Allons-y sans détour. No de Pablo Larrain est le meilleur film étranger de 2012. J’ai vu Amour de Michael Haneke et Rebelle de Kim Nguyen et je suis obligé d’avouer que j’ai préféré l’oeuvre chilienne. Voilà tout.
René Saavedra (Gael Garcia Bernal) et son fils Simon (Pascal Montero) |
À une réalisation dynamique et inventive s’ajoute un groupe d’acteur fort convaincant pour donner un long-métrage qui secoue et fascine. L’histoire relate de vrais événements et mêle le monde de la publicité, la propagande et le débat sur la liberté d’expression. Résultat : un film captivant, surtout pour nous, jeunes communicateurs (et amateurs d’histoire, il ne faut pas les oublier).
Le scénario prend place au Chili lors du référendum de 1988 sur le retour ou non du dictateur Augusto Pinochet au pouvoir pour huit autres années. On suit alors le personnage du publicitaire René Saavedra, interprété par Gael Garcia Bernal, qui mène la campagne du non et qui doit faire face (tout comme son équipe) à de fortes pressions, du harcèlement et des stratégies injustes de la part du gouvernement totalitaire.
La cause que tente de défendre Saavedra avec la publicité, soit le départ de Pinochet, est noble. Néanmoins, il est intéressant de voir certaines de ses valeurs de publicitaire un brin plus matérialiste se frotter à celles plus humanitaires que requiert la campagne du non.
Ainsi, on explore beaucoup la dualité de la relation entre l’exercice publicitaire qui se veut plus individualiste et superficiel et le volet très social et impliqué de la cause anti-Pinochet. Cohabitation qui se révèle parfois difficile. On aborde aussi les sujets de la propagande, du droit moral de l’utiliser ou non pour influencer la population.
D’un point de vue de l’éthique de la communication, c’est un film très riche. On y illustre des débats et enjeux réels et encore d’actualité aujourd’hui. Être éthique tout en étant publicitaire, est-ce possible ? Ce sont des questions que se posent par exemple les membres de la campagne du non dans No.
D’un point de vue cinématographique, la réalisation est un peu vieillot, en utilisant notamment le format d’image 4:3 (comme à la belle époque des VHS), des couleurs sursaturées et une caméra à l’épaule un peu brouillonne. Néanmoins, tout cela ajoute à l’immersion dans l’histoire et permet également d’intégrer de vraies images d’archive avec un naturel désarmant.
Le scénario quant à lui est concis et mêle à la fois la vie professionnelle et personnelle de Saavedra. On voit donc ses actions en tant que publicitaire, mais également les répercussions de celles-ci sur sa vie et celle de sa famille. Très intéressant.
Pour ce qui est des acteurs, ils sont tous excellents, en particulier Gael Garcia Bernal dans le rôle principal. Un jeu tout en nuances, parfois explosif, parfois intériorisé et torturé.
Somme toute, définitivement un film à voir et qui allie à merveille divertissement, art et histoire. Bravo !
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