mercredi 4 décembre 2013

Carré rouge Inc.


Depuis de nombreuses années, les mouvements contestataires étudiants ont affiché un symbole simple pour identifier leur cause : le carré rouge. Image puissante du militantisme, de l’anti-capitalisme, de l’accessibilité sociale aux différents services revenant de droits au citoyen, le désormais symbole prendra bientôt une toute autre signification: celle de marque déposée.

Un entrepreneur de Longueuil, Raymond Drapeau, aurait déposé la demande au fédéral alors que la manifestation battait son plein en 2012. Lorsqu’on lui pose la question sur la légitimité de sa démarche et ses motivations, on obtient un : « Bof, ils n’avaient qu’à le faire avant! J’entends protéger ma marque une fois approuvée et attaquer les utilisations non soumises à mon attention ». Ne me méprenez pas, je ne suis ni d’un côté, ni de l’autre.

Historiquement, par contre, on a remarqué plusieurs cas de symboles initialement reliés à une cause sociale qui dérapent dans la production à grande échelle à des fins de rentabilisation. On n’a qu’à penser au ruban rose du cancer du sein, qui se fait maintenant amèrement critiqué sur les motivations de l’organisation et les fonds réels versés à la recherche depuis sa diffusion mondiale. Peut-on éthiquement s’attribuer la gestion d’un tel symbole et créer des lignes de produits dérivés sur le seul argument que personne n’a pensé à le faire avant?

Alors que les t-shirts sont déjà en vente, on laisse un délai de 2 mois à des instances réputées pour la lourdeur de leur processus démocratique afin de déposer une contestation, et les opinions divergentes fusent déjà de partout. Affaiblit-on un mouvement? Dénaturalisons-nous la mission et la puissance d’un tel symbole alors que nous avons certitude qu’il devra servir dans un prochain contexte?

 

1 commentaire:

Unknown a dit…


Au printemps 2012, la communauté étudiante québécoise a eu recours à la grève afin d’exprimer son insatisfaction et sa révolte, entrainant ainsi un état de crise généralisée. Ironiquement, l’objet de ces hostilités est semblable à celui du présent dilemme éthique, soit la marchandisation abusive et injustifiée. Le fondement de toute la mobilisation étudiante est précisément le refus d’abaisser l’éducation au statut de vulgaire produit lucratif. Rien ne peut légitimer une telle capitalisation du savoir ou de l’empathie pour les gens atteints du cancer. Il est non seulement aberrant, mais également outrageux de croire qu’il est acceptable de baliser l'emploi de tels symboles et d’en tirer du profit, sauf si l’entièreté de cet argent est destinée à la cause en question. L’allégeance à certaines valeurs fondamentales est une des dernières choses qui est encore exempte de taxes et non imposable, et il est primordial que ça reste ainsi.