En 2008 sortait Slumdog Millionaire, un film de Danny Boyle retraçant le parcours de Jamal Malik, orphelin de 18 ans vivant dans les bidonvilles de Mumbai, arrêté alors qu'il était le point de remporter les 20 millions de roupies de la dernière question de la version indienne de jeu Qui veut gagner des millions ?. Soupçonné d'avoir triché pendant le jeu, il est sommé d'expliquer à la police, au travers de sa vie, d'où lui venaient toutes ses connaissances.
Si le film a permit à son réalisateur de remporter 8 oscars, j'ai par ailleurs découvert aujourd'hui dans un article du courrier international que l'histoire de ce jeune garçon des bidonvilles n'était pas si fictionnelle que ça. Le jeu en question (Kaun Banega Crorepati en indien) existe depuis 11 ans dans le pays. En perte de vitesse depuis quelques années, les producteurs ont récemment décidé pour relancer la machine d'adopter une nouvelle stratégie marketing. Désormais, les candidats du jeu sont issus de milieux défavorisés et leurs tristes histoires sont misent en scène sur le plateau. Pour les producteurs, cette stratégie permet d'une part de s'attaquer à une nouvelle cible, mais laisse surtout les citadins aisés se régaler du spectacle tragique et larmoyant des moins chanceux. Quand un jeu de culture générale tourne en navrante télé-réalité...
" Pour un technicien en informatique mal payé habitant Motihari, la somme de 100 000 roupies [1 436 euros] améliorerait déjà considérablement la vie, alors que dire de 50 millions de roupies ? C’est ainsi que les larmes incessantes des déshérités et leurs pittoresques singeries divertissent l’Inde des nantis qui les regarde sur d’immenses écrans plats. " (1)
S'amuser du malheur des pauvres pour gagner en audimat. Moi, en tout cas, ça me dérange ! Et vous, qu'en dites-vous ? Ne trouvez-vous pas cela complètement irrespectueux pour ces personnes, déjà peu gâtées par la vie ? Certes, cette nouvelle stratégie leur donne l'opportunité de gagner de l'argent et de faire entendre leur voix... assez aux yeux des producteurs pour compenser la moquerie engendrée ?
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(1) http://www.courrierinternational.com/article/2011/12/01/faites-pleurer-les-pauvres-divertissez-les-riches
2 commentaires:
Une émission de plus qui dérape ... Comme si il n'existait plus de chaîne télévisée (à l'exception de quelque unes) 'éthiquement correcte'.
Je trouve ça triste, et révoltant : non seulement parce que les riches peuvent rire des pauvres à travers chaque émission, mais aussi et surtout dans le sens où ces derniers ne s'en rendent probablement pas compte. La chaîne utilise leurs histoires malheureuses 'à leur insu' en échange de promesses d'argent, tout en sachant bien que la plupart repartiront aussi démunis qu'ils ne sont arrivés, mais en plus, à cause d'eux, sans dignité ! Ces personnes 'passées à la télé' seront probablement regardées autrement dans la rue, qu'ils aient gagné ou non, contrairement à des personnes à revenus moyens.
La manipulation, tel est le maître mot dans un monde médiatique où l'augmentation d'audimat dépasse tout autre type de préoccupations, notamment éthiques.
Je crois que l'on peut voir cette situation dans les émissions nord américaine et même dans celles du Québec. Je me souviens très bien qu'à plusieurs reprises dans le Banquier, on pouvait voir des participants qui n'avait pas toujours eu la vie facile et ils devaient souvent parler de leurs moments difficiles sous les projecteurs.
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