Voici un résumé d’une
série de reportages sur l’«économie verte» présentée par Sophie Chapelle du
magazine Basta!. Elle expose le cas de l’entreprise ThyssenKrupp, et
explique, par le fait même, comment on peut faire passer une pollution
industrielle pour du développement durable.
ThyssenKrupp est un groupe de sidérurgie allemand ayant des
filiales dans plusieurs pays, dont une à Rio de Janeiro au Brésil, situé plus précisément
dans le quartier de Santa Cruz, à 50 kilomètres de la ville. Ce complexe est
financé par la Banque Nationale du Brésil, donc par le gouvernement, au nom de
développement local. L’entreprise produit plus de 5 millions de plaques d’acier
par année, toutes destinées à l’exportation.
ThyssenKrupp a pollué, entre autres,
l’air et les eaux aux métaux lourds, a détruit les écosystèmes locaux qui
assuraient la subsistance de milliers de familles de pêcheurs et est tout de
même éligible aux mécanismes de compensation promus par Rio+20 (Conférence des
Nations unies sur le développement durable qui s’est tenue à Rio en juin 2012).
Voici comment cela est rendu possible.
Dans les
faits, l’entreprise possède sur son site une usine thermoélectrique dont les
turbines à cycle combiné, «très efficaces» selon les Nations unies,
contribueraient à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ce
faisant, l’entreprise peut profiter des crédits compensatoires de carbones. Il
s’agit essentiellement d’un : « service par lequel l’acheteur paie quelqu’un
pour qu’il réduise, en son nom, les émissions de gaz à effet de serre.»
Pour camoufler ses activités, l’entreprise opte
pour une campagne d’écoblanchiment. En effet, sur son site, ThysseKrupp met de
l’avant les efforts réalisés en matière de «management
de la biodiversité» (une gestion soi-disant durable), de protection des
écosystèmes de marais, et de protection des populations locales sur place.
En 2010, 5
700 pêcheurs de la région ont porté plainte contre l’entreprise. Ils
réclamaient, entre autres, des compensations financières ainsi que la fin
immédiate des pollutions. ThyssenKrupp a été trouvée coupable par le
gouvernement brésilien et condamnée à payer des amendes ainsi que des
compensations financières aux pêcheurs. Actuellement, l’entreprise refuse de
payer ses amendes, et profite toujours d’une compensation pour ses efforts en
développement durable. Ce genre de situation contribue à augmenter le cynisme
par rapport aux concepts de développement durable et de responsabilité sociale,
au niveau international.
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