J’aimerais revenir sur l’affaire de la taupe du Service de
police de la Ville de Montréal (SPVM), dont les principaux développements se
sont déroulés il y a quelques semaines. J’y vois deux enjeux éthiques.
D’abord, il y a évidemment des questions à se poser quant au
degré d’éthique personnelle et professionnelle qu’avait ce policier à la
retraite, Ian Davidson. Rappelons qu’il a tenté de vendre la liste des
informateurs du SPVM à la mafia. Davidson savait très bien qu’il mettait en
danger la vie des personnes sur cette liste. Il aurait dû repenser à cet adage: «
‘’ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’ils nous fassent’’, c’est
ce qu’on a appelé la ‘’règle d’or’’ » (Droit, 2009 : 44).
On rapporte dans un article du 6 février 2012, sur
Cyberpresse, que Davidson apportait parfois des dossiers confidentiels à la
maison. Les policiers sont parmi les professions où leurs membres sont les plus
soudés. Malgré certains passe-droits accordés à Davidson, aucun de ses
collègues n’aurait osé se plaindre d’un possible traitement de faveur, même s'ils ne regardaient pas d'un bon oeil ces permissions spéciales. On
apprend dans le même article que la fille d’un trafiquant de drogue près des
Hells Angels allait souvent à la maison de Davidson, puisqu’elle avait une
liaison avec le fils cadet de l’ex-policier. Davidson n’a jamais fait mention
de cette présence dans son entourage, alors qu’il savait très bien qui elle
était. Encore ici, difficile de ne pas voir une contradiction entre la profession
de Davidson et ses agissements personnels.
Le deuxième enjeu éthique que j’aimerais soulever est la
couverture médiatique de l’affaire. Peut-on affirmer que les journalistes, en
déterrant cette histoire, ont poussé Ian Davidson au suicide ? C’est la
médiatisation de l’affaire qui semble l’avoir conduit à s’enlever la vie.
Est-ce une responsabilité que prendraient des journalistes et des médias ? Sans
doute pas, mais la question de leur implication dans ce suicide se pose
néanmoins.
Ainsi, les journalistes, dans ce cas-ci, se réclameraient sans doute
de cette phrase : « si je décide d’agir d’une certaine manière et pas
d’une autre, c’est bien que je juge ma manière d’agir la meilleure, ou la moins
mauvaise. Je fais ce que je pense qu’il faut faire » (Droit, 2009 : 33).
Droit, Roger-Pol. L’éthique expliquée à tout le monde,
Paris, Éditions du Seuil, 2009, 111 p.
Larouche Vincent. 2012. « Taupe au SPVM : la fille d’un
caïd gravitait dans le giron familial ». In Cyberpresse.
En ligne. 6 février. http://www.cyberpresse.ca/actualites/201202/06/01-4493008-taupe-au-spvm-la-fille-dun-caid-gravitait-dans-le-giron-familial.php.
Consulté le 6 février 2012.
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