jeudi 1 décembre 2011

Vie privée et intérêt public

Vous avez assurément entendu parler de l’histoire de Marjorie Raymond, jeune étudiante s’étant suicidée parce qu’elle était victime d’intimidation à l’école. Les médias ont énormément parlé de la nouvelle et les gens ne cessent d’alimenter les réseaux sociaux sur le triste événement. Étant moi-même interpellée par le sujet, j’ai lu l’article paru dans le journal Le Soleil d’aujourd’hui. Bien que très intéressant, ce n’est pas l’article en soi qui a le plus attiré mon attention, mais une courte mention dans le bas du texte indiquant que l’intégral de la lettre rédigée par Marjorie Raymond était disponible sur le site Web du Soleil. Étant très curieuse, comme bien d’autres j’en suis sûre, j’ai lu le triste texte du début à la fin. Au cours de ma lecture, je réalisais à quel point cette lettre nous faisait entrer dans l’intimité de la jeune femme et à quel point le message a pu avoir un impact pour la famille.


C’est donc ce qui m’amène à me questionner sur la nécessité de publier une lettre qui concernait principalement la famille de la victime à la base. Est-ce que les médias vont trop loin en s’intéressant autant à la vie privée des gens? Cette histoire me permet de constater que la ligne entre la vie privée et l’intérêt public est de plus en plus mince.


Je suis consciente que la famille a nécessairement approuvé la diffusion de la lettre pour qu’elle soit publiée dans les médias. Je comprends également que si la publication de cette lettre peut aider à contrer l’intimidation, les proches de la victime devaient sentir qu’il était dans leur devoir de la dévoiler au grand jour.


Toutefois, il est également légitime de se questionner sur les enjeux éthiques entourant le fait de présenter la vie privée des gens dans les médias…

Et vous, quel est votre opinion sur le sujet?


Source : Le Soleil. « Lettre d’adieu de Marjorie Raymond ». En ligne. < http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/carrefour/201112/01/01-4473348-lettre-dadieu-de-marjorie-raymond.php > Consulté le 1er décembre 2011.

1 commentaire:

Valérie Côté-Boisvert a dit…

De nos jours, la population est à la recherche de sensationnalisme plus que jamais. Malheureusement, cela a parfois un effet pervers, soit celui de pousser les journalistes à franchir la ligne séparant la vie privée et l’information d’intérêt public. Évidemment, les drames tels que celui de Marjorie Raymond interpellent l’ensemble de la population. Toutefois, fallait-il vraiment entrer à ce point dans l’intimité de cette jeune adolescente et de celle de sa famille pour comprendre l’essentiel du drame qui venait de se produire? Malgré la curiosité qui m’incite à vouloir lire cette lettre, je suis d’avis que cette information était d’ordre privé.

Afin de mieux comprendre mon point de vue, je vous invite à visionner l’émission Homicides – L’affaire Jessica Grimard, diffusée à Canal D. Jessica Grimard est une jeune fille qui a été assassinée en 2002 par Angelo Colalillo. Vous y retrouverez un père avec le cœur toujours meurtri, décrivant le fil des évènements ayant mené à la mort de sa fille et à l’arrestation de son meurtrier. Ce qui m’a le plus troublée dans cette histoire est la non-approbation de la diffusion, dans un journal montréalais, d’une lettre écrite par Angelo Colalillo, qui décrivait toutes les horreurs vécues par la victime avant son décès. Observez toute la douleur du père lorsque ce dernier se remémore le contenu de cette lettre et vous comprendrez ce qui me pousse à croire qu’il y a parfois de l’information qui devrait demeurer confidentielle.

Il est également important de se rappeler que nous sommes à la base de ces intrusions dans la vie privée. En effet, notre curiosité insatiable pousse les médias à toucher toujours plus près de la limite à ne pas franchir entre la vie privée des gens et l’information d’intérêt public. Toutefois, en ce qui concerne la lettre de Marjorie Raymond, la famille a autorisé la diffusion de cette dernière. Par conséquent, je crois que l’on ne peut pas considérer cela comme étant une atteinte à la vie privée au même titre que l’affaire Jessica Grimard.

Source :
Canal D. 2002. « L’affaire Jessica Grimard » En ligne. http://www.canald.com/emissions/homicides/505310308-l-affaire-jessica-grimard/. Consultée le 2 décembre 2011.