mercredi 20 octobre 2010

Conflit éthique au sein des médias

Depuis quelques jours, on voit sur tous les médias confondus des images du Colonel Russell Williams. Des images assez troublantes qui démontrent les dérangeantes déviances sexuelles du militaire. Certains trouvent qu'il est inapproprié de publier de telles photos, mais d'autres pensent que pour mieux informer la population, il est nécessaire de publier ses preuves troublantes.

Est-ce que la presse a profité de ces sordides crimes pour vendre plus de copies? Est-ce qu'il s'agit seulement de sensationnalisme? Est-ce que les médias se sont lancés dans une compétition de qui a la photo la plus troublante? Il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'une affaire qui touche plusieurs victimes et leurs proches. Le respect et l'empathie ne sont pas à négliger, à mon avis.

Voici le lien de l'article: http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-divers/201010/19/01-4334117-affaire-williams-questionnement-ethique-au-sein-des-medias.php

4 commentaires:

Pascal Ouellet a dit…

Est-ce que le quotidien est allé trop loin avec les photos? On peut en débattre. Toutefois, en éthique du journalisme, la question n'est pas de savoir si on publie ou non les clichés, on peut se demander à quel endroit publie-t-on ces photos et quelle importance ou quel traitement on accorde à un tel événement.


Souvent, cela est un jugement éditorial. Les lecteurs ne seraient peut-être pas attardés aux agissements du Colonel Williams si ces derniers sont seulement écrits. Les photos publiées ont une raison commerciale? Mais, jusqu'où on peut justifier la parution de ce genre de photo? Les médias veulent avoir accès aux preuves dans ces causes pour diffuser ce qu'ils veulent. Dans le cas du procès de Russell Williams, les photos ont été libéré par le juge. Devant la Cour suprême du Canada, deux causes similaires de ce genre d'évènement sont débattues, depuis quelques années. La requête des médias est d'obtenir un droit de propriété ou de repiquage de diffusion de la preuve, selon leur bon jugement.


Il importe cependant de souligner que les reporters sont dirigés par des entreprises de presse qui impose des pressions sur ce genre de journalistique qu'ils ne veulent pas toujours faire. Même s'ils partagent les mêmes valeurs professionnelles, le contexte diffère d'une entreprise médiatique à l'autre et ceux-ci ne sont aucunement capable d'appliquer leurs valeurs fondamentales de façon concrète. Une dimension business qui échappe souvent aux journalistes.


Une du Journal de Montréal, le 19 octobre 2010: http://edition-e.lejournaldemontreal.com/epaper/viewer.aspx

Paule a dit…

C'est un débat soulevé qui est très pertinent. Pour ma part, je dois dire que de diffuser ces clichés c'est d'entretenir le sentiment de voyeurisme de la population. Pour saisir l'idée on a besoin de voir qu'une seule photo: pas 8 photos différentes dans le même spot de bulletin de nouvelles!

Le sensationnalisme mène plusieurs entreprises médiatiques québécoises et je dois dire que je trouve cette situation déplorable. Certes l'argent mène le monde, les entreprises médiatiques diffusent un contenu intéressant pour avoir plus d'annonceurs, mais le contenu en voit sa qualité foncièrement détérioré.

Des images diffusées comme celles du colonel Williams n'aide pas à développer une culture de ce qui se passe dans le monde mais simplement un sentiment d'haine collective envers ce personnage qui est certainement condamnable mais son procès se fait en justice : pas sur la place publique.

Catherine Julien a dit…

Je suis d'accord avec Paule et Audrey sur le fait que la parution de telles images nourrit le voyeurisme et attise la course à la performance des médias écrits et télévisés.

J'ai lu un article du journal Le Soleil qui traitait des déviances "marginales" du colonel Russell. En plus des photos choquantes, le lecteur a droit à une description très réaliste et précise des contextes dans lesquels se sont déroulés les deux meurtres commis par Russell...

Lien vers l'article du journal Le Soleil du 20 octobre 2010: http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/justice-et-faits-divers/201010/20/01-4334169-les-deux-victimes-avaient-supplie-russell-williams-de-les-laisser-vivre.php

On se retrouve, encore une fois, dans un débat visant à déterminer s'il faut satisfaire l'intérêt du public, ou l'intérêt public...

Marie-Jo a dit…

Je me doutais bien qu'en lisant notre forum quelqu'un aurait abordé le sujet Williams...

Personnellement, je trouve cela troublant. Je suis vraiment en accord avec Paule qui mentionne qu'une seule photo aurait fait l'affaire. Il est vrai, comme on l'entendait dans les médias, qu'il y avait des photos bien plus scandaleuses. Cela dit, si je suis moi-même dégoûtée devant ces photos «moins pires», imaginons les nombreuses familles en lien avec ce personnage. On a justement entendu qu'il avait commis un nombre énorme d'introduction par effraction pour vol de sous-vêtements. Sans nécessairement avoir fait quoi que ce soit à ces femmes lors de ces vols, imaginez lorsqu’elles aperçoivent leurs sous-vêtements à la télé... Je trouve que cela fait revivre encore et encore de mauvais moments aux personnes touchées.

Mais je comprends, tel que vous l’avez mentionné, les facteurs «argent» et «pression». Je ne me questionne pas nécessairement par rapport aux choix des journalistes, mais plutôt sur la façon actuelle de couvrir ce type d’histoire là...

Catherine, j'ai été lire l'article du Soleil. Comme tu le disais, on y retrouve une description très réaliste. Trouvez-vous qu'on en sait trop ? Honnêtement, je trouve cela poussé. Avais-je besoin de connaître les dernières paroles de la jeune dame, ce que lui a répondu le colonel, etc... Je sais que parfois, les familles sont en accord et que c'est une façon pour eux de «défendre» la victime décédée. Mais cela dépasse peut-être les limites de ce que l'on veut savoir de l'histoire. Ce n'est pas la première fois qu'on a des détails d'affaires sordides, je sais. Je crois que ça satisfait les curieux, que quelques-uns sont neutres, que d’autres seront mal à l’aise, alors que bien des gens en feront des cauchemars... Est-ce normal ?