mardi 19 février 2013

Facebook, le pouvoir de dénoncer


Plusieurs personnes, comme vous et moi, avez probablement Facebook. Ce média acquiert de plus en plus d'importance, et ce, pour toutes sortes de raisons.

Peut-être que certains d'entre vous ont déjà entendus parler et font peut-être parti des quelques 22 000 « j'aime » de la page Facebook intitulée Contre les cyber-prédateurs du Québec. Si ce n'est pas le cas, je vous invite à allez y jeter un coup d'oeil : https://www.facebook.com/pages/Contre-les-cyber-prédateurs-du-Québec/266023450114604?fref=ts

Le créateur et gestionnaire de cette page se nomme Dany Lacerte. Cet homme, âgé dans la trentaine, a créé cette page en vue de dénoncer publiquement des hommes accusés de pédophilies, d'attouchements sexuels, etc. L'homme déplore les sanctions peu sévères de la justice québécoise face à ces criminels. Il a donc décidé, si l'on veut, de se faire justice soi-même.

Jusqu'ici, vous me direz que cette cause est noble. Il tente de protéger les enfants et adolescents de ces prédateurs et de mettre le visage de ces pédophiles à découvert. Si l'on s'attarde seulement à ce niveau, en effet le but premier est bon.

Mais qu'arrive-t-il lorsque le gestionnaire de la page ne fait pas que publier les photos des cyber-prédateurs, mais bien des prédateurs et pédophiles en général? Est-ce qu'il répond à sa mission? Car les cyber-prédateurs font partie du cyber-espace, non? Malgré tout, la plupart des Québécois diront qu'il faut dénoncer les prédateurs et pédophiles en général, pas seulement ceux qui se trouvent sur Internet.

Par contre, je ne suis pas certaine qu'il soit acceptable de publier les photos, en écrivant des définitions comme celle-ci : « Une autre christ de vidange sale ça.... » ou encore « On partage trouvé cet autre crottés la... on est vraiment entouré de trou de cul... ». Je crois que de dénoncer est une chose, définir les gens de cette manière en est une autre. Il est évident que probablement beaucoup de gens pensent que les gestes des pédophiles sont inacceptables. Mais n'est-ce pas une forme d'incitation à la haine que de donner son opinion sur des sujets délicats comme celui-là, au lieu de simplement rapporter les faits?

De plus, Dany Lacerte se permet parfois (étant donné la popularité de sa page Facebook) de donner son opinion sur les initiatives des partis politiques, que ce soit en lien ou non avec les pédophiles. Aussi, il porte des jugements sur l'Islam et les comportements de gens de d'autres cultures ou religions.

Est-ce que ces agissements pourraient démontrer un manque de professionnalisme de la part d'un gestionnaire d'un groupe Facebook qui doit dénoncer des injustices et non porter des jugements?

3 commentaires:

Julie Lemay a dit…

Salut Judy,

Ayoye! Je ne connaissais pas la page dont tu parles dans ton billet. Elle suscite beaucoup de réactions chez moi parce qu'elle s'oppose, de plusieurs manières, à certaines de mes valeurs...
D'abord, comme tu l'as mentionné, la page de Dany Lacerte va au-delà de se positionner contre les cyber-prédateurs, puisqu'elle dénonce la pédophilie en général (même à l'échelle planétaire, j'ai vu un article qui parlait d'un cas en Arabie Saoudite!).
Ce qui m’agace surtout, c’est le ton employé par l’auteur de la page (comme tu l’as d’ailleurs écrit dans ton article). Est-ce qu’on veut vraiment jouer « œil pour œil, dent pour dent »? Donc si tu commets un acte criminel, je suis en droit de te manquer de respect? C’est précisément ce que l’auteur semble véhiculer comme message, et ça ne me rejoint pas du tout.
Loin de moi l’idée de dédramatiser la pédophilie ou d’excuser les gestes de ces criminels. Cependant, je suis tout à fait en accord avec les points que tu soulèves dans ton billet et en réponse à ta question, je répondrais que le gestionnaire de cette page va trop loin, qu’il manque complètement de professionnalisme et que cela finira par nuire à sa crédibilité (du moins, je l’espère!).
Facebook, c’est super pour la liberté d’expression mais franchement, ça nous en fait voir de toutes les couleurs!

Unknown a dit…

«Se faire justice soi-même». Il semblerait que cette façon de faire se répand de plus en plus. Dans certains cas, à petite échelle, je peux comprendre, sans toutefois l'approuver, cette façon de faire. Les gens se sentent floués, attaqués et rappliquent pour se faire justice.

Mais, dans le cas de cette page, bien que le but initial qui est de dénoncer des individus dangereux soit noble, tout va trop loin. En plus de ne pas être directement concerné par les propos qu’il énonce sur sa page, le gestionnaire abuse de la popularité de sa page pour se faire une tribune publique. Les propos sont, la majorité du temps, haineux, ce qui incite des débats houleux sur la page. Or, il n’est pas de la responsabilité d’un seul individu, ou d’un groupe d’individus qui débattent, de juger de la culpabilité ou de l’intégrité d’un accusé. Et là, il est seulement question des propos à l’égard des cyberprédateurs, car le reste du contenu de la page est moins que crédible. En effet, le gestionnaire fait passer ses idées, crues, tranchées en plus d’insulter ceux qui ne les partagent pas. Il s’agit là d’une page de mauvais goût qui attire par son côté voyeur, dénonciateur, mais qui ne devrait, selon moi, pas exister.

Unknown a dit…

Je suis en effet du même avis que toi. Tout d'abord, je ne suis pas pour la criminalité et encore moins les cyber-prédateurs ou pédophiles de toutes sortes. Cependant, puisque Dany Lacerte n'a aucun droit à intimider ces gens qui n'ont pas nécessairement été accusé et été reconnu criminellement responsable de leurs actes.

Publier des photos, publier des noms et les définir de manière inacceptable ne correspond en aucun cas à un cause noble où tenter de protéger des enfans est mis de l'avant

Les réseaux sociaux ont tellement pris d'ampleur durant les dernières années que chacun met maintenant une cause sur la table et veut tout changer. L'éthique doit demeurer et il est difficile de la garder sur cette planète qui agis librement. Il faut cependant avoir du jugement et le faire dans les règles de l'art. À quoi bon dénoncer ce qui n'est pas juste d'une manière qui les autant.