dimanche 24 novembre 2013

La maladie mentale : un lourd dossier incohérent


Même si je suis consciente que peu de personnes lisent chaque billet, je profite de cette petite tribune pour m’exprimer sur un sujet qui me tient à cœur et qui me bouleverse. La maladie mentale est encore un sujet très tabou, malheureusement, dans notre société. Même en 2013, alors que nous nous battons tous à notre façon pour faire tomber les préjugés, la santé mentale demeure un domaine qui a du chemin à faire pour que les personnes souffrant de maladies mentales soient comprises et acceptées.

Au-delà de la maladie mentale en général, ma réflexion se pose surtout sur le système de santé qui prévoit certaines situations et qui accompagne les patients et leur entourage, mais qui comporte tout de même plusieurs failles, particulièrement lorsqu’il est question de jeunes. Je m’explique.

Prenons un jeune homme de 20 ans qui est atteint d’une maladie mentale. Ce jeune homme se trouve hospitalisé afin de trouver une bonne médication pour réguler, traiter et stabiliser son état de santé mentale. Il habite toujours avec ses parents, comme beaucoup de jeunes de cet âge. Notre sujet est dans une mauvaise phase et n’est pas nécessairement en mesure de prendre des décisions et de porter un jugement raisonnable. Les médecins et les psychiatres responsables de son dossier portent des diagnostics, ou du moins posent des hypothèses quant à son état. Dès que le jeune homme présente des signes positifs, les autorités médicales s’empressent de le renvoyer chez eux, puisqu’il a une famille qui s’occupe bien de lui et qui se soucie grandement de sa santé. Bref, tout ce que n’importe qui pourrait espérer. Et, soyons honnêtes, ça libère un lit pour une prochaine personne. Finalement, tout le monde est content.

Cependant, le jeune adulte n’est pas nécessairement en mesure de retourner chez lui ; ce n’est pas parce qu’il présente une amélioration qu’il est complètement « guéri » et qu’il n’a plus besoin de suivi quotidien. Ses médicaments, oui, il les prend. Mais le traitement de la maladie mentale ne se limite pas qu’à a médication. Cela vous semble évident ? Bien sûr que ce l’est. Il faudrait peut-être le rappeler aux autorités médicales. Poursuivons avec notre jeune homme de 20 ans. Sa famille, étant tout aussi ébranlée par cette nouvelle situation et ce nouveau diagnostic qui entraîne nécessairement plusieurs adaptions  sur plusieurs plans, tente de rejoindre le psychiatre et les médecins qui traitent le dossier de monsieur le jeune homme afin d’en savoir plus et de prendre connaissance de sa situation plus en profondeur. Au bout du fil, tout ce qu’on leur dit, c’est qu’ils ne peuvent pas divulguer d’informations sur le dossier du jeune parce qu’il est majeur et que lui seul peut choisir ou non de parler à sa famille. Donc, en somme, même s’il habite encore chez ses parents et qu’il est donc en partie sous leur responsabilité, l’état de la santé mentale du jeune homme ne peut pas être communiqué à sa famille directement de la part des médecins uniquement parce qu’il est majeur. N’oublions pas qu’il n’est pas dans une bonne période et que son jugement est donc affecté par sa maladie mentale. Finalement, si l’on suit la logique de ce système, la famille se voit obligée, même si elle le fait de bon coeur, de s’occuper de leur fils pour libérer un lit à l’hôpital même s’il ne devrait pas recevoir son congé immédiatement, mais se voient refuser les informations relatives à son dossier médical. Ironique, impossible et ridicule ? Effectivement.

 Ayant vécu une telle situation, je suis bien en mesure de juger certaines approches mises en place par le système de santé québécois, dont celle-ci. Du point de vue éthique, je ne vois pas la logique dans ce processus et ces clauses de confidentialité qui, la plupart du temps, sont justifiées. Des accommodements doivent être apportés pour rendre ce système plus cohérent puisque c’est loin d’être le cas en ce moment. Parce qu’en ce moment, c’est frustrant.  

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