lundi 14 novembre 2011

Naître par les maux

Vous êtes une femme et vous ne voulez pas d’enfant ? Ou vous venez d’en avoir un et vous ne savez pas par où commencer pour vous en occuper ? Êtes-vous normales ? Vous êtes des femmes pourtant, donc candidates à l’instinct maternel ! Non ?! Justement, la réponse est bien « non ».


Plus que séduire, les mots sont à ce point si puissants qu’ils peuvent faire naître des choses qui n’existent pas. Plusieurs chercheurs se sont penchés sur l’existence de l’instinct maternel. Voyez un article à ce sujet dans le lien du titre. L’instinct maternel est bien observé chez les animaux. Or, dans le cas des êtres humains, l’histoire montre que si cet instinct il y a, il ne se manifeste que très rarement. Avant le 20e siècle, le taux de mortalité infantile était très élevé. Sachant que leurs enfants avaient la moitié des chances de survivre, les parents accrochaient leurs bébés sur le mur, dans des langes très serrées, près de la cheminée pour ne pas qu’ils aient froid. Au début du 20e siècle, des recensements indiquaient qu’un grand nombre d’enfants étaient mal nourris et maltraités. C’est donc dans un intérêt économique, social et militaire que les gouvernements mirent de l’avant le concept d’instinct maternel, afin de pousser les parents à mieux s’occuper de leur progéniture. En même temps, on vit naître un nouveau marché de biberons, couches, laits maternisés, jouets, etc. L’arrivée du Père Noël dans ce contexte ne semble pas relever du hasard non plus.


Une évidence niée ? Ou une véritable construction sociale ? Voyez encore…


Pensez à cette fameuse dépression post-partum qui touche de nombreuses femmes dans les jours suivant l’accouchement. Dans ce cas-ci, ce type de dépression est bien réel et est d’origine hormonal. Cependant, il entraînerait des conséquences économiques et sociales fâcheuses s’il devait empêcher les femmes d’enfanter. Pour contrer les effets de ce trouble mental, les médecins peuvent prescrire des anti-dépresseurs. Mais comme ce problème est né pour rester, il serait encore plus avantageux de faire en sorte que les femmes puissent apprivoiser ce mal afin de moins le percevoir comme un drame. La solution : changer le nom du problème. C’est dans cette optique que la dépression post-partum est devenue le baby blues. Et comme l’a si bien dit l’humoriste française Florence Foresti, « c’est mignon, ça fait américain, c’est sexy, t’as presque envie de l’avoir ! ».



Dans les deux cas, la raison justifiant le recours à des mots particuliers pour maquiller la réalité peut être considérée comme très louable. Mais est-ce justifiable à 100% ? Y a-t-il d’autres moyens plus honnêtes qui permettrait d’arriver aux mêmes résultats ? Jusqu’à quel point le mensonge peut-il permettre à une société de fonctionner ?

Aucun commentaire: