mercredi 3 avril 2013

GONE BABY GONE : Trop vouloir le « bien » pour un enfant, est-ce possible?

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La lecture de quelques billets sur ce blogue m’a permis de me rendre compte que je ne suis pas la seule chez qui les films engendrent une réflexion éthique parfois très poussée!

Récemment, j’ai regardé pour la première fois le film Gone Baby Gone, lequel relate l’histoire de la disparition d’une fillette de 4 ans dans un ghetto de Boston, fillette dont la mère est alcoolique et toxicomane.  Un couple de détectives privés est engagé par la tante par alliance de l’enfant; s’ensuit logiquement l’enquête sur la disparition de la petite fille, enquête à laquelle d’autres détectives, de même que des policiers, sont mêlés.

(Attention, spoilers!)

Pour faire un très court résumé de l’histoire, de nombreux personnages (dealer de drogue, pédophile, membres de gang) sont suspectés mais au final ne sont pas reconnus coupables; des enquêteurs sont blessés, le commandant en charge du dossier se retire de la police; on finit par déclarer la fillette décédée, des funérailles sont organisées et tous tentent tant bien que mal de tourner la page.

Après plusieurs mois, le couple de détectives est lancé sur une nouvelle piste par un vieil ami. Patrick, le personnage principal, découvre que la disparition était en fait un pot aux roses organisé par l’oncle de la fillette, qui voulait à la fois donner une leçon à la mère de l’enfant et mettre la main sur une grosse somme d’argent. Cela dit, l’oncle en question perd le contrôle de la situation vu l’enquête menée par le couple de détectives privés et ne peut pas récupérer la fillette aussi rapidement que prévu. Il n’en dit pas plus au couple de détectives qui, au final, se rend chez le commandant à la retraite depuis l’enquête sur la disparition de l’enfant. À ce moment, qui ne voit-on pas sortir en courant de la maison de l’ex-policier : la fillette disparue!

Sur le moment, Patrick fige et s’indigne contre l’ex-policier, avec lequel il tient une discussion véritablement éthique. Chacun expose son point de vue. Pour Patrick, il est inconcevable que l’ex-commandant ait délibérément « volé » un enfant, qu’il se le soit approprié de cette façon et qu’il vive en paix avec l’idée de mentir à cet enfant pour le reste de ses jours. Le commandant, quant à lui, tente de faire valoir à Patrick les bons côtés de son geste; la fillette a une famille aimante, elle ne manque de rien, est encadrée et le sera jusqu’à l’âge adulte, au lieu de finir « comme sa mère », potentiellement aux prises avec des problèmes d’alcool et de drogue.

Enfin, Patrick dénonce l’ex-commandant à la police. La fillette retourne chez sa mère, et le film finit sur une scène montrant la petite fille laissée à elle-même sur le divan du salon pendant que sa mère, visiblement en boisson, sort avec une nouvelle conquête.



Le visionnement de ce film m’a fait me poser beaucoup de questions. J’en ai discuté avec les membres de ma famille et nous avons des points de vue étonnamment opposés! Pour moi, d’un point de vue éthique, il est inconcevable que Patrick garde le silence et laisse un tel « vol d’enfant » avoir lieu. La question ne se pose même pas! Mon frère, lui, pense le contraire. Il avance que c’est mieux pour tout le monde, en commençant par la fillette, mais aussi pour la société en général, qu’elle reste avec des « parents adoptifs » (si on peut les appeler ainsi…) et qu’elle vive une « meilleure vie ».


Quelle est votre opinion à ce sujet?


Pour ceux qui voudraient voir la bande-annonce (version originale anglaise) :


2 commentaires:

cynthia a dit…

Salut Julie,

Ce film a l'air vraiment bien.Je trouve qu'il change des films à l'eau de rose où il n'y a pas vraiment de scénario, et où tout est misé sur le physique et la renommée des acteurs...

Pour en venir aux gestes de l'ex - commandant, je suis pour et contre. Je m’explique.....
Je peux comprendre le fait qu'il ait voulu "sauver" la vie de la petite fille, d'autant plus qu’apparemment à la fin, il n'y a eu aucune prise de conscience de la part de sa mère.
Par contre, je condamne le fait qu'il ait enlevé une enfant à sa famille sous prétexte qu'elle serait mieux traitée dans une autre. Je trouve que c'est vraiment "insensible et cruel" d'enlever un enfant et de faire semblant de mener une enquête quand tu sais parfaitement que c'est toi qui l'a fait et de voir les proches souffrir sans broncher. La cerise sur le gâteau pour moi c'est quand il se retire de la police ( pour sauver sa peau, j'en suis sure) et que pris la main dans le sac il n'a aucun remords...
Je trouve ça inadmissible!! Les personnes qui disent «la fin justifie les moyens» sont à mon avis les personnes les moins honnêtes.

Je fais une analogie tout simple. C'est comme si un médecin prélevait un organe d'un patient de 45ans maintenu en vie par respiration artificielle sous prétexte que de toute façon celui - ci ne s'en sert pas, et qu'il le transplante chez une personne mourante âgée de 22ans. Oui, il aura sauvé la vie de quelqu'un!! Mais à quel prix?

Je finirai en disant ceci; tout le monde peut se trouver de bonnes raisons pour justifier ses actions, c'est pour cela qu'il est important que l'on se remette continuellement en question avant d'agir.

Unknown a dit…

Bonjour Julie,

J’ai moi aussi vu ce film il y a quelque temps déjà et je me souviens du choc que j’ai ressenti à la fin lorsque j’ai vu la fillette avec le chef de police. Je crois bien que mon cœur s’est arrêté de battre pendant 5 secondes. Je me suis sentie envahie par un torrent d’émotions : surprise, soulagement, colère, rage, déception.

Par contre, une chose est sûre, le comportement du policier, le « vol d’enfant » comme tu l’as si bien dit, me levait le cœur. Comment pouvait-on se prendre pour un être tout-puissant au point de croire qu’on a le droit de manipuler la vie des autres comme bon nous semble? Et malgré le fait qu’à la toute fin du film on tente de nous faire comprendre que l’enfant est retourné dans une vie de misère, presque pour nous faire sentir coupable d’avoir tant appuyé la démarche de Patrick, moi je maintiens ce point de vue et celui de Julie. C’est tout simplement inconcevable.

Imaginez qu’on le tolère (ou qu'on ne le dénonce pas) dans des cas très très très spéciaux. Cela aurait pour effet de créer un précédent et ensuite n’importe qui se permettrait d’arracher aux parents les enfants qu’ils jugent négligés afin de les remettre à des parents plus éduqués, plus sobres et surtout plus riches! Voyons c’est horrible.