dimanche 23 septembre 2012

La pensée critique et la fonction publique


Je travaille au gouvernement du Québec depuis déjà 5 ans. J'ai constaté que la hiérarchie y est très importante. Lorsque les ordres proviennent du supérieur de notre supérieur, elles prévalent alors. Le respect des demandes faites par les supérieurs est important, et la tâche doit souvent être traitée en priorité. 

Lorsque j'ai reçu un document portant le titre « l'éthique dans la fonction publique », je me suis tout de suite demandé quelles incohérences allaient s’y retrouver. Je dois avouer que j'ai des préjugés face aux anciennes façons de faire au gouvernement. 

En feuilletant ce document, j'ai eu quelques interrogations lorsque j'ai lu le paragraphe suivant:

« L'obligation d'obéissance hiérarchique implique que le fonctionnaire accomplit les tâches qu'on lui demande de remplir. En ce sens, il doit exercer non seulement les attributions de son emploi, mais aussi les celles que peuvent lui confier ses supérieurs. » (L'éthique dans la fonction publique, gouvernement du Québec, page 8)

Et si la demande est déraisonnable? Si l'employé ne se croit pas capable de l'accomplir? Si la demande le place dans une situation d'injustice? 
  
En continuant ma lecture, j'ai été agréablement surprise de constater qu'on laisse les fonctionnaires avoir une certaine pensée critique. Le paragraphe suivant exprimait ceci:

« Cette obligation implique également que le fonctionnaire se conforme aux demandes spécifiques de ses supérieurs. S'il estime que la demande est injuste ou déraisonnable, il peut alors en discuter avec son supérieur ou le répondant éthique de son ministère ou organisme et , s'il y a lieu, en référer aux autorités compétentes. » (L'éthique dans la fonction publique, gouvernement du Québec, page 8)

J'étais donc un peu rassurée. Mais je me demande s'ils auraient dû écrire doivent en discuter plutôt que peuvent en discuter. Si je sais que je dois en discuter, je serai plus encline à en parler. Tandis que si je sais que je peux, cela me conforte moins dans ma décision d'en parler. Je n'ai pas vraiment l'impression que mes préoccupations seront vraiment prises en compte si un problème du genre survient. Il est déjà difficile de confronter un supérieur sur les décisions qu’il a prises. Je ne trouve pas que le texte permet aux employés de sentir que leur sens critique est valorisé.

Êtes-vous rassurés? Croyez-vous que ce texte est assez explicite pour faciliter le règlement de conflits? Auriez-vous écrit ces règles d'éthique différemment? 

1 commentaire:

Unknown a dit…

Salut Mari-Lou,

Je trouve que le point que tu soulèves est très intéressant et pour répondre à ta question moi, je ne serais pas rassuré. En me basant sur ce que tu décris, je crois que l’emphase est mis beaucoup plus sur le fait de devoir obéir au supérieur hiérarchique. En effet, même s’il est écrit que l’on peut en parler si l’on considère que l’ordre reçu est déraisonnable, cela ne semble pas du tout valorisé et encouragé.

L’esprit critique et surtout la contestation d’un ordre reçu semblent être mal vus par les supérieurs. On devine que même si c’est écrit dans le document (sans doute pour faire taire ceux qui crieraient à l’injustice), dans la réalité, le fait de remettre en question les dires d’un supérieur serait perçu comme un affront. De plus, comme tu le mentionnes, il est écrit que l’employé peut en discuter, cela n’est pas très convaincant. On aurait pu y percevoir davantage de conviction s’il avait été écrit par exemple que l’employé a le droit et même le devoir de refuser d’exécuter une tâche s’il considère que celle-ci est injuste ou contre ses valeurs et convictions. Bref, je ne considère pas que ce texte encourage l’esprit critique.

Catherine Dubuc