Même
si je suis consciente que peu de personnes lisent chaque billet, je profite de
cette petite tribune pour m’exprimer sur un sujet qui me tient à cœur et qui me
bouleverse. La maladie mentale est encore un sujet très tabou, malheureusement,
dans notre société. Même en 2013, alors que nous nous battons tous à notre
façon pour faire tomber les préjugés, la santé mentale demeure un domaine qui a
du chemin à faire pour que les personnes souffrant de maladies mentales soient comprises
et acceptées.
Au-delà
de la maladie mentale en général, ma réflexion se pose surtout sur le système
de santé qui prévoit certaines situations et qui accompagne les patients et
leur entourage, mais qui comporte tout de même plusieurs failles,
particulièrement lorsqu’il est question de jeunes. Je m’explique.
Prenons
un jeune homme de 20 ans qui est atteint d’une maladie mentale. Ce jeune homme
se trouve hospitalisé afin de trouver une bonne médication pour réguler,
traiter et stabiliser son état de santé mentale. Il habite toujours avec ses
parents, comme beaucoup de jeunes de cet âge. Notre sujet est dans une mauvaise
phase et n’est pas nécessairement en mesure de prendre des décisions et de porter
un jugement raisonnable. Les médecins et les psychiatres responsables de son
dossier portent des diagnostics, ou du moins posent des hypothèses quant à son
état. Dès que le jeune homme présente des signes positifs, les autorités
médicales s’empressent de le renvoyer chez eux, puisqu’il a une famille qui
s’occupe bien de lui et qui se soucie grandement de sa santé. Bref, tout ce que
n’importe qui pourrait espérer. Et, soyons honnêtes, ça libère un lit pour une
prochaine personne. Finalement, tout le monde est content.
Cependant,
le jeune adulte n’est pas nécessairement en mesure de retourner chez lui ; ce
n’est pas parce qu’il présente une amélioration qu’il est complètement
« guéri » et qu’il n’a plus besoin de suivi quotidien. Ses
médicaments, oui, il les prend. Mais le traitement de la maladie mentale ne se
limite pas qu’à a médication. Cela vous semble évident ? Bien sûr que ce l’est.
Il faudrait peut-être le rappeler aux autorités médicales. Poursuivons avec
notre jeune homme de 20 ans. Sa famille, étant tout aussi ébranlée par cette
nouvelle situation et ce nouveau diagnostic qui entraîne nécessairement
plusieurs adaptions sur plusieurs plans,
tente de rejoindre le psychiatre et les médecins qui traitent le dossier de
monsieur le jeune homme afin d’en savoir plus et de prendre connaissance de sa
situation plus en profondeur. Au bout du fil, tout ce qu’on leur dit, c’est qu’ils
ne peuvent pas divulguer d’informations sur le dossier du jeune parce qu’il est
majeur et que lui seul peut choisir ou non de parler à sa famille. Donc, en
somme, même s’il habite encore chez ses parents et qu’il est donc en partie
sous leur responsabilité, l’état de la santé mentale du jeune homme ne peut pas
être communiqué à sa famille directement de la part des médecins uniquement
parce qu’il est majeur. N’oublions pas qu’il n’est pas dans une bonne période
et que son jugement est donc affecté par sa maladie mentale. Finalement, si l’on
suit la logique de ce système, la famille se voit obligée, même si elle le fait
de bon coeur, de s’occuper de leur fils pour libérer un lit à l’hôpital même s’il
ne devrait pas recevoir son congé immédiatement, mais se voient refuser les
informations relatives à son dossier médical. Ironique, impossible et ridicule
? Effectivement.
Ayant vécu une telle situation, je suis bien
en mesure de juger certaines approches mises en place par le système de santé
québécois, dont celle-ci. Du point de vue éthique, je ne vois pas la logique
dans ce processus et ces clauses de confidentialité qui, la plupart du temps, sont
justifiées. Des accommodements doivent être apportés pour rendre ce système
plus cohérent puisque c’est loin d’être le cas en ce moment. Parce qu’en ce
moment, c’est frustrant.
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