lundi 10 mars 2014

Le culte du sensationnalisme


À l’aube du 20e siècle, la presse connaît des bouleversements structuraux majeurs. Son succès étant désormais tributaire des revenus tirés de la publicité, elle s’attarde dès lors à séduire une clientèle d’annonceurs. Le contenu du quotidien s’en trouve considérablement modifié. L’intérêt pour le fait divers croît de façon inhérente à l’attrait du lectorat pour le sensationnalisme.

Un siècle plus tard, le journalisme d’information suit toujours cette dynamique. Plus que jamais, vols, incendies et tueries sèment l’émoi dans l’espace médiatique. Cette logique du sensationnalisme engendre de nouvelles pratiques journalistiques douteuses sur le plan de l’éthique. Le traitement accordé à la tuerie au Colorado en est un bon exemple. Plus près de chez nous au Québec, la tragédie survenue à Trois-Rivières au mois de février a fait l’objet d’une même frénésie. Images saisissantes, témoignages bouleversants et détails morbides constituent la formule par excellence du mauvais journalisme moderne. Ainsi, le public se régale de plus en plus des maux de sa société.

Certes, au Québec, un code déontologique existe pour circonscrire la marge de manœuvre du journaliste. Néanmoins, il demeure très périlleux d’endiguer les débordements qui sont légitimés au nom du droit du public à l’information. La solution réside peut-être dans l’instauration d’un titre de journaliste professionnel. Incidemment, un cadre de réglementations plus stricte pourrait supplanter l’autorité des groupes médiatiques à l’égard de leurs employés. Une telle initiative contribuerait certainement à l’avènement d’une information plus profonde et moins perverse.

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