mercredi 26 mars 2014

L'aidante et l'aîné


Je suis présentement dans un café en train d’écrire ma réflexion de cette semaine et à côté de moi, cet homme âgé se confie à son aidante naturelle sur sa misère à s’adapter à son nouvel environnement. Cette dernière tente de le rassurer, lui dit qu’il est sociable donc qu’il se fera des amis, « qu’ici c’est très beau! », mais je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine détresse de la part de l’homme, mais également de la peine et de la solitude. Il m’est dès lors difficile de continuer ma réflexion sur l’éthique et mes valeurs quand tout ce qui m’habite présentement c’est de l’empathie et de la tristesse. Peut-être est-ce seulement le reflet de mes peurs, mais j’ai plutôt l’impression d’être confronté à une réalité que je tente d’ignorer. Je trouve qu’il est plus facile de prétexter avoir trop d’étude, trop de travail, trop d’activités, pour se préoccuper de ce qui arrive à nos ainées. « On est jeune, on a le temps de voir venir! » J’entends souvent cela, je l’ai peut-être même déjà dit et c’est triste puisqu’au moment présent, j’ai l’impression que j’apporterais plus de joie et de réconfort à cet homme que son aidante qui lui répète des phrases toutes faites sorties de son guide. Or, dans ce monde qui bouge à toute vitesse, j’ai tendance à croire qu’il faut choisir et prendre le temps. J’ai la triste perception que l’avenir des ainées et leur dignité ne sont pas pris en compte par la jeunesse préoccupée par l’incertitude de son propre avenir et son ascension professionnelle…
L’homme âgé repart et ma pression au cœur s’estompe. Ce peut-il que les jeunes ne soient pas insensibles comme on leur reproche, mais qu’ils se mettent la tête dans le sable, préfèrent passer à autre chose devant la complexité de la situation? La voilà mon analyse: je ressens sans agir. Que fais-je faire pour changer cela? Commencer par aller rendre visite à ma grand-mère, c’est un premier pas, je crois.

1 commentaire:

Unknown a dit…

Je suis contente d"aborder ce sujet. Avant tout, je viens de la Bosnie. De ce fait, je remarque plusieurs différences dans le statut des aînés entre mon pays natal et le Québec.

Chez moi, les aînés sont des personnes auxquelles on voue un grand respect. Elles sont perçues comme des gens avec de l'expérience et qui sont à l'écoute. Lorsqu'elles tombent malades, c'est la famille qui s'en occupe, sans se poser vraiment la question. La Bosnie, c'est peut-être loin, mais ce n'est pas un village pauvre. C'est industrialisé. Les gens travaillent, ont des occupations, des enfants, des activités, etc. Malgré ça, on trouve le temps pour les aînés, car cela fait partie de la culture.

Le problème au Québec, selon moi, c'est que l'État dresse un portrait très triste des aînés. Ils sont perçus comme des charges. Il faut trouver un endroit pour les héberger, elles coûtent cher à entretenir, etc. Toutes ces perceptions, elles se cultivent et grandissent de plus en plus quand elles sont entretenues. Il faut que quelqu'un refasse le "branding" des aînés, pour qu'on porte un autre jugement sur eux et que là, on commence à s'en occuper.