Quoi de mieux qu’un enjeu sociétal aussi gros que
celui de l’égalité entre les sexes pour faire renaître les grands débats politiques?
C’est d’ailleurs ce qu’a fait l’avocat Driss Lachgar en ouvrant le 7e congrès des femmes ittihadies au
Maroc, en prenant brillamment la défense de l'égalité entre les sexes. Ce dernier
n'a pas eu besoin de relire ses classiques pour dérouler les revendications des
USFPéistes : pénalisation du mariage des mineures ; interdiction de la
polygamie ; ouverture d'un "débat sincère" sur l'héritage et sur
l'avortement ; répression plus sévère des violences faites aux femmes. Il y a applaudissements
des militantes et satisfaction des progressistes.
Mais une grande difficulté s’ajoute à cela : la
répartition de l’héritage familial entre les fils et les filles.
"Au fils, une part équivalente à celle de deux filles" (IV, 11).
Voici la façon dont fonctionne le Coran. Selon le
droit marocain, l’héritage reste encadré par la religion. La plupart des
théologiens n’osent le contredire. Or, n’est-ce pas à la base d’une société qui
se veut égalitaire entre hommes et femmes? Si l’héritage matériel laissé par le
père ne peut être séparé à part égale entre chacun des enfants, comment est-ce
que l’héritage moral, lui, fera-t-il sa place? Les inégalités resteront sans
doute dans les valeurs véhiculées de génération en génération. À mon grand désarroi, la
revendication, même timide, de l'égalité dans l'héritage bouscule le tabou
religieux, et c’est ce qui empêche l’avancement d’une société plus juste pour
les femmes.
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