Pendant les vacances de Noël, un ami m’a montré un
reportage portant sur les Teen Werewolves
1 aux États-Unis, un phénomène dont j’ignorais complètement
l’existence. Cela m’a fait penser à certaines lectures que j’ai eu à faire dans
le cadre d’un cours la session dernière. J’ai entre autres eu à lire Kulturalindustrie
2 de Theodor Adorno et Max Horkheimer. Ils expliquent que
«plus [un film] réussit par ses techniques à donner une reproduction
ressemblante des objets de la réalité, plus il est facile de faire croire que le
monde extérieur est le simple prolongement de celui que l’on découvre dans le
film.» (p.19) Cette minorité juvénile inspirée entre autres par la télésérie Teen Wolves et tous les films
fantastiques comme la saga de Twilight
exemplifie bien cette idée de fascination que peut engendrer le cinéma. Les
jeunes adolescents tentent de vivre comme des loups-garous. «Comme le dit
Deleuze, ce n’est plus le cinéma qui imite le monde, c’est le monde qui s’est
mis à faire du cinéma.» 3 Le cas de ces Teen Werewolves est-il un exemple d’abrutissement et de la perte de
l’imagination comme le soutiennent Adorno, Horkheimer et Deleuze ou au contraire ces
jeunes sont-ils simplement imaginatifs et créatifs dans leur façon de vivre
leur adolescence?
Un autre point qui retient mon attention est l’aspect
de plus en plus fantastique des personnages principaux qui évoluent dans un
univers violent et sombre. Selon moi, il y a beaucoup violence non justifiée
dans les films d’aujourd’hui. Parallèlement, on voit apparaître dans les médias
des cas comme ceux de Mark Twitchell,
un Canadien condamné pour meurtre en 2011 qui se serait inspiré du personnage
de Dexter et de James Holme qui a déclaré «I’m The Joker» après avoir ouvert le
feu dans une salle de cinéma en juillet dernier. Ici, il est tout à fait
possible de plaider une santé mentale fragile, mais je me demande si un film ou
une télésérie peut détériorer la santé mentale d’un individu ou du moins le
pousser à certaines actions qu’autrement il n’aurait pas posées. De plus, leur
état psychologique ne les rend pas moins dangereux pour la société. Le lien entre
le septième art et ces gestes horribles est toutefois indéniable. Bref, la
fascination engendrée par les productions télévisuelles et cinématographiques peut-elle
faire perdre la tête à l’esprit humain?
2. ADORNO, Theodor et
HORKHEIMER, Max. Kulturindustrie,
Édition Allia, 2012, 104 p.
3. BIETLOT, Mathieu.
«L’optique du pouvoir», ECHOS N°76 Mediatic
Mediatoc, Bruxelles Laïque, mars
2012, p.11.