Photo : Le Journal de Montréal, en ligne. |
J’ai lu deux articles tout récemment qui m’ont permis de me questionner
encore une fois sur la couverture médiatique des tueries ou meurtres de masse.
Bien que le rôle des médias soit d’informer les citoyens, car ces
derniers ont le droit de savoir puisque nous sommes dans une société
démocratique, je crois personnellement qu’il y a toujours certaines limites
qui devraient être respectées pour le bien de la société.
Je m’explique. D’abord, je dois avouer que j’ai énormément de misère
avec l’emploi du mot « célébrité » ou « célèbre » dans le cas de tueurs en
série ou de meurtriers de masse par les journalistes et autres médias. Selon sa
définition, le mot « célébrité » se traduit par la grande réputation, la renommée, et ce mot a souvent davantage une connotation positive. Or, je ne
sais pas pour vous, mais pour moi donner le titre de célébrité à un tueur en
série ou à un meurtrier de masse ne fait que lui apporter ce qu’il souhaitait
en commettant son geste, la célébrité, soit qu’on parle de lui (ou d’elle). Bien
sûr, quand je dis cela, je parle d’homicide ou de génocide volontaire,
planifié. Vous comprenez que je parle de tueurs comme Magnotta ou autres
responsables de massacres dans des écoles comme le massacre de Newtown, Dawson,
et je ne sais combien d’autres.
Dans des cas comme ceux-ci, les médias ont
été très présents et ont couvert ces événements de façon à livrer l’information
à la population. Toutefois, le fait de couvrir de tels événements et d’en
parler et en parler jusqu’au point où l’événement devienne célèbre en soi donne
toute l’attention que le tueur recherche. Même si c’est en mal, on parle de
lui. Personnellement, je trouve qu’il devrait y avoir des limites imposées aux
médias concernant ce genre de couverture. Toutefois, comme le mentionne Valérie
Borde dans son billet sur la tuerie de Newtown, le code de déontologie du
Conseil de Presse détient déjà un article à ce sujet : « [Les journalistes] doivent éviter tout sensationnalisme
dans le traitement de ces événements et prendre garde de leur accorder un
caractère démesuré, sinon amplifié, par rapport à leur degré d’intérêt public.
Ils doivent éviter de mettre l’accent sur les aspects morbides, spectaculaires
ou sensationnels de ces événements », est-il écrit. Le problème, c’est surtout
l’espace que ces événements occupent dans l’actualité. Le fait que certains de
ces événements soient couverts en continu rend aux tueurs en série ou de masse
la célébrité qu’ils recherchent. Je crois fermement que la couverture
médiatique des tueries comme celles survenues dans plusieurs écoles a
nécessairement contribué au passage à l’acte d’autres personnes ou va y
contribuer, comme ça a probablement été le cas depuis le massacre de l’École
polytechnique de Montréal en 1989. Comme le dit si bien Valérie Borde dans son
billet, « les médias [devraient] adopter au plus vite un code d’éthique encadrant
étroitement la couverture de ces tueries qui, actuellement, ne fait qu’encourager
leur multiplication », ce qui exprime très bien ma pensée, et ce que je pense
depuis bien longtemps.
Et vous, que pensez-vous du rôle des médias dans la
couverture des meurtres de masse? Que pensez-vous de la façon dont les médias
traitent ce genre de tragédie? Sensationnalisme ou intérêt public?
Sources :
Borde, Valérie. 2012. « Tuerie de Newtown : faut-il sévir…
contre les médias? », dans L’actualité.
En ligne. 17 décembre. http://www.lactualite.com/opinions/le-blogue-de-valerie-borde/science-le-blogue-de-valerie-borde/tuerie-de-newtown-faut-il-sevir-contre-les-medias.
Consulté le 26 février 2014.
Gagné, Marie-Pier. 2014. « Tueuse en série: Devenue meurtrière à 13 ans,
elle confesse avoir tué au moins 22 personnes depuis », dans Le Journal de Montréal. En ligne. 16
février. http://www.journaldemontreal.com/2014/02/16/elle-avoue-au-moins-22-meurtres.
Consulté le 26 février 2014.
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