À une époque où on désire l’instantanéité,
on veut avoir ce que l’on souhaite, et ce, dans les plus brefs délais. Moi, je
suis gai. Moi, je ne veux pas d’enfant. Enfin, je crois. Qui voudrait
s’enticher de ces petites pestes nauséabondes qui sont prêtes à vomir leur
dernier boire sur votre dernière chemise Dolce? Qui voudrait cesser les grasses
matinées et s’occuper d’un lieu d’infection bactériologique notoire. Bon, OK,
j’exagère! L’adoption, c’est de plus en plus pénible. Les processus sont longs,
ardus, complexes et extrêmement coûteux. Je trouve cela impersonnel et hasardeux.
Qui voudrait d’un enfant provenant d’une toxicomane ou d’une mère ayant abusé
de l’alcool durant sa grossesse? Ou bien de l’un que l’on vous « prête » en
tant que famille d’accueil québécoise et qui peut vous être enlevé à tout
instant, sauf dans de rares cas. Ces derniers sont à 90% à problème et restent
marqués de leur début d’enfance trouble. Je parle en connaissance de cause, plusieurs
de mes amies on fait cela et endure encore un enfer quotidien même après quatre
ans de rééducation, de séance chez le psychologue, etc.
Question éthique du jour : Est-ce moralement éthique d’acheter un enfant
d’une mère porteuse ou plutôt qu’une mère vende volontairement l’enfant qu’elle
met au monde?
De plus en plus de progrès en matière d’encadrement de ces échanges mercantiles
sont faits. Mais aucune législation solide n’existe au Québec. Bref, je
pourrais décider que je ne veux plus être le père de l’enfant, la mère porteuse
pourrait décider de garder l’enfant, etc.
J’entends déjà ruer dans les brancards. Plusieurs femmes diraient : « Je
ne ferais jamais ça. Un enfant c’est une étape de notre vie qui est
personnelle. On ne peut pas se détacher émotionnellement d’un être que l’on
porte en soi pendant plus de neuf mois. Vendre son enfant, ça n’a pas de sens.
Ce n’est pas éthique. C’est scandaleux.» Commercialisation du corps humain! Asservissement de la femme! Atteinte à
la valeur symbolique de la maternité! Exploitation économique des femmes les
plus défavorisées! Et si l’enfant a des malformations?
Du calme! Et si une personne se sentait apte après en avoir eu quelques-uns
pour fonder sa propre famille à en porter un dernier pour offrir ce cadeau
unique à une «famille en devenir» qui ne peut procréer, mais qui en a le désir?
On m’a déjà dit : « pourquoi tu n’adopterais pas normalement un
enfant dans le besoin? » Réponse : 100 000 $, 81 mois d’attente et
une bureaucratie digne des 40 travaux d’Astérix. Personnellement, si j’avais le
désir de plonger dans cette aventure rocambolesque qu’est d’éduquer un enfant,
j’aimerais qu’il soit le mien. J’entends par là que j’en sois le géniteur.
J’aimerais « me voir grandir ». C’est peut-être trop demandé, mais
j’aimerais voir des similitudes physiques entre lui et moi. Je voudrais me
remémorer mes souvenirs d’enfance et pouvoir me revoir l’espace d’un instant
dans ce petit être en quête d’épanouissement personnel. Entendre : «Ah, il
a tes yeux ton gamin. » Bon, prions le seigneur qu’il n’ait pas mon
caractère. Haha!
Personnellement, je crois que c’est une
bonne chose qu’une femme puisse faire ce qu’elle veut avec son corps ou des
fruits de ce dernier. Tout ce qui entoure un projet concernant une mère
porteuse devrait cependant être fortement encadré. Des balises claires
devraient être établies pour éviter les dérapes éventuelles (exploitation de la
femme, usine à bébé, etc.) Je ne voudrais pas le 32e enfants d’une femme
inconnue qui a décidé de ne faire que ça de sa vie. Pourquoi pas limiter à deux
le nombre d’enfants pouvant être donnés en adoption via le processus de mère
porteuse. Obliger une routine régulière à la candidate sélectionnée : voir
un nutritionniste, plusieurs suivis médicaux plus stricts, etc. Si on voyait ce
geste comme un échange de bons procédés prônant des valeurs saintes que sont le
respect, l’égalité des chances et l’amour de la famille plutôt qu’un simple et
parfois choquant échange mercantile.
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