dimanche 6 octobre 2013

L’image des femmes au pouvoir


La semaine dernière, nous avions à lire un texte d’Isabelle Masse portant sur la place des femmes dans les postes de gestion. Cette lecture m’a particulièrement interpelée. Plus particulièrement, mon attention a été retenue par le passage où elle mentionne qu’une femme de pouvoir doit toujours adopter une image parfaite. Je me suis donc avancée à faire des recherches sur un sujet connexe qui me passionne : l’image des femmes en politique.

Certains auteurs affirment que l’image « idéale » de la femme politique est celle qui « dissimule toute identité féminine en pastichant les rôles masculins d’autorité » (Albouy, 1994 : 93). Cette inadéquation entre identité féminine et participation politique se manifeste également dans un article de 1991 dans lequel Leeper soutient que « pour les femmes intéressées par de hautes fonctions politiques, la meilleure stratégie consiste encore à troquer leur identité féminine contre un style masculin de la politique » (dans Pelletier et Tremblay, 1995 : 14). Pelletier et Tremblay exposent même une tendance au dénigrement des attributs féminins. Ils donnent comme exemple le timbre de la voix « qui semble peu compatible avec le ton grave et déclamatoire qu’exige le style parlementaire » (1995 : 111). Ainsi, la femme qui souhaiterait réussir en politique devrait se départir des attributs et des rôles que la société encourage habituellement chez la femme.
Pourquoi les attributs féminins paraissent-ils si négatifs dans les domaines de gestion? Freedman avance l’hypothèse suivante: « le pouvoir et la féminité sont souvent vus comme incompatibles » (1997 : 39). Selon lui, les femmes sont socialisées pour donner la priorité aux besoins et aux intérêts des autres. Ce type de comportement serait seulement recommandable dans un contexte de rapports amicaux et, par conséquent, ne faciliterait pas l’entrée des femmes dans les postes de gestions (Freedman, 1997 : 39). Cette hypothèse semble être appuyée par les données de l’industrie : « Parmi tous les cadres les mieux rémunérés au Canada, on ne compte que 6,3% de femmes » (Masse, 2012 : en ligne).

Cette courte revue de littérature permet de réaliser à quel point les rôles sociaux sont imbriqués dans notre inconscient. Ainsi, une femme aura toujours l’image d’une personne plus émotive et trop faible pour les postes de gestion. Une égalité des sexes semble impossible sans que les citoyens se départissent de leur apprentissage des rôles sociaux. Les préjugés qui collent aux femmes risquent de les empêcher de progresser dans les postes plus « importants », ce qui, selon moi, n’est pas normal au 21e siècle.

Et vous, qu’en pensez-vous ? 


Bibliographie sélective: 
Albouy, Serge. 1994. Marketing et communication politique. Paris : Édition L’Harmattan. 340 p.

Freedman, Jane. 1997. Femmes politiques : mythes et symboles. Montréal : Éditions l’Harmattan, 287 p.

Masse, Isabelle. 2012. « Briser le plafond de verre ».  La Presse.  En ligne.  25 avril.  URL : http://affaires.lapresse.ca /economie/201204/25/01-4518656-briser-le-plafond-de-verre.php. Consulté le 2 octobre 2013. 

Tremblay, Manon et Réjean Pelletier. 1995. Que font-elles en politique? Sainte-Foy : Les Presse de l’Université Laval, 284p.


2 commentaires:

Unknown a dit…

Je crois que de dire que les femmes auront toujours cette image d'une personne plus émotive ou trop faible pour les postes de gestion est exagéré. Je crois que la société évolue de plus en plus à cet égard. On n'a qu'à penser à Pauline Marois, Hillary Clinton ou Angela Merkel qui ont tenu tête plus d'une fois aux critiques.

Certes, il y a plusieurs décennies personne n'aurait pu imaginer qu'une femme dirigerait le Québec. Pourtant, en 2013, la majorité des provinces canadiennes ont des femmes à leur tête. Kathleen Wynne, la première ministre de l'Ontario, est ouvertement homosexuelle. N'est-ce pas un signe d'ouverture de la part du Parti libéral de l'Ontario qui l'a élu comme chef?

Les femmes ont de plus en plus leur place dans des postes importants. Sous l'ère de Jean Charest, le cabinet des ministres était composé à 50% de femmes. Monique Gagnon-Tremblay, Nathalie Normandeau, Line Beauchamp et Michelle Courchesne ont toutes occupé le poste de vice-première ministre. Elles devaient avoir tout un tempérament pour tenir ce rôle. Trop faibles pour un poste de gestion disais-tu? Et que dire de Monique Jérôme-Forget qui s'est valu le surnom de la dame de fer...

Je crois que l'égalité des sexes est sur une lancée qui est loin de vouloir s'arrêter.

Unknown a dit…

Je suis absolument d'accord avec le commentaire de Joël. Les femmes prennent de plus en plus de place dans la sphère politique de nos jours. Bien sûr si tu fais une recherche dans des documents datant d'il y a 20 ans, tu vas avoir des informations qui datent aussi d'il y a 20 ans.

Prenons par exemple Hilary Clinton , qui est passée de femme de président à candidate elle-même. Émotive et faible, je ne crois pas. Après avoir été au centre d'un scandale politique qui a fait le tour de la planète , elle est restée droite et forte et a même pris la relève du couple Clinton en se présentant elle-même.

Cette femme n'est qu'un exemple parmi tous ceux qui auraient pu être mentionnés pour attester de la place que doivent avoir les femmes au pouvoir.

Bien d'accord avec Joël , l'égalité des sexes est un débat qui est loin d'être terminé