dimanche 14 avril 2013

Mourir dans la dignité, pas pour Saddam Hussein...


Le droit du public à l’information est une loi fondamentale du journalisme. Mais c’est à se demander si parfois les limites de ce qui peut être divulgué sont dépassées. La ligne est mince entre l’information utile et le voyeurisme, mais n’empêche qu’elle est toujours présente.

Le 30 décembre 2006, après avoir été condamné pour crime contre l’humanité, Saddam Hussein est exécuté par pendaison. Or de nombreuses photos choquantes le voyant la corde au cou sont montrées au public. Il s’agit ici d’une situation dépassant les bornes et qui sort des normes éthiques d’une société. Peut importe la culture, cela frôle le voyeurisme. Je crois que les photos qui sont complémentaires à un article, donc qui aident sa compréhension, sont pertinentes à montrer au public, mais quand tu veux faire du sensationnalisme, pour moi c’est du voyeurisme.

Les photographes de presse sont des journalistes en soi et doivent donc agir selon l’intérêt public. En effet, selon la fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) : « Les journalistes servent l'intérêt public et non des intérêts personnels ou particuliers. Ils ont le devoir de publier ce qui est d'intérêt public. Cette obligation prévaut sur le désir de servir des sources d'information ou de favoriser la situation financière et concurrentielle des entreprises de presse ». La publication d’une photo telle que celle de la pendaison dépasse l’éthique journalistique en plus de brimer le droit de l’homme à une mort dans la dignité.

De plus, ce genre d’image est loin d’avoir fait l’unanimité et a choqué bien des gens : « Plus que le fait lui-même, c'est la diffusion des images de l'exécution de Saddam Hussein, rendues disponibles sur Internet, qui choquent dans le monde. Les images du dictateur déchu, entouré de bourreaux encagoulés et avec une épaisse corde au cou, horrifient un Vieux Continent qui ne pratique plus la peine de mort. »

Je crois que malgré les choses immondes que Saddam Hussein a pu faire endurer à des gens, en tant qu’être humain, il a le droit à une mort dans la dignité. 

Sources :


Radio-Canada, 2006. « Des images qui choquent » En ligne. URL : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2006/12/31/006-saddam-images.shtml, consulté le 14 avril 2013.

Déontologie de la fédération professionnelle des journalistes du Québec. En ligne. URL :
http://www.fpjq.org/index.php?id=deontologiefr , consulté le 14 avril 2013.

2 commentaires:

François a dit…

L'éthique découle de plusieurs facteurs, plusieurs valeurs.
Si un journaliste prône la loyauté, il fera tout ce qu'il peut pour satisfaire son employeur.
Dans une société de plus en plus individualiste et fragmentée, les gens sont friands de sensationnalisme. Ils en redemandent.

L'histoire de Sadam Hussein a fait énormément réagir.
Pour les médias, toute information concernant cet homme était considérée comme une mine d'or.
Je suis totalement d'accord avec toi pour affirmer que ce genre d'image n'est pas utile pour l'individu lambda.

Mais revenons aux Américains. Ceux pour qui leur pays est «THE one».
Voir cet homme avec la corde au cou est satisfaisant. (C'est triste à écrire)

Mais si un employeur demande le plus d'info possible à propos de la mort prévue d'un terroriste, je ne crois pas que ce soit le journaliste qui manque d'éthique.
Je pense juste que nous sombrons seulement trop dans ce «junk-yard journalism»...

Unknown a dit…

Tout à fait d'accord avec François. Je ne crois pas qu'on puisse accuser un journaliste de faire preuve de mauvaises intentions lorsqu'il a filmé cela parce que la commande pour ces images doit venir de son patron.

Selon moi, la mort d'un homme ne devrait jamais être diffusée dans le simple but de ''divertir''. Mais malheureusement, il devait y avoir une demande de la part pour ces images de la mort de Saddam Hussein.

Un exemple de l'inverse existe également: à la mort de Osama Ben Laden, les journaux et médias ont voulu avoir accès aux images du corps (assez morbide j'en convient) pour prouver à la nation que le tristement célèbre terroriste était bel et bien décédé.

Le gouvernement américain a refusé en disant que l'image d'un homme qui a reçu une balle dans la tête n'était pas vraiment utiles à un débat société et ils ne voulaient pas exhiber un ''trophée'' (et également aussi de la peur des représailles de al-Quaeda). Ainsi, plusieurs disent encore que Ben Laden est vivant puisque nous n'avons pas eu la confirmation visuel de son décès.

Je ne crois pas qu'il soit enrichissant pour une société de faire la publicité de terroristes/dictateurs morts. Cela ne fait que valoriser la perte d'une vie humaine....