dimanche 24 mars 2013

Le Ritalin : la drogue psychiatrique



Je commence à peine à écrire ce billet et je suis déjà très émotive. Je suis moi-même une maman et mon fils à été diagnostiqué comme présentant un déficit de l’attention avec hyperactivité par son pédiatre dès la maternelle. Comme tout parent, j’avais de très grosses réticences à donner ce genre de médication à mon fils. Mais c’est en première année que l’établissement scolaire a commencé à faire pression sur moi. L’école me disait que c’était pour son bien, que sa réussite scolaire n’en tenait qu’à cette solution et que je devais le faire pour lui sinon, je le condamnais. Et je vous jure que l’école a utilisé cette accusation précise : je le condamnais! J’étais en plein dilemme : droguer mon fils ou risquer de l’exposer à une vie de misère à cause d’une scolarité déficiente.

C’est en deuxième année que ces pressions ont eu raison de moi parce que mon fils était rendu beaucoup trop dérangeant. Après 1 mois de prise de médicament constante, l’école était ravie, l’enseignante avait la paix. Comme un zombie, mon fils passait à travers ses journées d’écoles. Mon fils s’était éteint. Mais à quel prix? Laissez-moi vous raconter. Il ne mangeait plus, une moitié de tranche de pain au beurre d’arachides le matin et l’autre moitié le soir. Il ne dormait plus, le soir il était minuit et je le suppliais de s’endormir en prévision de sa journée d’école du lendemain, mais il en était incapable avant 2 ou 3 heures du matin. Or, le coup fatal qui a su m’ouvrir les yeux et me convaincre d’arrêter toute cette drogue à jamais dans la vie de mon fils est venu de la bouche de mon enfant lui-même. Un soir où je le suppliais encore de dormir, il me lança tout bonnement à la figure du haut de ses 7 ans « Ce n’est pas grave maman si je ne dors pas inquiète-toi pas! Ce n’est pas grave parce que demain matin tu vas me donner ma pilule qui réveille! » Je venais de comprendre, mais concrètement cette fois-ci, que je droguais mon enfant, mon bébé.        

À partir de ce moment, mon combat contre le Ritalin commençait et la bataille s’annonçait longue et ardue. Au fil de mes recherches sur le sujet, je découvre la vraie face cachée du Ritalin. La cocaïne, la méthamphétamine (communément appelé du speed) et les médicaments de type Ritalin sont tous des produits semblables, leurs molécules sont similaires. À mon avis, c’est tout simplement du dopage scolaire. Un Docteur en neuroscience renommé, Joël Monzée est lui aussi de cet avis « On est clairement dans une dynamique de dopage. Autant je rencontre des enseignants qui sont de plus en plus sensibles à la problématique, autant je me rends compte qu'il y a, actuellement, une banalisation de ce trouble et de la médication, dans les médias. »

En ce qui me concerne, je ne regrette pas mon choix d’avoir sorti cette cochonnerie de la vie de mon enfant. Aujourd’hui, il est heureux et en santé. Sa vie est belle et il l’apprécie jour après jour, mais avec toutes ses capacités intellectuelles intactes et sans drogue.

Source : 

Ménard, Sébastien. 2011. « Nouveau record de consommation ». Le Journal de Montréal. En ligne. Le 14 juin. URL : http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/national/archives/2011/06/20110614-055900.html.  Consulté le 6 mars 2013. 

3 commentaires:

Julie Lemay a dit…

Salut Véronique,

Ton billet me fait beaucoup réagir et je trouve très enrichissant que tu partages un fait vécu. Je trouve qu’il est, d’ailleurs, intimement lié à l’exposé que nos collègues ont tenu sur le ghostwriting il y a quelques semaines. En effet, je suis convaincue que certains médecins prescrivent trop rapidement et en trop grande quantité (je parle ici en nombre de patients) des médicaments comme le Ritalin, médicaments visant « à accroître l’attention et à réduire l’agitation pour les enfants et les adultes atteints du TDAH [trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité] » (Canoë, 2013). Je pense aussi que le corps professoral, quoique je respecte beaucoup son travail, a trop tendance à recommander aux parents d’enfants le moindrement agités des médicaments de ce genre. C’est peut-être dû au fait que les enfants sont souvent nombreux dans une même classe et que l’enseignant doit trouver un moyen de garder un climat propice à l’apprentissage.

Pour ma part, aucun médecin ne m’a diagnostiquée comme souffrant du TDAH, mais des enseignants m’ont qualifiée d’ « enfant hyperactive » dès la pré-maternelle. À mon entrée en première année, ma directrice d’école a fortement suggéré à mes parents d’aller me chercher des pilules pour me calmer. Deux mois plus tard, je sautais ma première année parce que mon niveau d’apprentissage semblait plus rapide que celui des autres enfants…

J’ai une amie aujourd’hui qui, à 24 ans, prend encore quotidiennement des pilules pour contrer le TDAH. Si elle ne les prend pas, elle s’endort au travail. C’est aussi devenu une façon pour elle de diminuer ses portions alimentaires (la nature « stimulante » du médicament coupe l’appétit). Pensez-vous que ce n’est qu’un cas isolé?

Malgré tout, je continue de penser que les enseignants et les médecins sont en général désireux de faire du bon travail, mais qu’il faut aussi, en tant que parent, être présent au maximum afin de valider ce qui est le meilleur pour son enfant. Je suis convaincue que c’est ce que tu as fait et j’espère que ton garçon se porte bien!


Source : Canoë. 2013. Ritalin – Emploi, Effets secondaires, Interactions. http://sante.canoe.ca/drug_info_details.asp?brand_name_id=971. Page consultée le 27 mars 2013.

Unknown a dit…

En lisant ton billet, j'ai moi aussi réagit, tout comme Julie.

Je crois qu'il est plus facile aujourd'hui de donner des médicaments à des enfants et de les rendre zombies, comme tu le dit si bien, que de prendre le temps de s'occuper des élèves et d'aller un peu plus loin que de mettre une étiquette à un enfant et de lui dire « il a un TDAH ».

J'ai moi aussi vécu des histoires en lien avec cela. Le plus vieux de mes frères, âgé de 10 ans, a été diagnostiqué avec le TDA, sans l'hyperactivité. On nous a fortement conseillé le Ritalin, mais mes parents, étant des travailleurs sociaux, ont catégoriquement refusé. À la place, il prend des produits de la famille des homéopathiques, soient naturels. Aussi, il n'en prend que lorsqu'il va à l'école, car lui aussi a essayer des médicaments similaires au Ritalin et il était devenu un zombie.

Lorsque l'on recule dans le temps de nos parents et grands-parents, cela est drôle mais aucun d'entre eux ne prenait de Ritalin ou de médicaments. Je crois qu'à la base, tous les enfants sont excités, selon des degrés différents. Mais mon frère lui, étant un peu plus agité, mes parents ont décidé de l'inscrire dans divers sports. Est-ce que cela l'a calmé? OUI! Il dépense son énergie, il est beaucoup moins agité.

Alors je ne crois vraiment pas que cette drogue, le Ritalin, est une solution qui est convenable pour tous les types de personnes. De plus, tu as dit que ton fils allait maintenant à merveille et cela prouve en soi que ce médicament n'est pas la solution absolue.

Unknown a dit…

Bonjour Véronique,

Comme Julie et toi l’avez souligné, la prise de médicaments contre les troubles déficitaires de l’attention et/ou les troubles d’hyperactivité est très répandue au Québec. C’est probablement pourquoi ton texte fait autant réagir! En effet, nous sommes quasiment tous relié de prêt ou de loin au phénomène. Peut-être qu’un de vos parents, amis, collègues ou vous-même êtes diagnostiqués avec un trouble neurocomportemental? Peut-être que vous connaissez quelqu’un ou prenez vous-même une médication comme le Ritalin ou un de ses dérivés? Quoi qu’il en soit, il est judicieux de se questionner à savoir pourquoi le nombre de diagnostics et la consommation de médicaments ont considérablement augmenté dans la dernière décennie.

De nombreux facteurs ont été présentés comme pouvant être à la cause de cette augmentation. En voici une courte énumération :
• Les jeunes d’aujourd’hui ont trop de distractions dans leur environnement : cellulaire, ordinateur, jeux vidéo, etc.
• La technologie et la recherche pour dépister les troubles de TDA/H ont évolué et il est maintenant plus facile de les identifier.
• Ce sont les compagnies pharmaceutiques qui pratiquent un lobbyisme important sur les médecins.
• Les professeurs en ont plein les bras et encouragent les parents à mettre leur enfant sous médication.
• Les parents ne savent plus comment gérer leur enfant et cherchent une solution à tout prix.
• Les médecins sont un peu trop rapides sur la prescription.

Je pourrais encore continuer très longtemps à donner des exemples, mais ce n’est pas ce sur quoi j’ai réellement envie de me pencher.

Selon moi, la société de performance dans laquelle nous vivons est probablement l’élément qui joue le plus grand rôle dans « l’épidémie de TDA/H » qui touche le Québec. En effet, elle nous pousse à vouloir nous conformer à la majorité. C’est un fait, ceux qui sont dans la marge, ceux qui ne sont pas « normaux », ceux qui ne sont pas comme tout le monde et dans ce cas-ci ceux qui ont un déficit ou un handicape si vous préférez sont toujours pointés du doigt. Le cas des TDA/H est un débat particulièrement intéressant puisque selon l’Association québécoise des troubles de l’apprentissage il y aurait entre 10 et 15 % de la population qui serait atteinte par ce malfonctionnement neurologique. Le presque le sixième de la population ce n’est pas rien!

Dans un débat comme celui-ci ce qui m’intéresse ce sont les états d’âme de ce 15 %. Comment un enfant se sent dans le contexte où on lui affirme qu’il n’est pas comme les autres et que pour le mettre à niveau il doit prendre des médicaments? Pourquoi ne remettons-nous pas en question le système à la place de vouloir changer et modifier artificiellement les individus qui le compose? C’est probablement plus simple et plus réconfortant pour les « normaux » de se dire que ce n’est pas eux le problème, mais les autres. Je ne comprends toujours pas pourquoi nous ne sommes pas capables d’accepter et de vivre avec les différences de chacun. Ne serait-il pas plus constructif et plus sain d’adapter notre système d’éducation et notre manière de travailler au lieu de doper notre population?

Enfin, je crois que nous en sommes rendus à un point où il vaudrait mieux écouter, supporter, aider et comprendre de manière humaine ceux qui ne se conforment pas à la norme. Qui sait, nous pourrions découvrir un potentiel extraordinaire chez les « marginaux » si on leur laissait simplement la chance de s’épanouir comme il se doit. Peut-être sont-ils les seuls à posséder des facultés intellectuelles hors du commun qu’ils ne sont tout simplement pas capables de développer dans la société actuelle…

La Presse. 2010. AQETA. http://aqeta.qc.ca/media/couverture-de-presse/131-octobresensibilisation.html. Consulté le 28 mars 2013.