lundi 27 septembre 2010

« Quebec, the most corrupt province in Canada »


Cette semaine, la page couverture et l’article paru dans le magazine Maclean’s ont fait jaser. La page couverture affiche « Quebec, the most corrupt province in Canada » ainsi qu’une image du bonhomme Carnaval. Tout d’abord, plusieurs analystes (TVA et autres) ont fait mention que les données du magazine n’étaient nullement scientifiques. Ainsi, aucune étude ne permet de dire que le Québec est, en comparaison avec les autres provinces, la plus corrompue. Point un. De plus, aucune autre province n’a été comparée, à croire que ces accusations viennent des airs. Point deux. Par la suite, l’image de Bonhomme avait été demandée au Carnaval, mais il n’avait jamais été mentionné qu’elle serait utilisée pour représenter le Québec, ce qui peut nuire à son image partout dans le monde. D’autant plus qu’elle a été caricaturées en lui ajoutant une mallette pleine d’argent. Point trois. De plus, ce n’est pas la première fois que ce magazine se permet de publier des articles créant un tel engouement. Point quatre.


Bref, il va sans dire que les méthodes utilisés par le magazine Maclean’s ne sont pas très bien vues par la population québécoise. C’est inacceptable qu’une compagnie journaliste présente un article qui n’est pas fondé sur des références acceptables, qui utilise une image corporative pour représenter certains déboires prétendus d’une province et qui, de surcroit, modifie cette image sans consentement ! En fait, comment se fait-il qu’ils n’aient aucune gêne à mentir aux gens de cette façon ? Je ne suis même pas étonnée que le Carnaval est mis une firme d’avocats sur le dossier.


Cette semaine, le magazine d’affaires a fait une clarification concernant l’usage de l’image de Bonhomme, mais est-ce suffisant ? Je ne crois pas non.


CLARIFICATION: The cover of last week’s magazine, with the headline “The Most Corrupt Province in Canada,” featured a photo-illustrated editorial cartoon depicting Bonhomme Carnaval carrying a briefcase stuffed with money. The cover has been criticized by representatives of the Carnaval de Québec, of which Bonhomme is a symbol.

While Maclean’s recognizes that Bonhomme is a symbol of the Carnaval, the character is also more widely recognized as a symbol of the province of Quebec. We used Bonhomme as a means of illustrating a story about the province’s political culture, and did not intend to disparage the Carnaval in any way. Maclean’s is a great supporter of both the Carnaval and of Quebec tourism. Our coverage of political issues in the province will do nothing to diminish that support.


Le Québec attend toujours des excuses.


Tout cela pour dire que je trouve désolant ce genre de comportement chez un média d’envergure. Et je ne suis même pas intéressée à savoir si oui, peut-être, le Québec est corrompu. Je ne veux pas partir de débat sur ce sujet. Ce qui m’intéresse plutôt, c’est la façon qu’a utilisé MacLean’s pour en parler.


Qu’avez-vous à dire sur le sujet ? car je crois que c’est un sujet qui peut en interpeller plus d’un.



* Je vous invite à lire le texte en entier sur le site du magazine pour voir de quoi il est réellement question.



Texte entier :

Maclean’s.ca. 2010. Quebec : The most corrupt province (Why does Quebec clains so many of the nation’s political scandals ?) En ligne. 24 septembre. . Consulté le 27 septembre 2010.

1 commentaire:

Pascal Ouellet a dit…

Est-ce que le Québec est la province la plus corrompue? Peut-être. D’abord, il faut établir les faits. Une majorité d’entre eux évoqués par le journaliste Martin Patriquin de MacLean’s sont vérifiables ou véridiques au Québec; un ministre démissionne à la suite de distribution de permis de garderie aux collecteurs de sa caisse électorale, le scandale des commandites, le possible trafic d’influence dans le monde de la construction, un bâilleur de fond passant du temps avec une responsable des nominations, Maurice Duplessis et les cas de patronage, etc.

Il importe de se poser une question essentielle: est-ce que le journaliste Martin Patriquin a tout mis en œuvre dans le but de respecter la rigueur journalistique que lui impose son code de déontologie?

On peut noter ici que la méthodologie utilisée dans cet article comporte des lacunes. D’une part, aucune exhaustivité n’est prise en compte. Il peut être vrai que le Québec soit la province canadienne la plus corrompue. Toutefois, il serait important d’établir des comparaisons valables avec les autres régions du Canada - notamment, en obtenant des comparatifs à partir de l’organisme Transparency International - afin de justifier convenablement cette affirmation. D’autre part, la faiblesse de l’argumentaire peut porter le lecteur à confusion. Par exemple, MacLean’s affirme que le montant de la péréquation s’est accru au Québec en raison des pressions indues des «séparatistes» du Bloc Québécois. Pourtant, on se rappelle que le gouvernement Harper modifia la politique de la péréquation en permettant notamment au Québec, mais aussi aux autres provinces de toucher davantage de transferts fédéraux.

Par ailleurs, lorsqu’un débat public est lancé au Québec, le Canada anglais l’observe scrupuleusement. Il ne faut surtout pas généraliser ici. Mais, il appert que certaines figures du monde médiatique anglophone utilisent les dérapages d’un débat et les travers de la province francophone pour dénigrer celle-ci, comme l’a fait MacLean’s avec son titre accrocheur et l’image du Bonhomme Carnaval. De fait, le sensationnalisme qu’apporte le Quebec bashing – notamment comme le fait Andrew Coyne dans sa chronique - fait vendre de nombreuses copies à travers, le Canada. On peut supposer que, si l’article avait porté sur les largesses de la Colombie-Britannique plutôt que celle du Québec, il est évident que le tirage n’aurait guère été le même. Quelquefois, ce n’est pas parce qu’un média parle que tout est vrai. Il semble qu’on s’intéresse tellement à un sujet, que cela vient démesurer l’important de la nouvelle. Malgré tout, ce genre d’évènement captive un lectorat important.

Article d’Andrew Coyne : http://www2.macleans.ca/2010/09/24/what-lies-beneath-quebecs-scandals/