jeudi 21 octobre 2010

«C'est qui, maman, le monsieur tout poilu qui porte un soutien-gorge orange?»

Jusqu'où doit on aller au nom de l'éternelle phrase ''Le public a le droit de savoir'' ? Audrey a déjà abordé le sujet de l'Ex-Colonel Williams , cependant, je trouve important de revenir sur un aspect plus particulier de la couverture médiatique de l'affaire.

C'est en lisant la chronique de la blogueuse Nathalie Petrowski et le questionnement amené par Michelle McQuigge sur Cyberpresse que j'en suis venue à me questionner sur le sujet. Est-ce que l'on doit, au nom de cette sacro-sainte notion d'intérêt public (et aussi, d'intérêt du public, comme l'a judicieusement mentionné Catherine), montrer des photos d'un déviant sexuel violent, meutrier (et à tendance pédophile qui plus est) en soutien-gorge fushia à des heures de grande écoute ? Je ne parle pas seulement de publier ces photos dans les pages intérieures des journaux, ou de les montrer au bulletin de 22h à la télévison, mais plutôt de manger mon spaghetti à 17h accompagnée par les photos HD dégoûtantes de ce monsieur sur la TV plasma de la cuisine. Oui, on aurait pu fermer la télévision, cependant, que ce soit LCN, TVA, RC ou une autre chaîne d'information, tous les passent en boucle, et nous, et bien ça fait partie de la routine familiale d'écouter et de commenter les nouvelles en mangeant notre spaghetti.

Dans ma famille, nous avons tous plus de 18 ans, et bien que les photos nous ont choqués, nous avons pu passer par dessus. Cependant, imaginez les jeunes enfants qui ont les yeux rivés sur la télévision. À cet âge, on pose beaucoup de questions, on a peur facilement et je ne crois pas que ce soit le genre de photos auxquels les enfants devraient être exposés. Certains films, et certaines émissions qui présentent du matériel explicite ne sont pas présentés à certaines heures, ou à tout le moins sont accompagnés d'un encart avant la présentation «pour un public averti», et je crois que cela devrait être le cas pour ce genre de récit.

Comme le dit Yves Boisvert, chroniqueur pour La Presse « le public en général a le droit - s'il le veut - d'être informé des faits qui justifient les sentences des tribunaux. Il a aussi le droit - s'il le veut - d'observer les profondeurs les plus noires de l'âme humaine. Les archives des tribunaux sont un catalogue des horreurs et des souffrances humaines. Libre à chaque adulte d'y entrer ou non pour les contempler.» Je suis tout à fait d'accord, et je crois que chacun devrait être libre de consulter ces images s'il le désire. Cependant, d'imposer des images choquantes comme celles de l'Ex-Colonel en sous-vêtement à des heures où le jeune public est à coup sûr devant la télévision, est selon moi un manque de tact, et surtout un manque d'éthique, flagrant.

Il est possible de ne pas écouter lorsqu'un reporter énumère des crimes avec des détails sordides, et il est possible de ne pas lire un article qui nous dégoûte, mais comment éviter une image choquante qui nous est imposée à la télévision, ou encore sur la une de certains journaux ? Nous pouvons fermer les yeux, mais le temps de soustraire l'enfant à ces images, et elles sont déjà imprégnées dans sa rétine...

1 commentaire:

Sandrine Charron a dit…

Pour faire suite à mon billet, vous trouverez en lien le rapport de

(RT @projetj): l’ombudsman de Radio-Canada sur la diffusion des photos du colonel Russell Williams en sous-vêtements féminins http://ow.ly/3acif