lundi 10 décembre 2012

Viens, je vais te raconter une histoire


Il était une fois un politicien et son spin doctor qui avaient une technique plutôt efficace pour convaincre les gens d’adhérer aux idées proposées par le politicien. Nos deux amis avaient compris qu’il était beaucoup plus facile d’influencer quelqu’un par les émotions que par la raison. Ils préparaient donc les discours publics comme s’ils écrivaient une histoire. C’est comme ça qu’est peut-être née la technique du storytelling.

La technique a pour effet de capter l’intérêt des électeurs, de réduire leur cynisme et de leur permettre de s’ouvrir à la persuasion. Trois effets qui sont, en soi, des avantages. Mais elle s’avère finalement tellement efficace que beaucoup d’électeurs moins bien informés prennent leurs décisions sans même porter attention aux arguments raisonnés. Les politiciens pourraient leur raconter n’importe quelles histoires sans même qu’elles ne comportent d’éléments raisonnés et les émotions arriveront elles seules à les convaincre. 

Persuader sans même proposer d’arguments, ce n’est pas un peu dangereux pour la démocratie? Rappelons que tous les citoyens, peu importe qu’ils soient assez dupes pour tomber dans le piège du storytelling ou assez brillants pour obtenir un doctorat en communication politique, dispose tous, au final, du même poids démocratique.

Est-ce moral que de profiter de ce genre d’influence? Considérant cela, est-ce que tous les bulletins de vote ont réellement la même valeur?

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup de votes.

Source : SALMON, Christian, Storytelling : la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits

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