mercredi 10 novembre 2010

Le cas fictif de Suzie

Voici le cas fictif présenté pendant notre oral sur la régulation d'Internet et le droit d'auteur.

Nous vous invitons à y réagir et à répondre aux questions posées en classe!


" Suzie a un important travail à remettre dans son cours de mathématique. La note qu’elle obtiendra pourrait remettre sa session en jeu, voire ruiner son baccalauréat. Comme elle n’a jamais été douée dans cette matière, elle décide d’acheter un texte produit par un quelqu’un d’autre et de le rendre comme s'il s'agissait de son propre travail. Elle se rend donc au www.travail-pas-cher.com, un site Internet où elle peut acheter des travaux réalisés par d’autres étudiants à travers le monde. Suzie se doute bien que le fait d’utiliser le travail d’un autre ne respecte pas nécessairement les droits d’auteurs de l’élève. Cependant, elle se rassure en se disant que le rédacteur original a vendu son document au site de téléchargement et qu’elle n’utilisera cette technique que cette fois-ci. "




Que feriez-vous à la place de Suzie?

Croyez-vous qu’acheter un travail en ligne est légal du point de vue des droits d’auteur?

D’après vous, est-ce que Suzie adopte un comportement éthique?







Et n'oubliez pas:

Les sites où l’on peut se procurer des travaux ou encore payer pour qu’une personne réalise un devoir à notre place sont pour la plupart légaux. Par exemple, le site français mesdevoirs.net offre un service de correction et de création de travaux. Entièrement légal, il est possible d’y obtenir un travail complet en moins de 24 heures.

En mars 2009, le site Internet faismesdevoirs.com a été mis en ligne en France. Moyennant 5 à 30 euros, on proposait de réaliser les travaux scolaires à la place de l’étudiant. Plusieurs professeurs, avocats et étudiants de grandes écoles participaient à ce genre de site de téléchargement, avec une rémunération allant de 15 à 35 $ de l'heure.

Avant même sa mise en ligne, le site Internet a déclenché un tollé à l’échelle du pays. Bien que 100% légal, le site a été contraint de fermer en raison des nombreuses pressions exercées par les enseignants et les parents en rognent.

C’est donc plutôt du point de vue éthique que ce genre de site pose problème. En effet, jusqu’à quel niveau peut-on « vivre » avec le fait de remettre un travail qui ne vient pas de nous?

« Vous avez des devoirs à faire? Nous les faisons à votre place en moins de 24 heures! »

Bien que vous ayez payé pour obtenir votre travail, est-ce acceptable socialement de l’utiliser sous votre nom?

Le fait que des professeurs participent à ce genre de site Internet pose également un problème éthique. Effectivement, ces mêmes professeurs qui se font payer pour produire des travaux scolaires enseignent dans des établissements luttant contre le plagiat ou toute forme de copiage. Participent-ils aux sites d’achat en ligne de travaux à des fins pédagogiques, ou bien seulement pour arrondir leurs fins de mois?

C'est maintenant à votre tour de réfléchir!

Allez-y! Réagissez!


L'Équipe B1

Ariane Desbiens
Désirée Larocque
Catherine Julien
Maude V.-Fillion
Édith Vachon Lachiver


Incorrect

3 commentaires:

Julien Remillard B a dit…

Tout d'abord, bravo les filles pour votre oral dynamique et interactif !

Mon commentaire ne vise pas nécessairement votre cas fictif. Je veux surtout souligner un film de l'ONF (donc disponible gratuitement et légalement là --> http://www.onf.ca/film/RiP_remix_manifesto/) nommé RiP: remix manifesto. Ce documentaire est particulièrement intéressant et je le recommande à tout le monde.

Ce film remet justement en question la notion de droit d'auteur, du moins son institutionnalisation et commercialisation astreignante. On suit notamment l'artiste américain de mashup Girl Talk qui, à l'instar d'une rock star des années 70 révoltée contre la guerre du Vietnam ou d'un rappeur des années 80 qui dénonce la réalité des ghettos, revendique la démocratisation de la culture populaire.

Les courants artistiques, surtout populaires, sont le reflet de la société et moteurs de soulèvements, de révolutions. Nous sommes d'une génération qui a grandit dans une accessibilité croissante, voire en accélération, et immédiate de contenu et d'oeuvre. Nos conceptions du droit d'auteurs tendent à être élastiques et risque de se voir complètement transformé au cours des prochaines décennies.

Le principal fléau soulevé par ce film du montréalais Brett Gaylor et le fait que les droit d'auteur servent d'abord des compagnies, souvent une concentration de quelques multinationales (EMI, Warner, Sony BMG et Universal monopolisent plus de 80% du marché : en.wikipedia.org/wiki/Music_industry#Statistics) , plutôt que les auteurs même.

Des images, des bandes sonores et des vidéos artistiques ou historique appartiennent à des actionnaires qui ne veulent que faire fructifier leur investissement. Par exemple, insérer le segment original "I have a dream" de Luther King, qui ne doit pas dépasser les 2 secondes, peut coûter des milliers de dollars pour un modeste musée faisant une exposition de quelques mois. Des bribes de notre histoire collective est désormais sous les mains d'hommes d'affaire.

Marion a dit…

Tout d'abord, je tiens à vous dire que j'ai trouvé votre exposé très intéressant et enrichissant. Je trouve aussi très pertinent que vous ayez pris l'initiative de partager le cas fictif de Suzie sur le blogue en nous incitant à y répondre.

Brièvement, mon opinion est assez claire à ce propos, mais cela ne veut pas dire que tous la partagent. En effet, je crois qu'il est inconcevable de se procurer un travail sur Internet. Je suis consciente que plusieurs sites endossant cette pratique sont légaux, mais je me questionne à savoir qu'elle en est la pertinence. À quoi bon remettre un travail qui ne reflète ni nos efforts, ni notre compréhension de la matière? Je crois plutôt qu'il est préférable d'accuser un retard de quelques heures ou d'une journée ou deux et de remettre un travail de notre cru, que de rendre quelque chose qui ne reflète pas notre travail.

Qu'en est-il de l'honnêteté intellectuelle? Personnellement, cette pratique va totalement à l'encontre de mes valeurs personnelles et de mes principes. Je considère que cette pratique n'est pas éthique, notamment dans une situation d'apprentissage. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que l'Université sanctionne si sévèrement le plagiat.

Par ailleurs, du point de vue des droits d'auteur, je ne crois pas que ce soit totalement légal. En effet, supposons que le travail d'un individu se retrouve sur l'un de ces sites sans son accord. Que quelqu'un, par exemple, arrive à mettre la main sur un travail et décide de le rendre disponible sur Internet, soit car il le trouve d'une grande qualité, ou pour faire de l'argent, tout simplement. Bien que ces sites soient légaux, je ne crois pas, personnellement, que l'achat de travaux en ligne soit légal du point de vue des droits d'auteur, notamment en raison de toutes les incartades permises par le Web...

Ariane Desbiens a dit…

Pour commencer, merci beaucoup Julien et Marion pour les beaux commentaires concernant notre oral.

Julien, je trouve que ton exemple illustre bien le concept de droit d’auteur. En plus, il est vrai que plusieurs auteurs cèdent leur droit sur leur «œuvre» et qu’ils ne reçoivent donc pas les profits de leur création. C’est dommage de laisser des œuvres dans les mains de capitalistes pour qui l’œuvre ne les intéresse pas du tout, mais qui s’intéressent plutôt à ce qu’elle peut rapporter.

Pour répondre à Marion, dans mon cas, je ferais exactement la même chose que toi. Jamais je ne procurerais un travail sur Internet. En dernière option, j’aime mieux remettre un travail fait par moi-même, mais qui récoltera une piètre note plutôt que de tricher.

Dans les sites qu’on a montré en classe, il n’est pas supposé avoir de travaux qui se retrouvent là sans l’accord de leur créateur parce qu’ils sont faits par des gens qui participent au site. Il n’y a donc pas de problème légal. Par contre, il se peut que d’autres sites du même genre le fassent, mais pas ceux que nous avons présenté (c’est ce qu’ils disent !).