jeudi 21 février 2013

« L’Expérience » qui va trop loin



C’est en lisant sur l’expérience de Milgram, tel que proposé dans le cadre du cours 2, que m’est revenu ce film que j’ai eu l’occasion de voir dans un cours de FPS (formation personnelle et sociale?) au secondaire : L’Expérience. Le film, inspiré de l’expérience de Stanford qui s’est déroulée en 1971, met en scène une vingtaine d’hommes « ordinaires » qui se prêtent au jeu dans une simulation d’univers carcéral; certains d’entre eux sont désignés pour être des gardiens, et donc faire régner l’ordre; ils sont équipés d’une matraque et peuvent rentrer chez eux entre leurs quarts de travail. Les autres sont des prisonniers, portent une longue blouse, sont menottés aux pieds et se font appeler par leur numéro. Les règles sont floues, mais le concept est simple : les responsables de l’étude cherchent à étudier le comportement des humains dans une situation rappelant l’univers des prisons, sans véritablement baliser les actions des gardiens.

Évidemment, désorientation et déshumanisation sont rapidement au rendez-vous; la situation tourne hyper mal, à l’image de ce qui s’est réellement déroulé durant l’expérience de Stanford. La violence physique, mentale et psychologique prend, en quelques jours seulement, des proportions considérables. Dès le deuxième jour, les prisonniers déclenchent une émeute, à la suite de quoi les gardiens commencent à leur retirer des nécessités fondamentales qu’ils qualifient de « privilèges » : l’accès à une toilette, notamment. L’expérience réelle ne dure finalement que six jours, sur les deux semaines prévues, interrompue car devenue hors de contrôle. Il est évident que les participants de cette expérience en sont ressortis profondément troublés, certains avec des conséquences sévères sur leur santé mentale, contre une modique rémunération. Deux prisonniers sont mêmes retirés plus tôt de l’expérience car devenus trop instables émotionnellement.

Sur le Web, de nombreux articles expliquent les motifs du Dr. Zimbardo, psychologue à la tête du projet. On mentionne entre autres la nécessité d’étudier le comportement de l’humain lorsque placé dans un monde où il n’a pas accès à la lumière du jour ni à une quelconque horloge; l’expérience voudrait également démontrer les conséquences de réduire un homme « normal » au statut de prisonnier, passant donc par les différentes étapes de fouille, de passage de menottes, d’attribution d’un numéro au lieu de son nom… On voulait aussi étudier le comportement de quelqu’un à qui on attribuerait soudainement une position de forte autorité sur ses semblables (dans le cas présent, les gardiens).

Pour ma part, je réagis très fortement à cette expérimentation. Je peux difficilement croire qu’il soit « éthique » (du moins, selon mon système de valeurs!) de placer des humains dans de telles situations. L’expérience de Stanford est je ne saurais dire combien de fois pire, à mes yeux, que l’expérience de Milgram, avec laquelle je ne suis pas en accord non plus. Qui plus est, les conclusions sont, selon moi, excessivement floues et peu utiles à l’avancement d’une science quelconque ou de la compréhension de l’humain… Que souhaite-t-on prouver? Qu’un homme est capable de méchanceté lorsque placé dans une situation donnée et répondant à une autorité l’incitant à agir de la sorte? Je crois que c’est parfaitement clair dès le départ…  Qu'en pensez-vous?


Pour en savoir plus : http://www.prisonexp.org/

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