mercredi 5 décembre 2012

Jusqu'où iriez-vous pour faire du sensationnalisme?






Cette photo montre un homme se tenant debout sur les rails d'un métro, quelques secondes avant sa mort. De quoi s'agit-il ? Et bien, il s'agit de la « une » du New York Post titré «Condamné: poussé sur la voie, cet homme va mourir». Bien connu pour ses « unes » controversées, le New-York Post pousse fort cette fois-ci. 

Mise en contexte: C'est dimanche, peu après minuit, qu'un homme du nom de Ki Suk Han interpelle un clochard qui parlait tout seul dans le métro pour lui dire de se calmer, car il faisait peur aux autres usagers. Le clochard devient fou et pousse l'homme sur la voie ferrée du métro. M. Han tente de remonter sur le quai, sans succès. À ce même moment, un journaliste du New-York Post était présent lors de de l'incident et pris une photo de l'homme qui tentait de remonter pour éviter le train. Le journaliste se défend en disant qu'il avait actionné le flash de son appareil photo afin de faire signe au conducteur de métro. Est-ce seulement une défense?

Cette « une » fait le tour du monde et sème la controverse sur le web. À quoi pensait le journaliste? À quoi pensait le New-York Post à publier cette « une »? Pourquoi le journaliste n'a-t-il pas tenté de sauver le pauvre homme? Cet homme n'a aucunement réagi à cet incident. C'est un devoir de sauver une personne en détresse. Devrait-il être congédié? De plus, je me questionne quant à l'éthique du New-York Post. Certes, la photo suscite beaucoup de réactions et est très évocatrice, mais est-il moral de se rendre jusqu'à cela pour faire du sensationnalisme?

Plusieurs journalistes croient que le journal a eu tort de publier cette photo. Devrions-nous imposer des amendes ou amener en justice les journaux qui poussent trop loin? Qu'en pensez-vous?

Source:

http://www.lesinrocks.com/2012/12/05/actualite/lethique-du-new-york-post-a-nouveau-mise-en-cause-11329670/
http://www.lapresse.ca/debats/le-cercle-la-presse/international/201212/05/48-1790-la-une-du-new-york-post-indecente.php




3 commentaires:

Unknown a dit…

Mélyssa, j'ai eu la même réaction que toi en lisant les différents articles écrits à ce sujet. Je me suis renseignée sur ce journal et ce n’est pas la première «une» discutable qu’il présente.

Oui pour la liberté d’expression et la diversité des voix des journaux, mais jusqu’à quel point ? Avoir une «une» qui fait vendre plutôt que de suivre un code d’éthique juste et humain ? Je ne peux croire qu’encore en 2012, de gens cedent à la pensée capitaliste au détriment de la vie humaine.

Pour le photographe sur place, je crois qu’une enquête devrait être lancée, afin de statuer s’il y a eu négligeance criminelle ou non. Et du côté du journal, je considère qu’il serait tout à fait normal d’exiger un code d’éthique stricte dans ce genre de situation et que des sanctions devraient être données aux journaux fautifs.

Caroline a dit…

Bonsoir Mélyssa et M-P,

J'aimerais faire suite à vos interventions sur cette "une", si elle a le mérite d'être considérée ainsi. D'ailleurs, je m'apprêtait à écrire un billet sur elle. Donc, je suis contente de voir que vous êtes deux à avoir souligner cette situation qui m'a personnellement grandement choquée, pire encore, totalement consternée...

Si je me rappelle les circonstances dans lesquelles j'ai pris connaissance de cette nouvelle, c'est mon ami Jonathan qui me l'a soumise. Ma première réaction? Je croyais très honnêtement que c'était un montage - sur photoshop -. Hélas, j'appris rapidement que c'était tout ce qui avait de plus vrai. Et, comment?

Perso, pendant plusieurs minutes, je suis restés de glace, dépossédée de toute parole. Pendant ce temps, je me suis mise à essayer de voir quelles circonstances auraient pu justifier le choix du journaliste de privilégier l'aspect strictement économique et spectaculaire au dessus de la vie d'un autre être. En vain. Aucune raison ne pouvait justifier dans mon esprit ce choix du journaliste.

Pour répondre à ton interrogation concernant le devoir de tout citoyen face à un situation de danger, il existe effectivement la responsabilité de porter secours à toute personne en danger.

Dans le cas de nos voisins du sud, les propos recensés sur Wikipédia à ce sujet soulignent ceci: "Les rapports entre le droit et les premiers secours ont commencé par la création d'une mise en responsabilité des médecins pour faute professionnelle. En effet, dans des pays comme les États-Unis, cette responsabilité est très forte."

Voici les dispositions prévues par la loi à ce sujet, selon Wikipédia:

"La non-assistance à personne en danger est l'engagement de la responsabilité pénale d'une personne qui n'interviendrait pas face à une personne courant un danger.

L'engagement a lieu si :
la personne a connaissance du danger ;
elle est en mesure d'agir ;
l'action ne présente pas de danger pour la personne ni pour un tiers."

À ceci, on ajoute que "les droit américain et canadien ne possèdent pas d'obligation de porter secours, sauf en cas d'obligation antérieure (médecin traitant, relation parent-enfant), ou si la personne est responsable de l'état de la victime. Par contre, la Charte des droits et libertés de la personne (Québec) (art. 2) évoque cette obligation de porter secours. Les États-Unis et certaines provinces canadiennes disposent d'une loi atténuant les risques de poursuite judiciaire en cas d'intervention, connue sous la dénomination loi du bon samaritain."

On se trouve vraisemblablement dans une zone grise entre ce qui légalement acceptable, socialement attendu et moralement nécessaire.

Après cette lecture, enrichissante certes, j'ai peine à comprendre comment l'adrénaline du moment et la conscience de ce journaliste n'aient pas pris le dessus sur tout le reste.

Petite anecdote personnelle: Quand j'avais 8 ans, j'étais chez les voisins et leur bébé de 2 ans est tombé dans la piscine. Je peux vous dire que je n'ai pas hésité une seconde pour sauter, tout habillée, dans la piscine pour sauver le bambin.

Bon je sais que l'implication personnelle dans les deux cas n'est pas comparable, mais elle illustre tout de même le caractère instantané et non réfléchit de ce genre de geste.

Quelques jours plus tard, je ne comprends toujours pas ce qu'il a pensé ou pas pensé...

En espérant que le NY Post et le journaliste soient reconnus imputables pour les choix douteux et le traitement qu'ils ont fait de cette "une" si malheureuse. C'est définitivement une vie perdue en trop.

*Mes condoléances vont à la famille du défunt.*

http://fr.wikipedia.org/wiki/Non-assistance_à_personne_en_danger

Unknown a dit…

Bonjour à tous ! Je suis absolument d’accord avec vos points de vue, mais j’aimerais ajouter un petit quelque chose qui devrait nous faire réfléchir. Nous discutons beaucoup du New York Post et de ce que le journaliste a fait (ou surtout, n’a pas fait). Prendre des photos de ce genre est très fréquent, malheureusement, nous n’en parlons pas assez. Pourquoi ? Parce que ça ne se passe pas dans notre société occidentale. Je parle bien sûr du photojournalisme de guerre.

C’est tout de même un sujet très controversé à savoir si les photos prises peuvent être vendues et publiées… et surtout exposées au regard de la population.

Des journalistes qui sont sur place, qui sont témoins des horreurs, des massacres, de la violence… et qui capturent ces images. Des journalistes qui prennent des photos d’humains qui souffrent, qui supplient de les aider… Que pensons-nous de cela ?

Je pourrais mettre en lien des centaines de photos de guerre. Je vous laisse taper sur Google « photojournalisme de guerre » ou même « photos de guerre ».