Je suis une Beauceronne originaire de Saint-Georges. Le Lac-Mégantic est
tout près de chez moi. J’ai plusieurs amis qui y habitent. J’ai décidé de
parler du traitement journalistique de cette tragédie qui nous a tous affecté,
que ce soit de près par la perte de gens chers, ou de loin par la catastrophe
naturelle.
Déjà plusieurs mois plus tard, j’aurais pensé qu’un débat public aurait
pris vie quant au transport des produits dangereux comme le pétrole. Pourtant,
rien ne se passe. Je me demande où sont les journalistes ? Au lieu
d’interviewer des gens en pleurs dans leur intimité, pourquoi ne pas lancer un
débat intelligent ? Il me semble que les vraies questions ne se posent
pas.
J’ai l’impression qu’on nous balance des analyses pour nous faire
comprendre ou croire que la situation est complexe. Nous, les citoyens
ordinaires, sommes trop « nonos » pour comprendre.
Sauf venant des citoyens du Lac-Mégantic, a-t-on senti une réelle haine
envers la MMA ? Les journalistes ont-ils réellement démontré ce dégoût,
cette répugnance qu’ont les Beaucerons envers cette compagnie américaine ?
On a pris la peine de montrer l’entraide, la générosité et l’empathie entre
citoyens, mais leur colère, pas beaucoup. C’est drôle : les journalistes
veulent du drame, mais ils passent complètement « à côté de la
track », pour ne pas faire un mauvais jeu de mots.
Pour reprendre les mots de l’éditorialiste Robert Laplante : « La
catastrophe de Lac-Mégantic n’est pas un désastre naturel, c’est un résultat
politique ». D’abord, le gouvernement fédéral, celui qui
a permis une dérèglementation dans les transports et qui a laissé n’importe
quel entrepreneur acheter une partie de ligne de chemin de fer sur lesquelles
circulent de vieux trains, refuse de payer sa part. Les journalistes en
parlent-ils ? Très peu. On entend seulement parler des pipelines comme la
seule solution de rechange, sans se questionner sur nos habitudes de vie.
Pourquoi ne pas éliminer graduellement cette matière dangereuse qu’est le
pétrole? Les journalistes ont-ils traité de ce sujet ? Non.
Les journalistes, je trouve, ne traitent pas des sujets importants. Régulièrement,
je regarde les nouvelles et je reste sur mon appétit, sans réponses à mes
questions pourtant de base.
Ce sont eux qui peuvent lancer des débats publics. Qu’attendent-ils alors pour
poser les bonnes questions? Le sensationnalisme a pris le dessus, lors du
traitement de la tragédie. On a perdu de vue les « vraies affaires ».
On a oublié ces questions fondamentales et nécessaires, au profit des sujets
sans importance, faciles à traiter ou plus payants.