L’émission Enquête, à
Radio-Canada, a diffusé, hier, un reportage sur la violence de certains agents
correctionnels à l’égard de détenus. Le reportage relate plusieurs cas de
brutalités au Québec et en Ontario. On suppose que la situation est semblable
partout au Canada.
D’abord, les lignes
directrices dites rigoureuses ne sont peut-être pas très rigoureuses. Le
transfert de connaissances des anciens vers les plus jeunes ou vers les
nouveaux agents correctionnels semble inadéquat. Le Président du syndicat des
agents correctionnels du Québec dit que ce ne sont pas des actes qui sont en
hausse, mais que ça arrive. La façon dont les gardes travaillaient il y a 20
ans, ce n’est plus la façon dont ils doivent travailler aujourd’hui. Les
tensions et le stress du travail mènent à des dérapages, à des recours à la
force et à la violence, qui ne sont pas nécessaires.
Je me pose quelques questions…
Le détenu perd son droit à la
liberté, mais devrait-il aussi perdre son droit à la sécurité ?
Est-ce correct de maltraiter
les détenus, gratuitement, ou sous prétexte qu’ils l’ont
« cherché » ?
Quel message envoient les
agents aux détenus lorsqu’ils utilisent la violence gratuite ? Quel
message envoient-ils à la société ?
Un lanceur d’alerte
Réel Bessette est un ancien
agent correctionnel qui a osé dénoncer la violence et qui a finalement perdu
son emploi. Si lui trouvait la situation trop grave pour passer par-dessus,
pour la majorité, c’est la loi du silence. Il a dû choisir entre dénoncer des
collègues et perdre ses amis et son emploi. Ce n’est pas facile de
prendre une telle décision.
M. Bessette a choisi de
rédiger un rapport qu’il a transmis à son supérieur. Son nom n’est
malheureusement pas resté confidentiel. Il a été victime d’intimidation à
plusieurs reprises. Il a été mis à l’écart par ses collègues et ignoré. Les
suites de sa dénonciation ont eu de grandes conséquences sur sa santé, sa vie
professionnelle et personnelle, car il n’a reçu aucun soutien. Dans les faits,
les dénonciateurs ne sont pas assez protégés, même si sur papier, les consignes
et règles sont là.
Ce que j’en pense
Il semble y avoir une loi
non écrite dans le domaine carcéral selon laquelle on ne doit pas dénoncer
personne. L’inaction des autres agents, lors des scènes de violence
gratuite, m’a vraiment choquée.
Je crois qu’il peut arriver
des dérapages, surtout lorsque des humains sont « gardés en captivité »
par d’autres humains. Par contre, je crois que les détenus sont déjà des rejets
de la société et qu’ils sont punis pour leurs actions. Les gens qui sont en
autorité se permettent de poser des gestes qui sont criminels pour intimider et
punir davantage les détenus, ce qui ne relève pas du tout d’eux. Ce n’est pas ce
que nous avons choisi comme système correctionnel, et les agents se doivent
d’être en maitrise d’eux-mêmes en tout temps. Malheureusement, ils ont très peu
droit à l’erreur, car ils sont dans une situation de pouvoir et d'autorité.
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