lundi 6 février 2012

La taupe du SPVM


J’aimerais revenir sur l’affaire de la taupe du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), dont les principaux développements se sont déroulés il y a quelques semaines. J’y vois deux enjeux éthiques.

D’abord, il y a évidemment des questions à se poser quant au degré d’éthique personnelle et professionnelle qu’avait ce policier à la retraite, Ian Davidson. Rappelons qu’il a tenté de vendre la liste des informateurs du SPVM à la mafia. Davidson savait très bien qu’il mettait en danger la vie des personnes sur cette liste. Il aurait dû repenser à cet adage: « ‘’ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas qu’ils nous fassent’’, c’est ce qu’on a appelé la ‘’règle d’or’’ » (Droit, 2009 : 44).

On rapporte dans un article du 6 février 2012, sur Cyberpresse, que Davidson apportait parfois des dossiers confidentiels à la maison. Les policiers sont parmi les professions où leurs membres sont les plus soudés. Malgré certains passe-droits accordés à Davidson, aucun de ses collègues n’aurait osé se plaindre d’un possible traitement de faveur, même s'ils ne regardaient pas d'un bon oeil ces permissions spéciales. On apprend dans le même article que la fille d’un trafiquant de drogue près des Hells Angels allait souvent à la maison de Davidson, puisqu’elle avait une liaison avec le fils cadet de l’ex-policier. Davidson n’a jamais fait mention de cette présence dans son entourage, alors qu’il savait très bien qui elle était. Encore ici, difficile de ne pas voir une contradiction entre la profession de Davidson et ses agissements personnels.

Le deuxième enjeu éthique que j’aimerais soulever est la couverture médiatique de l’affaire. Peut-on affirmer que les journalistes, en déterrant cette histoire, ont poussé Ian Davidson au suicide ? C’est la médiatisation de l’affaire qui semble l’avoir conduit à s’enlever la vie. Est-ce une responsabilité que prendraient des journalistes et des médias ? Sans doute pas, mais la question de leur implication dans ce suicide se pose néanmoins. 

Ainsi, les journalistes, dans ce cas-ci, se réclameraient sans doute de cette phrase : « si je décide d’agir d’une certaine manière et pas d’une autre, c’est bien que je juge ma manière d’agir la meilleure, ou la moins mauvaise. Je fais ce que je pense qu’il faut faire » (Droit, 2009 : 33).

Droit, Roger-Pol. L’éthique expliquée à tout le monde, Paris, Éditions du Seuil, 2009, 111 p.

Larouche Vincent. 2012. « Taupe au SPVM : la fille d’un caïd gravitait dans le giron familial ». In Cyberpresse. En ligne. 6 février. http://www.cyberpresse.ca/actualites/201202/06/01-4493008-taupe-au-spvm-la-fille-dun-caid-gravitait-dans-le-giron-familial.php. Consulté le 6 février 2012.

Aucun commentaire: