mardi 11 mars 2014

Un conflit d’intérêts au-devant de la scène politique



L’avènement de Pier-Karl Péladeau sur la scène politique, au 6e jour de la campagne, fait énormément jaser. Il se fait pointer du doigt, tant par les médias que par les chefs de l’opposition. Ce qui, à mon humble avis, n’a rien de bien surprenant. Péladeau détient toujours des actions de contrôle dans l’empire médiatique québécois, Quebecor, et devient, du jour au lendemain, candidat-vedette au Parti Québécois dans le compté de Saint-Jérôme.

Qu’à cela ne tienne, ses adversaires se jettent à la hâte au micro des grands médias pour faire entendre à la masse le conflit d’intérêts généré par PKP et le parti de Pauline Marois. Même si le commissaire à l’éthique de l’Assemblée nationale demandait à ce magnat des médias de vendre ses actions, Pier-Karl Péladeau semblait vouloir le défier. Du moins, c’est ce sur quoi il semblait s’appuyer dans la matinée d’hier, 10 mars. N’avait-il pas compris, M. Péladeau, qu’il était dans un indéniable conflit d’intérêts en voulant garder ses parts dans le domaine médiatique, tout en se lançant en tant que gouvernant? Dans la même journée, en après-midi cette fois, il semble se ressaisir rapidement et corrige le tir en affirmant qu’il est finalement prêt à collaborer avec le commissaire. Cela dit, c’est seulement une fois que le représentant de Saint-Jérôme sera élu qu’un jugement du commissaire pourra être entamé.

C’est évidemment la proximité entre le milieu médiatique et celui de la politique qui créé tout un émoi. Les médias sont le pivot d’un bon fonctionnement démocratique, et c’est ce qui fait de ce débat une réelle problématique éthique. « Le président de la Fédération, Pierre Craig, estime que si M. Péladeau fait le choix de la politique, il doit renoncer à la propriété de ses médias d'information. »[1] Alors que Jacques Saint-Laurent préfère s’abstenir sur la question puisqu’il n’y a pas de cas de jurisprudence.

Pour ma part, je suis totalement en désaccord avec la présence de Péladeau dans la sphère politique si ce dernier s’entête à ne pas vendre ses actions dans un des plus gros empires médiatiques de la province. Sa présence dans les instances de pouvoir vient contrecarrer le libre cours et l’indépendance de la presse. Il m’apparaît légitime que les médias soient complètement dissociés de la gérance d’un gouvernement. Que ses actions soient mises en fiducie ne règlera pas entièrement le problème. Bien qu’il n’ait peut-être plus droit de parole sur les décisions de Quebecor pendant son mandat, il n’en demeure pas moins que Péladeau fait face à grave un conflit d’intérêts. Les gouvernants politiques ne devraient-ils pas, dans une certaine mesure, se pavaner en tant qu’exemple même de l’éthique et de la raison? Si son aspiration à faire du Québec un pays est légitime, alors il devrait être en mesure de se départir complètement du créneau médiatique. Ou vice & versa, à lui de choisir.



[1] RICHER, Jocelyne. 10 mars 2014. « La candidature de Péladeau continue de faire des remous ». Québec. La presse Canadienne. http://www.ledevoir.com/politique/quebec/402201/jour6-la-candidature-de-pierre-karl-peladeau-continue-de-faire-des-remous

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