mardi 22 novembre 2011

Perte de conscience : n débat sur l'éthique au Québec

Institut du Nouveau Monde
Vous avez manqué notre table ronde sur les Québécois et l'éthique? Retrouvez-en les grandes lignes dans un article sur Quartier Libre.

Votre employeur vous demande de faire un achat nécessaire au bureau et coûteux ; il vous laisse le choix du mode de paiement. Payez-vous avec la carte de crédit de l’entreprise ou utilisez-vous votre carte de crédit personnelle qui est dotée d’un programme de points de fidélité ?

C’est l’une des questions autour desquelles s’est articulé le débat «Les Québécois et l’éthique», organisé par l’Institut du Nouveau Monde à Montréal dans le cadre de la Semaine des professionnels, qui s’est tenue du 11 au 14 octobre 2011. Les participants et le public ont été invités à se prononcer sur des cas concrets de conflit d’intérêts et de dilemmes éthiques, par exemple: «Vous êtes directeur général d’une municipalité et le jour où vous décidez d’octroyer un contrat d’un projet en infrastructures à la firme qui a présenté la meilleure offre, votre fille vous annonce qu’elle vient de décrocher un poste de directrice de projets dans cette même firme. Est-ce que vous maintenez votre décision? ou estce que vous déclarez le conflit d’intérêt et vous reprenez l’appel d’offre à zéro?»

Autre exemple : «Votre médecin soupçonne que vous êtes atteint d’une maladie qui peut avoir de graves conséquences si elle n’est pas diagnostiquée et traitée rapidement. Pour avoir un rendez-vous et faire le diagnostic, le temps d’attente est de quelques mois. Votre soeur travaille dans un hôpital et vous propose de vous faire ce diagnostic dans quelques jours, après l’heure de fermeture de son département. Est-ce que vous acceptez l’offre de votre soeur? ou est-ce que vous la refusez?»

«Ce débat, qui s’inscrit dans le fil de l’actualité, répond aux préoccupations des Québécois quant au climat éthique qui prévaut dans la société», lance, en ouverture de rencontre, Richard Gagnon, président du Conseil interprofessionnel du Québec (CIQ), qui regroupe 46 ordres professionnels. Selon lui, «le choix de la question éthique comme thème de la Semaine des professionnels traduit l’importance de la contribution des ordres professionnels au débat public sur les enjeux éthiques dans la société.»


Perte de repères

«Comment s’orienter face à des dilemmes éthiques ? Comment agir avec justesse ? Ces questions sont vécues au quotidien par le professionnel», dit M. Gagnon, qui évoque le changement continu des repères du professionnel. « Ce qui était jugé éthique il y a 30 ans ne l’est peut-être plus aujourd’hui et vice-versa, affirme-t-il, et ce qui est éthique pour un client ne l’est pas pour un autre.»

Face à la complexité grandissante des questions éthiques, Rose-Marie Charest, présidente de l’Ordre des psychologues, met en garde contre les effets néfastes de la «peur d’être jugé […] qui peut nous amener à prendre la mauvaise résolution de ne jamais prendre de risque», dit-elle, en soulignant «le devoir de soulever continuellement les questions éthiques les plus sensibles qui se posent dans tous les secteurs.» Car, d’après elle, il ne faut pas croire que l’existence d’un code d’éthique garantit le bon jugement : «La preuve : Enron avait un code d’éthique de 60 pages!»

Quant à l’intérêt des programmes de formation en éthique annoncés ces derniers temps tant dans des institutions publiques que privées, Mme Charest répond qu’une réelle formation en éthique ne doit pas être une formation pour expliquer le code. «La formation en éthique doit nécessairement porter sur l’exercice du jugement dans des situations délicates qu’il revient aux organisations d’imaginer, étant donné qu’on ne peut pas, évidemment, tout prévoir», ajoute-t-elle.


Perte de conscience

1 commentaire:

leducalexandra a dit…

Les enjeux éthiques présentés dans cet article m'ont beaucoup fait réfléchir. En effet, dans certains cas, je sais exactement ce que je ferais et pour quelles raisons. Par exemple, la question du diagnostic du médecin. Il est clair que je choisirais de passer plus vite, et que je dirais à quelqu'un qui me demanderait conseil de faire de même. Lorsqu'il est question de santé, je sais quelles sont mes positions, et je ne considère pas cet enjeu éthique comme une question épineuse pour moi. Par contre, je peux comprendre que la mère de famille qui attend un diagnostic depuis plusieurs mois et qui n'a toujours pas eu de nouvelles parce qu'elle n'a pas de contact à l'intérieur du système puisse enrager à cette idée. Par contre, je pense qu'elle aussi choisirait d'avoir son résultat plus vite si elle en avait l'occasion. Je crois qu'en fait c'est la nature égoiste des gens, et leurs sentiment d'urgence fasse à leur santé qui fait que la majorité des gens prendrait la décision d'utiliser le contact.

Par contre, les enjeux comme ceux du gestionnaire qui se demande quoi faire du contrat de la firme où sa fille vient d'être engagé est plus difficile à traiter pour moi. En effet, je ne pense pas que le père devrait octroyer le contrat à la firme, question d'éthique, et question aussi d'éviter que l'histoire éclabousse la municipalité dans l'opinion publique. Par contre, le gestionnaire veut aussi choisir le meilleur projet possible, et peut probablement justifier son choix. Je ne verrais pas de problème, si son choix est justifié et que sa fille n'est pas en lien avec lui, à ce que la firme assure le contrat. Par contre, je suis consciente des deux côtés de la médaille, et mon opinion chambranle entre les deux choix.

Ces questions éthiques m'ont aidés à me rendre compte que les enjeux de société demandent réflexion. Il est important de réfléchir collectivement à ces enjeux, car ce qui éthiquement acceptable pour l'un ne le sera pas nécessairement pour l'autre.