jeudi 27 mars 2014

Le cas de ThyssenKrupp


Voici un résumé d’une série de reportages sur l’«économie verte» présentée par Sophie Chapelle du magazine Basta!. Elle expose le cas de l’entreprise ThyssenKrupp, et explique, par le fait même, comment on peut faire passer une pollution industrielle pour du développement durable.

ThyssenKrupp est un groupe de sidérurgie allemand ayant des filiales dans plusieurs pays, dont une à Rio de Janeiro au Brésil, situé plus précisément dans le quartier de Santa Cruz, à 50 kilomètres de la ville. Ce complexe est financé par la Banque Nationale du Brésil, donc par le gouvernement, au nom de développement local. L’entreprise produit plus de 5 millions de plaques d’acier par année, toutes destinées à l’exportation.

ThyssenKrupp a pollué, entre autres, l’air et les eaux aux métaux lourds, a détruit les écosystèmes locaux qui assuraient la subsistance de milliers de familles de pêcheurs et est tout de même éligible aux mécanismes de compensation promus par Rio+20 (Conférence des Nations unies sur le développement durable qui s’est tenue à Rio en juin 2012). Voici comment cela est rendu possible.

Dans les faits, l’entreprise possède sur son site une usine thermoélectrique dont les turbines à cycle combiné, «très efficaces» selon les Nations unies, contribueraient à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce faisant, l’entreprise peut profiter des crédits compensatoires de carbones. Il s’agit essentiellement d’un : « service par lequel l’acheteur paie quelqu’un pour qu’il réduise, en son nom, les émissions de gaz à effet de serre.»

Pour camoufler ses activités, l’entreprise opte pour une campagne d’écoblanchiment. En effet, sur son site, ThysseKrupp met de l’avant les efforts réalisés en matière de «management de la biodiversité» (une gestion soi-disant durable), de protection des écosystèmes de marais, et de protection des populations locales sur place.

En 2010, 5 700 pêcheurs de la région ont porté plainte contre l’entreprise. Ils réclamaient, entre autres, des compensations financières ainsi que la fin immédiate des pollutions. ThyssenKrupp a été trouvée coupable par le gouvernement brésilien et condamnée à payer des amendes ainsi que des compensations financières aux pêcheurs. Actuellement, l’entreprise refuse de payer ses amendes, et profite toujours d’une compensation pour ses efforts en développement durable. Ce genre de situation contribue à augmenter le cynisme par rapport aux concepts de développement durable et de responsabilité sociale, au niveau international.

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