mardi 15 octobre 2013

Femmes manipulées ?

Dans un article de Katia Gagnon parut dans La Presse, Janette Bertrand et Denise Filiatraut, toutes deux signataires de la lettre en faveur de la Charte des valeurs, portent un jugement sévère sur le port du voile et les musulmanes. En effet, on peut lire les propos suivant : « Ce sont des folles».

Janette Bertrand ne croit pas les femmes qui disent le porter par choix. Premièrement je trouve que cette phrase est condescendante et c’est un manque de respect de total que d’imposer ces femmes à aller à l’encontre de leurs idéaux. J’ai l’impression que cela prend les femmes pour des idiotes incapables de réfléchir. On peut ne pas être d’accord ave le voile, mais je ne vois aucune raison de le proscrire. Ces un choix personnel qui revient à chaque personne de décider.

Cependant, ce n’est pas cela qui me dérange le plus. En effet, en lisant l’article tranquillement je suis tombée sur cette phrase : ««Je n'aimerais pas être soignée par une femme voilée. J'aurais peur. Je me dirais : tout d'un coup, dans sa religion, qu'on ne soigne pas autant les femmes que les hommes, qu'on laisse partir les vieux plus vite.» (Gagnon, 2013 : en ligne)

Parle-t-on vraiment de l’égalité homme femme ici ? Je ne peux pas croire que cela puisse sortir publiquement de la bouche de quelqu’un. Ceci est de l’ignorance et même à la limite de la xénophobie. J’ai pour opinion qu’une personne qui se respecte est quelqu’un qui reste intègre face à ses valeurs, et ce, même si cela ne fait pas l’unanimité.

Je ne veux pas partir un débat sur le port du voile ni un débat sur la Charte de valeurs québécoises. Par contre, ce que je veux souligner avec cet article c’est les propos haineux et sans fondements que l’on y retrouve. Peu importe le débat et ce qu’on en pense, je crois qu’il y a des choses qu’il faut garder pour nous, car ce n’est pas nécessairement d’intérêt public. Je crois plutôt que ces femmes ont utilisé cette tribune pour parler du passer. En effet, Janette Bertrand a mentionné le fait qu’elle craignait un retour en arrière avec la Révolution tranquille. Non, mais est-ce que c’est sérieux là ? On compare vraiment l’obtention du droit de vote avec le port du voile ?

Bref, je pense qu’il y a des façons de s’exprimer sur la place publique et utiliser les mots «folles» et «manipulées» pour décrire ces femmes, c’est s’éloigner du principe d’égalité.




Gagnon, Katia. 2013. «Les femmes voilées sont manipulées, dit Janette Bertrand». La Presse. En ligne. 15 octobre. http://www.lapresse.ca/actualites/201310/15/01-4699931-les-femmes-voilees-sont-manipulees-dit-janette-bertrand.php. Consulté le 15 octobre 2013.

5 commentaires:

Unknown a dit…

Je suis tellement en accord avec toi. Effectivement, les journaux ont titré leurs articles avec ces propos totalement irrespectueux venant de mesdames Bertrand et Filiatrault. C'est surprenant de voir de telles propos venant de ces femmes, pour lesquelles les Québécois ont un respect presque inconditionnel. Et elle disent militer pour l'égalité des sexes... En disant que ce sont des folles parce qu'elles portent le voile... Wow, très édifiant!

Je crois que ce qui me choque le plus dans cette histoire c'est que des femmes utilisent leur popularité pour passer un message qui divise autant la population. Certes, elles ont le droit à leur opinion. Mais ce qui me fait peur, c'est que certains gens qui ne prendront pas nécessairement le temps de s'informer pleinement sur la Charte prendront position en se basant seulement sur l'appui de ces femmes connues.

Depuis que le projet de Charte a été annoncé, tous les invités de Tout le monde en parle ont droit à la fameuse question s'ils sont pour ou contre. Honnêtement, l'opinion de Claire Lamarche ou de Giovanni Appollo sur un énorme projet de société comme cela, n'affecte en aucun temps mon opinion. Est-ce que c'est vraiment d'intérêt public qu'on pose cette question à tous les invités?

Julie Snyder, qui fait partie des «Janette», est très appréciée du public québécois, tout comme la majorité des signataires de cette lettre ouverte. Personnellement, j'aime mieux que l'animatrice qu'une émission populaire ne se mêle pas d'un débat si important. Je suis certain que Véronique Cloutier et Éric Salvail ont un opinion sur le sujet, mais ils ne la partagent pas avec le public. Pourquoi? Parce que ce n'est pas leur rôle.

Unknown a dit…
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Unknown a dit…

Je suis également en accord avec toi. Les propos tenus par les signataires de cette lettre ouverte à qui veut bien le lire dépasse probablement les bornes, et largement d'ailleurs. Dans ce cas-ci, l'utilisation de cette tribune est quelque peu abusive. Ces femmes sont plus que bien connues dans le star système québécois. Après tout, on connaît tout le processus de fécondation in vitro auquel Julie Snyder s'est adonné comme s'il s'agissait de notre propre histoire. Et pourquoi savons-nous cela d'ailleurs ? On pourrait en discuter longtemps. Pourtant, là est exactement le problème que soulèvent Camille et Joel quant à l'intérêt public des informations véhiculées par les médias et, dans le cas qui nous intéresse ici, par les individus eux-mêmes.

L'annonce a fait évidemment beaucoup de bruit sur les réseaux sociaux. Étant connectée sur mon compte Twitter lorsque la nouvelle est sortie, j'ai pu constaté l'ampleur de l'évènement. Si nous croyons qu'il s'agit d'un pas de trop de la part de ces très respectables femmes, on ne peut pas en dire autant de tout le monde. J'ai effectivement vu passer d'innombrables messages d'appui en quelques minutes adressés principalement à Julie Snyder, vu sa très grande activité sur Twitter. Plusieurs félicitaient les signataires de leur sortie médiatique et les remerciaient d'enfin dire tout haut ce que tout le Québec pense tout bas. En s'en suivaient des dizaines de "retweet" qui fusaient de toutes parts, particulièrement de celle de Julie Snyder.

Penser tout haut ce que le Québec pense tout bas ? Attendez une minute. La généralisation a un goût très amer, surtout dans le cadre de tels débats. C'est beaucoup trop prétentieux et arrogant d'affirmer une telle chose. Et ça choque tout autant que les propos de mesdames Bertrand, Filiatrault et compagnie.

Ces "Janette" ont eu de l'audace et du courage, il faut leur donner. Mais personnellement, je préfère reconnaître ces qualités lorsqu'elles sont légitimes et qu'elles agissent dans l'intérêt commun. Ces opinions se discutent en famille, chez-soi. Pas dans une lettre ouverte qui risque plus de blesser, de choquer et, au final, de ne rien donner du tout.

Ce nouveau débat va plus loin que celui de la Charte en tant que telle. Qu'on soit pour ou contre la Charte, ces propos méritent une réflexion et une sérieuse remise en question.

Pour terminer, il est certain que cette lettre n'a pas fini de faire du bruit. Pourquoi ? Parce que les Québécois aiment les scandales et qu'ils en parlent pendant des semaines, des mois, des années. Je dois avouer que je suis la première à être curieuse de voir l'impact que cette sortie aura sur les dames signataires dans les médias et sur leur carrière. Comme je l'ai mentionné, les Québécois en parlent. En bien, en mal, mais ils en parlent. La suite sera certainement bien intéressante.


Unknown a dit…

Tout comme les deux personnes qui se sont exprimées avant moi, je suis d'accord avec l'opinion de Camille Paré. Je crois définitivement que Denise Filiatrault, puisque je n'ai entendu parler que de ses propos à elle, a dépassé les bornes et a utilisé une tribune populaire pour donner son opinion sur un sujet qui n'est pas de son ressort. "Tout le monde en parle" est une émission qui a de très bonnes cotes d'écoute, alors elle devait se douter que peu importe ce qu'elle allait dire, cela allait vite faire le tour des médias québécois et qu'elle allait éventuellement devoir se justifier devant les femmes musulmanes.

C'est un phénomène très populaire au Québec, que de donner son opinion à qui veut l'entendre sur les problèmes politiques ou autres, et ce, quand nous sommes une vedette. Comme le dit Joel Rousseau, ce n'est pas leur rôle de partager leur opinion et de critiquer les actions de la population.

De plus, lorsqu'une vedette, pour ne parler que d'elles, va trop loin dans ses propos, elle s'excuse dans un article et Hop! on oublie tout. Pourquoi ne pas tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de dire quelque chose qui se retrouvera inévitablement dans les journaux, à la télévision ou sur internet, puisque ce sont des personnalités publiques. Ce n'est pas parce qu'on a une tribune publique que nous sommes obligé d'avoir une opinion sur tout ce que se passe sur la place publique.

Finalement, pour compléter ce qu'Audrey Dion a écrit, non seulement on n'a pas fini d'en entendre parler, mais il y aura certainement d'autres vedettes du show-business québécois qui se sentira obligé d'ajouter un commentaire ou de dire son opinion sur la Charte et ainsi créer une autre polémique entourant ce PROJET, qui n'a même pas encore été voté.

Ariane Larouche a dit…

Je crois qu'il est important d'apporter une nuance sur ce sujet. Je suis totalement d'accord lorsque les gens disent que les paroles de Denise Filiatrault et Jeannette Bertrand étaient intolérables. En fait, je ne vois pas comment elles auraient pues être moins charismatiques dans leur communication.
Toutefois, je pense que lors de débats de société il est important que toutes les opinions soient entendues. Si je joue l'avocat du diable, je pourrais dire que mesdames Filiatrault et Bertrand exprimaient de l'incrédulité devant la possibilité que des femmes pratiquant une religion assez dogmatique aient réellement le choix. Ce sont les normes sociologiques de leurs cultures. Si elles étaient nées ici et qu'on leur donne le choix, peut-être y en aurait-il moins? Un argument plus pertinent que la peur pour protester contre les soins octroyés par une femme voilée aurait pu être le manque de stérilité, peut-être? Je ne trouve pas l'argument de Denise Filiatrault et Jeanette Bertrand pesant, mais il ne faut pas oublier il y a quelques années que des hommes (juifs, je crois...) refusaient d'écouter les policières sous prétexte que ce sont des femmes. C'est le même genre de problème, d'incompréhension culturelle. Je crois que la laïcité permettrait un meilleur équilibre dans la majorité des institutions.