dimanche 10 novembre 2013

La vie après la maladie


La schizophrénie est une maladie mentale peu connue chez la plupart des gens. On en entend rarement parler et la majorité croit que c'est une maladie dont les conséquences sont irréversibles. L'année dernière, j'ai écrit un article sur le sujet qui a d'ailleurs été publié dans le journal La Quête. Je serais intéressée à savoir si, après la lecture de cet article, votre perception de la schizophrénie a changé. Avez-vous appris des choses? Certains passages vous ont-ils marqués? Saviez-vous déjà tout cela? Croyez-vous qu’on devrait davantage parler de la schizophrénie pour en arrêter les préjugés? Bonne lecture!

Comment définit-on une personne atteinte de schizophrénie? Un dérangé? Un cinglé? Un dingue? Un fou? La schizophrénie est un trouble psychiatrique qui perturbe les processus de la pensée, de la perception et de l’affect entraînant une détérioration grave du fonctionnement social et professionnel. La méconnaissance de la schizophrénie favorise la stigmatisation et l’inadaptation des malades dans la société. Ce que la plupart des gens ignorent, c’est que les schizophrènes peuvent très bien fonctionner en société s’ils prennent assidument leur médication et s’ils maintiennent de saines habitudes de vie. Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’apparition de la maladie chez un individu, mais ce qui importe, c’est de savoir que des ressources existent pour offrir de l’aide professionnelle en terme de traitement et de prévention.

En effet, depuis les 50 dernières années, le traitement de la schizophrénie a grandement évolué. Malgré tout, cette maladie reste sujet tabou. En raison du peu d’information qui circule à son sujet, la schizophrénie demeure méconnue. Les schizophrènes rétablis peuvent avoir une famille, des amis, un travail, des passions… Un cas exceptionnel est celui de Bernard*. Bernard a été diagnostiqué schizophrène à l’âge de 16 ans. Il a été hospitalisé à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec. À son retour aux études secondaires, l’adaptation a été laborieuse. Ayant de très bonnes notes auparavant, ses échecs étaient difficiles à accepter. Ce n’est qu’au Cégep qu’on lui a prescrit la médication idéale pour le rétablir. Il a donc réussi ses sciences naturelles et est allé à l’université. Aujourd’hui, étant âgé dans le début de la trentaine, Bernard rêve de se trouver un emploi en agronomie, domaine qu’il a étudié à l’Université Laval et dans lequel il est maintenant diplômé. Son rétablissement n’a pas été sans obstacle : s’intégrer dans des groupes le rendait mal à l’aise et le temps qu’on lui donnait pour faire ses examens n’était pas suffisant. Toutefois, son ambition, son optimisme et son amour pour les études l’ont grandement aidé à s’en sortir. 

L’ambition à elle seule ne suffit pas à aider au rétablissement. Céline Langevin, infirmière à l’Institut universitaire en santé mentale, soutient que plusieurs facteurs peuvent aider au rétablissement d’une personne atteinte de schizophrénie : « Une bonne médication, une bonne hygiène de vie, le sport, un suivi assidu auprès des professionnels et un bon environnement familial sont déterminants dans le rétablissement d’un schizophrène ». À ce jour, les traitements les plus efficaces sont les médicaments antipsychotiques et les différentes thérapies. Par exemple, Bernard a profité des services en ergothérapie, ce qui lui a permis de diminuer son anxiété sociale et d’interagir davantage avec les gens dans différentes circonstances. Mme Langevin a été témoin de cas où les patients étaient très malades et qu’après un bon traitement, ont vu leur santé s’améliorer de façon extraordinaire :

Il s’agit d’un jeune qui avait été au centre de détention, car il avait menacé son père avec une arme blanche. Il a eu une évaluation psychiatrique et a continué sa détention à l’Institut pour recevoir des soins. C’était un jeune homme qui avait beaucoup de difficulté à accepter de devoir prendre une médication. Aujourd’hui, il travaille et rencontre son psychiatre et différents professionnels en consultation externe pour s’assurer que tout va bien. Il n’a plus aucun signe de psychose et a développé une autocritique par rapport à sa maladie. Jamais il n’arrêterait sa médication.


Les cliniques externes offrent des services à une clientèle qui ne nécessite plus l’hospitalisation, mais ayant besoin d’un suivi pour assurer une bonne évolution de leur état de santé. Par exemple, il y a la clinique Notre-Dame des Victoires (CNDV) où l’on retrouve psychiatres, ergothérapeutes, pharmaciens, travailleurs sociaux, infirmiers, psychologues, diététiciens… Bref, toutes les ressources nécessaires pour assurer un bon suivi avec les malades.

Bernard et Céline Langevin croient en l’espoir : « Vous seriez surpris du nombre de personnes malades que vous croisez ou que vous côtoyez dans votre vie sans savoir qu’ils ont des problèmes de santé mentale » a dit Céline Langevin lors de son entrevue. Les jeunes malades peuvent compter sur les traitements, mais ce qui leur ferait le plus grand bien, c’est de savoir que les préjugés laissent place au soutien inconditionnel de la population.

* Prénom fictif
 

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