jeudi 6 décembre 2012

Infanticides et médias: Trouver l'équilibre


Dimanche dernier, trois enfants ont été tués à Drummondville. Pour l’instant, le principal suspect est leur mère, Sonia Blanchette, qui en avait la garde au moment des événements et qui a été accusée de meurtre cette semaine.

Le coroner affecté à l’affaire, Yvon Garneau, avait lancé plus tôt cet automne un avertissement aux médias quant à leur couverture des drames familiaux. Le coroner Garneau mentionne dans son rapport que la couverture médiatique des infanticides cause un effet d’entraînement, qui pourrait pousser d’autres parents désespérés à tuer leurs enfants pour les soustraire à la garde de l’autre parent, ou simplement pour éviter d’en être éventuellement séparés.

Selon le coroner Garneau, la couverture de l’affaire Turcotte, le cardiologue qui a poignardé à mort ses deux enfants âgés de trois et cinq ans avant d’essayer sans succès de s’enlever la vie, a eu une influence sur une affaire similaire survenue l’été dernier dans la région de Warwick. Un père s’était alors suicidé après avoir incendié la voiture dans laquelle prenaient place ses deux enfants.

Pour appuyer ses dires, Garneau s’appuie sur les propos d’une psychologue de l’Université Laval. Pour sa part, Brian Myles, président de la FPJQ, réplique que le rapport contient beaucoup de « vices méthodologiques » et qu’il n’est pas suffisamment étayé pour réellement démarrer une discussion.

Toutefois, le débat me semble mériter attention. Tout comme le traitement médiatique du suicide, la couverture des infanticides est délicate, écartelée entre l’intérêt public et la protection de la vie privée des victimes et de leur famille. Il faut servir l’intérêt public, c’est la mission première du journalisme, donc, il faut parler du drame. 

Par contre, il faut aussi protéger la vie privée des gens, et arrêter de publier un million de clichés de la famille heureuse et épanouie avant les événements. Il me semble y avoir une confusion entre intérêt public et intérêt du public dans ces cas d’infanticide. Les événemets sont si sordides, si improbables, que l’on voudrait, dans une espèce de voyeurisme malsain, tout savoir. Mais ça n’aide en rien, pour comprendre la situation réelle,de voir Guy Turcotte tenant ses enfants souriants dans ses bras, par exemple. Il faut faire la part des choses, et dans ces cas, ça devient particulièrement difficile.
Toutefois, faut-il empêcher complètement de parler de ces drames? Faut-il arrêter de les rendre publics, un peu comme les suicides? Ou alors simplement arrêter de montrer les mêmes images en boucle jusqu’à la nausée? Il doit bien y avoir un équilibre quelque part, certes délicat, mais possible.
La ligne entre parler trop et trop peu est mince, et difficile à trouver. Mais elle doit bien exister quelque part.
La question qui nous reste maintenant, c'est comment la trouver.

Sources :
Villeneuve, Nathalie. Les médias doivent-ils tenir compte de l’effet d’entraînement dans leur reportage? Conseil de presse du Québec. En ligne. URL : http://conseildepresse.qc.ca/actualites/chroniques/les-medias-doivent-ils-tenir-compte-de-leffet-dentrainement-de-leurs-reportages/ Page consultée le 6 décembre 2012.

Presse canadienne. Drame familial à Drummondville : La mère accusée de meurtres préméditées. Le Soleil. 6 décembre 2012. En ligne. URL : http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/justice-et-faits-divers/201212/05/01-4601156-drame-familial-a-drummondville-la-mere-accusee-de-meurtres-premedites.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_lire_aussi_4599899_article_POS5 Page consultée le 6 décembre 2012.



Tesceira-Lessard, Philippe. Trois enfants trouvés morts à Drummondville. La Presse. En ligne. URL : http://www.lapresse.ca/actualites/201212/02/01-4599899-trois-enfants-trouves-morts-a-drummondville.php Page consultée le 6 décembre 2012.

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