Le
concept de sphère publique réside essentiellement dans le fait de diffuser des
dossiers d’intérêt général à la population, en plus de stimuler un débat public
dont l’essence même est la quête du bien commun. La diffusion de l’information
se fait par le biais de différents canaux, dans lesquels le sensationnalisme
gagne du terrain. La rationalité y a encore sa place, mais ne constitue plus la
base de l’argument, ce qui a pour effet de remettre en doute la pertinence des
contenus diffusés. Jusqu’à quel point peut-il être considéré éthique et
nécessaire de révéler les détails de la vie de personnalités publiques au grand
jour par exemple?
La
composition de l’espace public est une chose, mais qu’en est-il de ses limites?
La frontière entre sphère publique et sphère privée se trouve à être de plus en
plus ambigüe puisqu’on assiste à une montée en flèche de l’informatisation de
la société qui est propice à l’intrusion dans la vie privée. De nouvelles lois
adoptées suite aux attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis
reposent sur un contrôle et une surveillance accrus, ce qui malgré ses
prétextes d’ordre de sécurité publique, rend acceptable la pénétration dans la
vie privée des gens et brime également leurs libertés individuelles.
Deux
autres tendances contradictoires contribuent à rendre difficile la définition
de la frontière entre le public et le privé. D’un côté, la société
s’individualise de plus en plus à cause des nouveaux moyens de consommation
culturelle qui contribuent à isoler les individus, tels que le « iPod », la
télévision, le cinéma maison, le cellulaire… Les logements d’une bonne partie
de la population sont dotés de davantage de commodités qu’auparavant et ce
confort individuel contribuerait aussi à ce phénomène. À l’opposé, on observe
une fascination grandissante par rapport à la mise en spectacle de sa propre
vie privée et celle d’autrui. La popularité grandissante des émissions de
téléréalité, des sites internet qui sont basés sur la diffusion d’images
captées dans la vie quotidienne ou bien les réseaux sociaux où les usagers
étalent leur vie privée aux yeux de tous sont également des manifestations de
cette tendance. La popularité d’internet
rend d’autant plus complexe la distinction entre le public et le privé puisque
tout usager peut publier ce qu’il désire. Internet permet en quelque sorte une
ouverture positive vers la démocratie, mais nourrit aussi un voyeurisme
malsain. Il en découle une abondance de contenus accessibles, mais qui sont dilués en pertinence.
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