mardi 4 décembre 2012

Construire la vérité pour arriver à ses fins


Dans le cadre du cours « Information internationale », j’ai regardé récemment un vidéo présentant une campagne de relations publiques réalisées par le gouvernement des Etats-Unis.

On est en 1990. L’Irak envahit le Koweït. Aux Etats-Unis, George Bush cherche un moyen d’envahir le Koweït pour profiter des réserves de pétrole, mais les citoyens américains sont contre la guerre au Koweït, n’en voyant pas l’intérêt.

Pour convaincre la population de la pertinence de libérer le Koweït de l’Irak, le gouvernement américain fait appel à une agence de relations publiques, Hill and Knowlton Electronic Media Services. L’agence en question poussera la manipulation à l’extrême pour faire pencher la balance.

Le gouvernement américain organise une commission publique sur les «atrocités» perpétrées par les Irakiens au Koweït. Durant cette commission, une jeune fille témoigne, disant que les Irakiens ont volé des dizaines d’incubateurs pour bébés prématurés, laissant les bambins mourir sur le sol. Durant son témoignage, la jeune fille pleure et semble très secouée.
"Nayirah" durant son témoignage devant la commission publique aux États-Unis.
Source: http://www.buinhuhung.com
Cette histoire des incubateurs et des bébés morts, que l’on chiffre à quelques dizaines, provoque l’ire des Américains, qui prennent le parti des Koweïtiens. À partir de ce moment, les Etats-Unis commencent leur croisade pour chasser l’Irak du Koweït. Ils rallient à leur cause une coalition de 30 pays, dont le Canada, pour libérer le Koweït de Saddam Hussein. Même l’Organisation des Nations Unies emboîte le pas, convaincue par la campagne de relations publiques. En février 1991, les Irakiens quittent le pays, vaincus par la coalition.

Quelques mois après, l’Organisation des Nations Unies démarre une enquête sur l’affaire des incubateurs volés par les Irakiens. Dans les hôpitaux, aucune trace de vols d’incubateurs, aucun témoin, et aucun cadavre de bébé.

Après enquête, il apparaît donc qu’il n’y a pas eu de vol d’incubateurs. L’agence de relations publiques a monté l’affaire de toutes pièces avec le concours de l’ambassadeur koweïtien aux Etats-Unis. La jeune fille ayant témoigné à la commission publique est en fait la fille de ce dernier. En entrevue, l’ambassadeur nie toute l’affaire, mais le responsable de la campagne de relations publiques confirme qu’il a préparé la jeune fille et son père pour leur témoignage, et que toute l'histoire est en fait un coup monté.

La campagne de relations publiques pour convaincre le public américain coûtera 10 millions de dollars, et sera financée par une coalition de fonctionnaires américains et de Koweïtiens, « Citizens for a Free Koweit ».

Que les relations publiques évitent de dévoiler toute la vérité est une pratique courante : on choisit ce qui est bon pour l’entreprise et on ne mentionne pas le reste. Mais de construire une vérité à partir de rien, c’est autre chose. Ces pratiques vous semblent-elles justifiées dans ce cas? Devrait-on accepter de fabriquer une vérité pour convaincre? Est-ce une pratique moralement acceptable? Ou une dérive totale et condamnable? 

Source: 
"Les mensonges de la Guerre du Golfe". Documentaire de Radio-Canada. 1992. Adaptation de "To Sell a War", production de The Fith Estate, CBC. 

1 commentaire:

Marilyn Montpetit a dit…

Toutes les fois que j'entends cette histoire, je trouve ça vraiment niaiseux. Cette pratique n’est aucunement justifiée. C'est totalement inacceptable de faire réagir la population avec des faits si tristes seulement pour faire du profit à l'étranger. Fabriquer une vérité de toutes pièces est un mensonge. Dans le cadre du cours, nous avons discuté du fait qu'un mensonge ne reste pas bien longtemps dans l'ombre et tout ou tard il sort au grand jour. C'est exactement ce qui est arrivé avec cette histoire.

Si l'on se pose la question suivante : est-ce bien ou mal de fabriquer une vérité de toutes pièces ? Pourquoi ?

Je réponds à ces questions comme suit : C'est très mal de mentir pour arriver à ses fins personnelles. C'est aussi très mal d'utiliser le sentiment qu'on ressent lorsque des innocents meurent, surtout des enfants pour, encore une fois, arrivé à ses fins.

Finalement, cette méthode de relation publique est immorale, selon moi.