dimanche 21 avril 2013

La victoire de l'inutile


Est-ce que le journalisme plonge trop dans la superficialité de nos jours ? En voilà une bonne question.

Ça m’a frappé lors de la couverture médiatique de la chasse à l’homme de vendredi à Boston (oui, encore !): mais quelle est cette manie collective de toujours tout vouloir savoir ? Résultat, on s’est encore retrouvé devant un déluge d’informations plus ou moins pertinentes pour monsieur madame tout le monde.

Dans un autre épisode de curiosité maladive, le monde entier voulait tout savoir sur les deux frères Tsarnaiev, de la lutte au rap, en passant par les petits boulots de sauveteur. Encore là, il y a lieu de se questionner si la demande pour ce genre d’information était réelle ou si les médias l’ont créée. Par contre, à ce point, on n’est pas loin de la question existentielle de l’oeuf ou la poule.

Aujourd’hui, les couvertures médiatiques semblent devenir de plus en plus larges. Encore une fois, l’exemple américain de la semaine passée est probant. D’un dossier complet sur la famille endeuillée par le décès du jeune Martin Richard, au portrait quasi chirurgical des suspects de l’attentat, où est la ligne entre le nécessaire et le reste ? Dans ce cas précis, on n’a peut-être pas dépassé la frontière absolue du superflu, mais on n’en était sûrement pas très loin.

Cela dit, la culture actuelle des réseaux sociaux et des téléphones intelligents n’aide probablement pas. On veut tout savoir, ne rien manquer, n’importe où, n’importe quand. On dirait que la notion d’intérêt public tend à s’effacer doucement. Un jour, le tri sera inutile, tout se voudra d’intérêt public. Espérons ne pas en arriver là.

Marc Ouellet: un autre dont on a beaucoup (trop ?) parlé.
D’ailleurs, il n’y a plus que les événements dramatiques qui se prêtent à la surabondance d’information. La course au pape du mois dernier, ça vous dit quelque chose ? On en a tellement entendu à propos du cardinal Marc Ouellet qu’à la fin, on connaissait presque sa couleur de caleçon. Je blague, mais ne venez pas me dire que la couverture n’était pas excessive dans ce cas précis, comme dans bien d’autres.

Je ne blâme pas nécessairement les médias directement pour tout ça. Beaucoup effectuent encore un travail pointu de recherche à bon escient et cela a notamment permis récemment de débusquer nombre de scandales. Toutefois, à l’occasion, certains s’adonnent peut-être un peu trop à la chasse aux nouvelles complémentaires. Probablement pour assouvir un besoin de société, je ne sais pas trop. 

Par contre, est-ce justement dans l’intérêt de tous ? Ça, j’en doute fortement.

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