dimanche 21 avril 2013

Carnage à la une


Quoi, encore un autre billet sur les attentats du marathon de Boston ? Oui, je m’en excuse d’ailleurs. Alors que certains parlent de la surexposition des événements dans les médias, j’en rajoute. Mais justement, parlons-en de nos médias.

Un des éléments qui m’a le plus marqué de la couverture médiatique des explosions de lundi, c’est le choix des unes de journaux le lendemain matin. Le mardi, je suis arrivé à l’entreprise médiatique qui m’accueille comme stagiaire (et dont je tairai le nom) et j’ai retrouvé sur la table qui trône au centre de la salle de rédaction les principaux quotidiens québécois et du reste du Canada. 

Du côté de La Presse, du Soleil, du Devoir et des publications anglophones, pas de problème. On y a choisi des images plutôt sobres, mais qui illustrent bien la situation désastreuse de la veille. Pour ce qui est des quotidiens de Québécor, on a plutôt penché pour le déluge d’hémoglobine. Des individus dont les jambes ne tiennent plus nécessairement en place. Et je ne mentionne pas le complément visuel à l’intérieur du Journal de Québec.

Ah, mais on y voit l’urgence et l’horreur du moment me direz-vous. Peut-être, mais quelle en est l’utilité ? Ce n’est définitivement pas nécessaire d’être aussi graphique. Jusqu’où iront certains au nom du sensationnalisme ? Voilà qui est inquiétant pour l’avenir de nos médias.

Il y a aussi la notion de respect, respect pour les victimes entre autres. Est-ce qu’on utilise les corps mutilés d’innocents pour vendre du papier ? Peut-être pas directement, mais on n’en est pas loin. 

Choquer et déranger, ça fait écouler les copies, ne nous le cachons pas. Toutefois, la direction d’un journal majeur se doit d’user de discernement dans ces situations. Malheureusement, la une de mardi n’en était pas un exemple.

Oui, vendre, je comprends le principe d’une publication privée. Cela dit, pourquoi ne pas opter pour la rigueur et la profondeur plutôt que les membres arrachés ? Quelque chose me dit que l’information de qualité est aussi « marketable » que l’infodivertissement que nous servent certains. Pas grands doutes là-dessus.

De toute façon, pour ceux qui veulent voir du gore, des seins et des explosions, il y aura toujours l’internet. Voilà.

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