La
schizophrénie est une maladie mentale peu connue chez la plupart des gens. On
en entend rarement parler et la majorité croit que c'est une maladie dont les
conséquences sont irréversibles. L'année dernière, j'ai écrit un article sur le
sujet qui a d'ailleurs été publié dans le journal La Quête. Je serais
intéressée à savoir si, après la lecture de cet article, votre perception de la
schizophrénie a changé. Avez-vous appris des choses? Certains passages vous
ont-ils marqués? Saviez-vous déjà tout cela? Croyez-vous qu’on devrait
davantage parler de la schizophrénie pour en arrêter les préjugés? Bonne
lecture!
Comment
définit-on une personne atteinte de schizophrénie? Un dérangé? Un cinglé? Un
dingue? Un fou? La schizophrénie est un trouble psychiatrique qui perturbe les
processus de la pensée, de la perception et de l’affect entraînant une
détérioration grave du fonctionnement social et professionnel. La
méconnaissance de la schizophrénie favorise la stigmatisation et l’inadaptation
des malades dans la société. Ce que la plupart des gens ignorent, c’est que les
schizophrènes peuvent très bien fonctionner en société s’ils prennent
assidument leur médication et s’ils maintiennent de saines habitudes de vie.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’apparition de la maladie chez un
individu, mais ce qui importe, c’est de savoir que des ressources existent pour
offrir de l’aide professionnelle en terme de traitement et de prévention.
En effet, depuis les 50 dernières années, le
traitement de la schizophrénie a grandement évolué. Malgré tout, cette maladie
reste sujet tabou. En raison du peu d’information qui circule à son sujet,
la schizophrénie demeure méconnue. Les schizophrènes rétablis peuvent avoir une
famille, des amis, un travail, des passions… Un cas exceptionnel est celui de Bernard*.
Bernard a été diagnostiqué schizophrène à l’âge de 16 ans. Il a été hospitalisé
à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec. À son retour aux études
secondaires, l’adaptation a été laborieuse. Ayant de très bonnes notes
auparavant, ses échecs étaient difficiles à accepter. Ce n’est qu’au Cégep
qu’on lui a prescrit la médication idéale pour le rétablir. Il a donc réussi
ses sciences naturelles et est allé à l’université. Aujourd’hui, étant âgé dans
le début de la trentaine, Bernard rêve de se trouver un emploi en agronomie,
domaine qu’il a étudié à l’Université Laval et dans lequel il est maintenant
diplômé. Son rétablissement n’a pas été sans obstacle : s’intégrer dans
des groupes le rendait mal à l’aise et le temps qu’on lui donnait pour faire
ses examens n’était pas suffisant. Toutefois, son ambition, son optimisme et
son amour pour les études l’ont grandement aidé à s’en sortir.
L’ambition à elle seule ne
suffit pas à aider au rétablissement. Céline Langevin, infirmière à l’Institut
universitaire en santé mentale, soutient que plusieurs facteurs peuvent aider
au rétablissement d’une personne atteinte de schizophrénie : « Une bonne médication, une bonne hygiène de vie, le sport, un suivi assidu
auprès des professionnels et un bon environnement familial sont déterminants
dans le rétablissement d’un schizophrène ». À ce jour, les traitements les plus
efficaces sont les médicaments antipsychotiques et les différentes thérapies.
Par exemple, Bernard a profité des services en ergothérapie, ce qui lui a
permis de diminuer son anxiété sociale et d’interagir davantage avec les gens dans
différentes circonstances. Mme Langevin a été témoin de cas où les
patients étaient très malades et qu’après un bon traitement, ont vu leur santé
s’améliorer de façon extraordinaire :
Il s’agit d’un jeune
qui avait été au centre de détention, car il avait menacé son père avec une
arme blanche. Il a eu une évaluation psychiatrique et a continué sa détention à
l’Institut pour recevoir des soins. C’était un jeune homme qui avait beaucoup
de difficulté à accepter de devoir prendre une médication. Aujourd’hui, il
travaille et rencontre son psychiatre et différents professionnels en consultation
externe pour s’assurer que tout va bien. Il n’a plus aucun signe de psychose et
a développé une autocritique par rapport à sa maladie. Jamais il n’arrêterait
sa médication.
Les cliniques externes offrent des services à une clientèle qui ne nécessite
plus l’hospitalisation, mais ayant besoin d’un suivi pour assurer une bonne
évolution de leur état de santé. Par exemple, il y a la clinique Notre-Dame des
Victoires (CNDV) où l’on retrouve psychiatres, ergothérapeutes, pharmaciens, travailleurs
sociaux, infirmiers, psychologues, diététiciens… Bref, toutes les ressources
nécessaires pour assurer un bon suivi avec les malades.
Bernard et Céline Langevin croient en l’espoir : « Vous seriez
surpris du nombre de personnes malades que vous croisez ou que vous côtoyez
dans votre vie sans savoir qu’ils ont des problèmes de santé mentale » a dit Céline
Langevin lors de son entrevue. Les jeunes malades peuvent compter sur les
traitements, mais ce qui leur ferait le plus grand bien, c’est de savoir que les
préjugés laissent place au soutien inconditionnel de la population.
* Prénom fictif
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