mardi 25 mars 2014

Le suicide chez les personnes âgées


Dans notre société, le suicide est un sujet délicat. Les publicitaires veulent prévenir ce phénomène, mais en même temps s’ils en parlent trop ils peuvent causer l’effet inverse, c’est-à-dire inciter indirectement les gens à passer à l’acte. Le but premier d'en parler c’est sensibiliser les gens aux signes avant-coureurs et montrer qu'il y a des services d'aide qui existe, mais malheureusement c’est peut-être aussi donner l’idée de se suicider. On parle beaucoup du suicide chez les adolescents dans les publicités et dans les écoles, mais ce geste de détresse existe à tous les âges et également chez les personnes âgées. « Il y a 5 à 7 % de décès par suicide chez les adolescents et 10 à 15 % chez les personnes âgées », précise Audrey Simard, coordonnatrice des services de formation au Centre de prévention du suicide de Québec.

On le remarque moins chez les personnes âgées, car leurs décès par suicide ne sont pas tous enregistrés comme tel : accident et mauvaise prise de médicament passent pour des morts naturelles. Également, quand une personne âgée décède, on fait rarement une autopsie ou une enquête. On considère le décès comme normal, puisque la personne était très âgée et on présume qu’elle est morte de vieillesse. Mais ce n’est pas nécessairement le cas. « Si une enquête était faite chaque fois, on pourrait sûrement constater plus de décès par suicide », selon Sophie Éthier, Directrice du Certificat en gérontologie à l’Université Laval.

Difficile de déceler un profil commun aux personnes suicidaires, explique Audrey Simard. Un enchevêtrement de facteurs varie d’une personne à l’autre. Chez les personnes âgées, indique Mme Éthier, les raisons de se suicider sont les pertes, telles que celle du conjoint,  suivies de l’inadaptation du veuvage et la perte sociale qui englobe le revenu, l’emploi, le divorce et l’éloignement géographique de la famille. À cela s'ajoutent la perte d’autonomie physique ou le fait de devoir vivre avec une maladie chronique. Sophie Éthier, souligne que la principale cause est la maladie mentale, notamment la dépression : en effet 50 % à 80 % des suicidés en souffriraient.

Être entouré ou non n’est pas un facteur déterminant du suicide. Souvent, il y a le mythe de l’abandon chez les personnes âgées, ce qui est faux, car elles ne sont pas plus seules que les autres.

Une étude de l'Université de Sherbrooke, rapporte Mme Éthier, révèle que 75 % des personnes âgées qui ont volontairement mis fin à leurs jours avaient exprimé des idées de mort ou montré un comportement suicidaire au cours des six mois qui ont précédé leur geste fatidique. Même quand les aînés en parlent ouvertement, leurs propos peuvent être banalisés parce qu’on attribue leur état dépressif à leur âge et à leur inactivité.

Pour aider, les services à leur disposition sont les mêmes que pour toutes les catégories d’âges : médecin, psychologue, travailleur social, centre de prévention du suicide, etc. Souvent elles ont déjà un médecin qui les suit, alors elles peuvent demander de l’aide à leur médecin ou à leur pharmacien qui peuvent les référer à des spécialistes. Également, il y a des sentinelles, soit des personnes formées par les centres de prévention du suicide, « pour détecter les personnes suicidaires », précise Mme Simard.

Est-ce qu’on peut faire mieux en termes de services offerts ou dans la façon de détecter les personnes âgées atteintes de dépression? Selon Mme Éthier, « il devrait y avoir des publicités pour sensibiliser les familles et les gens en général au suicide chez les personnes âgées. De plus, les médecins et les pharmaciens pourraient questionner un peu plus ou suggérer aux personnes âgées de rencontrer un travailleur social quand ils prescrivent ou voient des prescriptions d’antidépresseurs à leur dossier ».

Donc, pour les aider, il faut être à l’écoute des signes et ne pas banaliser leur parole. Même si elles sont âgées, ces personnes peuvent avoir encore de belles années à vivre.

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