dimanche 21 avril 2013

Le journalisme commandité


Dans un article paru dans Projet J, Cynthia Hang, étudiante à la maîtrise en communication à l’Université d’Ottawa, partage quelques points saillants d’un texte de Folker Hanusch concernant sa revue de la recherche consacrée au journalisme touristique. Ses recherches soulèvent le fait le que journalisme spécialisé en divertissement et style de vie n’a pas beaucoup été étudié par les spécialistes de l’éthique journalistique contrairement au journalisme politique, par exemple.

Il soulève que très souvent les journalistes de voyage se font souvent offrir des séjours gratuitement par des entreprises touristiques un peu partout dans le monde pour leur travail. En effet, ces un aspect qui peut soulever beaucoup de questions sur le plan éthique.

Un journaliste doit le plus possible être indépendant dans son travail et préserver une impartialité face aux sujets qu’il traite. Toutefois, à quel point se faire offrir un tout inclus, par exemple, peut interférer dans le jugement et le choix de traitement d’un journaliste? Puis, du côté des commanditaires, souhaitent-ils avoir un portrait juste et honnête de leur produit ou bien s’attendent-ils à un publireportage joliment signé par un journaliste?

C’est un questionnement que j’ai moi-même eu à faire. J’écris depuis l’automne dernier la chronique Ah! La bouffe dans Impact Campus. Étant limité dans ses moyens financiers, le journal ne peut offrir à ses chroniqueurs un souper pour deux au restaurant à chaque deux semaines. C’est pourquoi nous approchons des restaurants de la ville qui nous intéresse et que nous leur demandons de nous inviter afin de, par la suite, rédiger une critique de l’endroit. Les premières semaines, j’étais tout à fait à l’aise avec le processus.

Puis, en discutant avec des journalistes professionnels, j’ai commencé à douter non pas de ce processus, mais bien de mon jugement quant à ma manière de critiquer les restaurants que je visite. Tous ceux à qui j’en ai parlé me regardaient avec de gros yeux, outrés de voir que je me faisais « payer » pour parler des restaurants de Québec. Je n’avais jamais pensé que mon esprit critique puisse être influencé par cela ou que j’étais payée pour faire mes critiques. J’essaie toujours de trouver des bons et des moins bons côtés à chaque endroit que je visite afin de dresser un portrait juste de l’endroit. J’avoue que je n’ai jamais donné de mauvaises critiques à un restaurant… peut-être que les restaurateurs faisaient plus attention lors de mon passage, qui sait!

Par contre, je me suis aussi questionnée sur le journalisme culturel. Jamais on n’entend de critiques quant au fait que les journalistes se font offrir les billets de spectacles pour leur couverture de pièce de théâtre ou de spectacles de musique. Ce sont des « accréditations », c’est correct. Mais le fait est qu’ils consomment gratuitement un produit culturel.

Alors, pourquoi dans le milieu des arts les journalistes peuvent avoir accès à des représentations gratuitement sans se faire poser de questions, mais pas dans le milieu touristique ou de la restauration? Peut-être parce que ces genres journalistiques sont relativement nouveaux. Je ne sais pas.

Qu’en pensez-vous?

1 commentaire:

Louis Gabriel Parent-Belzile a dit…

Toute atteinte à la neutralité journalistique peut difficilement être une bonne chose. Tout ce que je pourrais en dire de plus irait dans la même direction.

Je vais quand même souligner que les organismes spécialisés dans la critique (que ce soit de cinéma, de musique, de jeux vidéos, de restaurants...) sont parfois même payés.

C'est particulièrement vrai dans l'industrie du jeu vidéo. Bien sûr, les consommateurs sont déçus lorsque leur jeu est moins bon que ce qu'on leur en avait dit. Malheureusement, toutefois, ils retournent souvent acheter l'opus suivant et les entreprises continuent d'acheter de bonnes évaluations pour de mauvais jeux. Le marketing est si efficace qu'on parvient à faire croire aux gens que la suite d'un navet qui était la suite d'un autre navet sera un chef-d'oeuvre.