dimanche 21 avril 2013

Se marier à quel prix ?



Enfant, j’idéalisais le mariage. Pour moi, ce n’était pas une option. Aujourd’hui, mon entourage commence à se fiancer, même se marier et je réalise la raison qui domine. Les droits accordés aux mariés ne sont pas les mêmes que ceux accordés aux conjoints de fait surtout lors des séparations. Nous n’avons qu’à penser au cas de Lola et d’Éric.

Ces noms vous sont sûrement familiers, car ils appartiennent au couple séparé le plus médiatisé au Québec depuis les dernières années. En effet, à la suite de leur séparation, Lola s’est présentée à la cour afin d’obtenir une part du patrimoine familial de son conjoint ainsi qu’une pension alimentaire pour elle-même en plus de celle qu’elle recevait déjà pour ses enfants. Il faut savoir que Lola et Éric n’étaient pas mariés ou unis civilement et que selon l’article 585 du Code civil du Québec, des conjoints de fait ne peuvent réclamer une pension alimentaire pour eux-mêmes en cas de rupture, car il traite les conjoints de fait comme deux individus indépendants, peu importe la durée de leur union. Finalement, au terme de plusieurs années, Lola a perdu sa cause et je suis en accord avec la décision rendue par la cour. 

Si la décision de la cour avait été favorable à Lola et qu’elle avait accordé aux conjoints de fait les mêmes droits qu’à ceux unis civilement ou mariés, les moeurs sociales des Québécois en auraient été bouleversées.  Il ne faut pas oublier que 35 % des couples au Québec vivent en union libre et que si Lola avait gagné, une partie de leur liberté leur aurait été enlevée. Après tout, deux personnes vivant ensemble et n’ayant pas décidé de s’unir civilement ou religieusement ont pris cette décision conscients des répercussions qu’elle aurait. De penser que Lola n’était pas informée des différences légales entre être marié et être conjoints de fait revient à infantiliser la population. 

Ceux qui sont en accord avec cette loi disent que c’est une question de sécurité afin d’éviter que les femmes se retrouvent démunies à la suite de la séparation. Il est vrai que par le passé, des injustices, spécialement envers les femmes, ont pu être commises. Mais d'enlever le droit aux conjoints de fait de décider de leurs responsabilités financières n’effacera jamais les injustices du passé surtout qu’aujourd’hui il arrive fréquemment que ce soit la femme la source de revenue la plus importante du couple et qu’elle devrait donc à la suite de la rupture céder une part de ses avoirs à son ex-conjoint.

De plus, il est toujours un peu inquiétant de voir l'État s'approprier une part des décisions qui appartenait jusqu’à maintenant au citoyen majeur et vacciné qui est donc responsable de ses choix surtout dans une société valorisant la liberté.

Finalement, si la loi avait changé favorablement aux conjoints de fait, cela aurait été également problématique du point de vue pratique. Imaginez que vous êtes à l’aise financièrement et que vous êtes conscient qu’au bout de plusieurs mois de vie commune vous seriez peut-être obligé d’entretenir l’autre personne si vous vous sépariez. Vous seriez alors moins tenté de vous lancer dans une nouvelle relation, car on ne peut jamais être tout à fait certain que cela va fonctionner. Comment mener une vie amoureuse saine si chacune de nos relations laisse de lourdes traces légales et économiques?  

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