Connaissez- vous la ville de Thetford Mines? Je suis
certaine que oui ou du moins que son nom vous dit vaguement quelque chose. Elle
se situe à environ 100 km
au sud-ouest de la ville de Québec en Chaudière-Appalaches. Malheureusement,
elle est passée à l’histoire dans le domaine de la santé au travail avec le
triste cas de l’amiantose. C’est en 1878 qu’a débuté la production
canadienne d’amiante en Amérique du Nord. Or, déjà en 1918 on connaissait les
dangers de l’amiante. En effet, à ce moment certaines compagnies d’assurances refusaient
d’assurer la vie des travailleurs de l’amiante puisqu’elles possédaient des
données scientifiques alarmantes sur ses effets nocifs. Une série de recherches
qui avaient débuté dans les années 1950 révélaient que l'exposition à des
poussières d'amiante qui étaient habituelles dans le lieu de travail
provoquaient différentes maladies professionnelles. Les plus importantes étant
l'amiantose, la plaque pleurale, le mésothéliome et le cancer du poumon.
Le problème est que les entreprises et les gouvernements ont
choisi d’ignoré ces faits et au lieu d’installer des dispositifs de contrôle et
d’élimination de la poussière d’amiante, ils avaient plutôt dédié leurs ressources
à défendre leurs intérêts devant la justice. C’est ce que nous ont appris les
conclusions du rapport du gouvernement du Québec en 1976. En effet, jusqu’à ce
jour, les compagnies et le gouvernement avaient toujours refusé aux
travailleurs l’accès à leurs études sur la salubrité de l’air et sur les lieux
de travail et que finalement ce sont des tests pratiqués en secret qui ont
précipité la crise.
C’est ainsi que l’ont à découvert le stratège mortel imaginé
par les compagnies minières exploitantes. Elles ont installé une clinique pour
qu’on y fasse des tests médicaux annuellement aux employés afin de les rassurer
faussement sur leurs états de santé alors qu’en réalité, ils étaient gravement
atteints. Pour se défendre, le directeur de l’organisation a évoqué des raisons
humanitaires. En fait, il a dit que s’il avait mis au grand jour que les
employés qui étaient malades, ils auraient été forcés d’être déplacés vers des
emplois moins payants alors que, de toute façon, il n’y avait rien à faire pour
arrêter l’avancement de leurs maladies.
Et le comble de cette sordide histoire est que vers 1942,
les cadres de la compagnie Manville Corporation ont été confrontés par un
avocat représentant les travailleurs malades, celui-ci leurs demandes «
Êtes-vous en train de me dire que vous allez laisser ces gens travailler
jusqu’à ce qu’ils tombent morts? » Et la réponse qu’il reçut d’un des cadres fut
« Oui, nous épargnerons de cette manière beaucoup d’argent. ».
Sources :
« L’amiante
». 2012. In L’Encyclopédie canadienne.
En ligne. URL :
http://www.thecanadianencyclopedia.com/articles/fr/amiante. Consulté le 30 mars
2013.
Métayer,
Michel. 2008. La philosophie
éthique : débats et enjeux actuels. Québec : Les Éditions du
Renouveau Pédagogique. 366p.
Otis,
Louise. 1990. « Éthique et travail : un défi vers l’égalité ». In L’éthique au quotidien.
Montréal : Les Éditions Québec/Amérique. 69p.
1 commentaire:
Je suis étonnée, une fois de plus, de voir à quel point l’argent est une raison suffisamment valable afin de ne pas agir de façon éthique.
Tous ces employés qui ont travaillé dans des milieux malsains et qui souffrent aujourd’hui de maladies graves, c’est épouvantable! La supposée clinique qui n’informait pas adéquatement les travailleurs sur leur état de santé a été une forme de manipulation sordide. Tout ça pour continuer à faire de l’argent sur le dos de ces pauvres travailleurs.
Les décisions qui ont été prises par les entreprises et le gouvernement ont encore des répercussions aujourd’hui. En effet, entre 2007 et 2010, l’amiante a tué 373 travailleurs. Ce chiffre est encore beaucoup trop important. Un autre bel exemple où le gouvernement n’a pas agi de manière éthique.
Source : http://www.ledevoir.com/societe/sante/357650/les-liberaux-doutent-ils-que-le-chrysotile-est-une-forme-d-amiante
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