Un petit phénomène sur Internet, c’est la star
d’une image rendue virale après qu’un Internaute ait laissé croire qu'elle ait été diffusée à l’antenne de CBS Los Angeles. On l’appelle communément
le « sexual offender dog ».
Difficile d’offenser quelqu’un avec cette
image, du moins jusqu’à ce qu’on ait l’idée de comparer le visage de l’animal à
celui d’un être humain.
Lorsque la personne visée par la blague (car
nous assumons qu’il soit ici question d’humour et de dérision, non pas de
mesquineries et d’insultes) est un député élu, le rire est interdit. Du moins,
c’est ce que semblent estimer Facebook et le Parti conservateur du Canada (PCC).
« Qu’est-ce que c’est que cette
histoire ? », vous demandez-vous peut-être, alors en voici le
récit.
L’action se déroule un mardi d’avril, aux
alentours de 14h30. Un étudiant partage l’image du « sexual offender
dog » sur sa page Facebook en pointant humoristiquement du doigt un air de
famille qu’entretiendrait celui-ci avec un député conservateur de la région de
Québec, siégeant à Ottawa. Il crédite (après avoir obtenu l’accord de cette
dernière) une amie, devenue, afin d’être éligible à un stage estival, membre du
Parti conservateur un peu moins d’un an auparavant, pour le lui avoir fait
remarquer au cours d’une conversation privée. Une mention est faite pour éviter
toute association avec le concept de prédateur sexuel dont est affublé le canidé.
Après quelques minutes, un ami de l’étudiant
« tag » dans un commentaire la candidate du NPD aux dernières
élections dans la même circonscription, jugeant qu’elle trouvera la chose
amusante.
Un peu moins de deux heures plus tard, la
demoiselle membre du PCC reçoit un appel du bureau du Premier ministre, où
circulerait une capture d’écran de la publication. On la critique pour son
association à cette blague, et on lui dit craindre que la candidate du NPD
reprenne l’histoire en insistant sur le fait que « même une membre du
parti ne peut se retenir de se moquer du député », ce qui pourrait jouer
dans la balance du vote aux prochaines élections. On lui donne une heure pour
que le tout disparaisse, ou du moins pour s’en dissocier, sans spécifier si un
refus d’obtempérer pourrait entrainer des conséquences.
Elle tente de rejoindre l’étudiant pour qu’il
retire le statut ou toute référence à sa personne, mais il est injoignable.
Elle se contente donc de retirer ses propres commentaires de même que le
« tag » associé à son nom, et assume que le problème est réglé.
L’étudiant rentre chez lui environ trois
heures plus tard. Il prend connaissance des messages qu’elle lui a envoyé et
décide de retirer la publication pour s’assurer que son amie ne soit pas lésée
par sa faute.
Surprise, toutefois, la publication en
question n’existe plus. Elle a disparu sans laisser la moindre trace, et aucune
explication ne lui a été envoyée de la part de Facebook.
Il en informe son amie, qui ne l’avait pas
remarqué et qui confirme qu’elle n’avait pas signalé la publication à Facebook.
Personne d’autre ne les ayant contacté pour se
plaindre ou pour les critiquer, ils assument tous deux que la demande de
suppression du statut a été faite à Facebook par un(e) employé(e) du bureau du
Premier ministre, bien qu’ils ne puissent pas en avoir la confirmation.
Au terme de cette histoire, des questions prennent
forme dans l’esprit de l’étudiant;
Que doit-on penser du contrôle que peut
exercer une plateforme communicationnelle privée en matière de censure ?
Et est-il noble et honnête, ou même cohérent, de la part d’un gouvernement en
pleine campagne de publicité négative contre l’un de ses principaux opposants
(Justin Trudeau, nouveau chef du Parti libéral), de se permettre de faire
disparaître les propos publics de citoyens sous prétexte qu’ils pourraient être
nuisibles à leurs buts électoraux ?
Autant sur Internet qu’au Canada, jusqu’où
est-il raisonnable de laisser aller la censure ?
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