À l’aube du 20e siècle, la presse connaît des
bouleversements structuraux majeurs. Son succès étant désormais tributaire des
revenus tirés de la publicité, elle s’attarde dès lors à séduire une clientèle
d’annonceurs. Le contenu du quotidien s’en trouve considérablement modifié.
L’intérêt pour le fait divers croît de façon inhérente à l’attrait du lectorat
pour le sensationnalisme.
Un siècle plus tard, le journalisme d’information suit toujours
cette dynamique. Plus que jamais, vols, incendies et tueries sèment l’émoi dans
l’espace médiatique. Cette logique du sensationnalisme engendre de nouvelles
pratiques journalistiques douteuses sur le plan de l’éthique. Le traitement
accordé à la tuerie au Colorado en est un bon exemple. Plus près de chez nous
au Québec, la tragédie survenue à Trois-Rivières au mois de février a fait
l’objet d’une même frénésie. Images saisissantes, témoignages bouleversants et
détails morbides constituent la formule par excellence du mauvais journalisme
moderne. Ainsi, le public se régale de plus en plus des maux de sa société.
Certes, au Québec, un code déontologique existe pour
circonscrire la marge de manœuvre du journaliste. Néanmoins, il demeure très
périlleux d’endiguer les débordements qui sont légitimés au nom du droit du
public à l’information. La solution réside peut-être dans l’instauration d’un
titre de journaliste professionnel. Incidemment, un cadre de réglementations
plus stricte pourrait supplanter l’autorité des groupes médiatiques à l’égard
de leurs employés. Une telle initiative contribuerait certainement à
l’avènement d’une information plus profonde et moins perverse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire