsqu’une personne doit parler d’elle-même et doit se présenter, par quoi commence-t-elle généralement sa présentation ? Son métier, sa profession ou son occupation : étudiante, médecin, maître (avocat), juge, professeur, enseignante, chargé de cours, etc. Pourquoi ? Certainement puisque ça nous permet de parler de nous, mais ce que ça fait réellement, c’est que ça nous situe sur le plan socioéconomique.  La fonction est-elle donc plus importante que la personne elle-même?  
Nous possédons tous des caractéristiques qui nous différencient des autres individus ou des autres peuples. Ces caractéristiques sont intimement liées à notre identité, nos expériences de vie et nos valeurs. Nous considérons certains de nos compatriotes comme étant nos égaux, car nous partageons certaines valeurs, certains points communs qui rattachent à un sentiment collectif, qui nous poussent à être solidaires les uns avec les autres. Cependant, dès lors que l’on entre en contact avec des individus ayant des mentalités, des opinions ou même des statuts sociaux qui divergent des nôtres, la notion d’égalité devient soudainement matière à réflexion et à débat. 
Certes, certaines inégalités sont dénoncées, mais nous acceptons tout de même certaines petites hiérarchies qui sont profondément ancrées dans nos sociétés. Même dans les sociétés où règnent le communisme, on retrouve certaines formes d’inégalités inévitables. De plus, tous les mouvements de lutte contre les injustices regroupent certains extrémistes. Cet extrémisme révèle une part sombre de la nature humaine : la volonté de dominer.  
Or, nous nous entendons tous pour dire que nous pouvons et nous devons aspirer à mieux. Même si l’égalité totale de tous et chacun semble utopiste, nous refusons d’être pessimistes. Il est possible de vouloir un monde où tous sont plus égaux. Si certaines disparités demeureront probablement présentes en raison du système capitaliste dans lequel on évolue, il est toutefois envisageable de mettre en place de moyens pour réduire les inégalités. Par exemple, lorsqu'on pense au filet social et aux organismes communautaires, il est possible d'offrir des services à la population ainsi que des programmes qui pourraient tenter de compenser, au moins en partie, certaines inégalités comme la pauvreté, l'accès à l'éducation, etc. Il demeure très important de prendre conscience que même si l’inégalité existe et existera probablement toujours, nous nous devons tout de même de traiter tout le monde de manière égale, et ce, peu importe la classe sociale, l’origine ethnique, le sexe, etc. En ce sens, n’est-il pas plus matière d’équité que d’égalité?  
Endossé par : Jean-Gabriel Baril, Laurie-Anne Bédard-Desîlets, Samantha Cantin, Rosemarie Chamberland, Manon Leslie Cheval, Isabelle D'Amours de Courberon, Mélissa Gaudreault, Dominique Grenier, Jean Grignon-Francke, Charles-Jimmy Lajoie-Boucher et Clara Lessard.

mardi 28 avril 2020

École privée ou publique : ou le mythe du meilleur choix pour tous!


La croyance populaire voulant que les écoles privées soient meilleures que les écoles publiques est, selon nous, un mythe. Si, en apparence, les écoles privées produisent de meilleurs élèves que les écoles publiques, la réalité est beaucoup plus nuancée. En effet, les admissions dans les écoles privées font souvent l'objet de tests d'aptitudes scolaires. Donc, généralement, les élèves qui font leur entrée à l'école privée ont été sélectionnés par leurs aptitudes et leurs notes. Il serait donc complètement biaisé d'évaluer les écoles privées simplement par les notes de leurs élèves en comparaison avec celles des élèves du système public. Pour faire une évaluation et pour apposer un jugement sur les deux systèmes d'éducation, nous nous devons de porter un regard sur l'encadrement et les ressources aux élèves en gardant en tête le contexte et l'environnement de l'école.
En fait, l’éducation serait d’une facilité incomparable si tous les élèves possédaient les mêmes compétences, difficultés, besoins, etc. Il va sans dire que la principale complication des profs est de faire en sorte que tous les jeunes obtiennent la note de passage, sinon plus, à la fin de l’année, malgré leurs différences individuelles. Ainsi, nous croyons que la caractéristique première à prendre en compte en ce qui a trait à l’éducation sont les forces et faiblesses de chaque élève, de même que leurs goûts. En d’autres mots, pour nous, aucun des deux systèmes éducatifs n’est le meilleur dans toutes les situations.
Plusieurs d’entre nous ont eu la chance de vivre les deux systèmes. Plusieurs ont noté que le privé offrait un environnement plus encadré et strict, ce qui peut aider certains élèves qui ont besoin d’un encadrement plus serré et mettre davantage l’accent sur la réussite scolaire. À l’inverse, le public est souvent plus diversifié et plus libre, ce qui convient mieux à d’autres, peut développer l’autonomie et permet de mieux se préparer aux réalités du vivre-ensemble, après l’école : toutes sortes de personnes se côtoyant dans notre société!
Il faut aussi prendre en considération les programmes scolaires. En effet, un ou une élève étudiant dans un programme sport-étude, artistique ou linguistique, qu’il soit dans un système privé ou public tendra à être plus motivé.e à l’école et ainsi à avoir moins de troubles de performance et de comportements.
Ce qui est à revoir, c’est peut-être l’accès à ces programmes spéciaux – souvent limité par les notes, même dans le système public. Il nous apparait en effet que la réussite des élèves passe d’abord par leur motivation à aller à l’école. Comme société, ne devrions-nous pas tout faire pour motiver les personnes ayant le plus de difficulté de ce côté?
Pour nous, la clé du succès est de considérer l’opinion et les besoins de notre enfant pour s’assurer qu’il ou elle s’épanouisse et ait envie d’apprendre. Bien sûr, viennent ensuite les questions incontournables de l’accessibilité : l’argent, le temps et la distance sont alors des réalités bien difficiles à contourner!

Par : Annie-Pier Chabot, Rosemarie Chamberland, Camille Charest, Alicia Gagné, Jean Grignon-Francke, Audrey Joncas, Shana Laurencelle, Anne-Sophie Leclerc, et Mélissa Lieutenant-Gosselin

 À lire et à écouter sur le sujet : 
« École publique ou privée, une question de choix », Le 15-18. Audio-fil en ligne : https://ici.radio-canada.ca/rentree/ecole/affut/document/radio/chronique/399419/ecole-publique-ou-privee-une-question-de-choix
Bernière, Mathieu, « Pourquoi choisir l'école publique? », Le Journal de Québec, 28 septembre 2017. En ligne : https://www.journaldequebec.com/2017/09/28/pourquoi-choisir-lecole-publique
Dompierre, Jeanne et Cynthia Brunet, « École secondaire privée ou publique? », Canal Vie, En ligne : https://www.canalvie.com/famille/education-et-comportement/articles-education-et-comportement/ecole-secondaire-privee-ou-publique-1.1028109