dimanche 23 octobre 2011

Souffrons-nous de «corponose»? Un livre sur la place des grandes entreprises dans nos vies | L'actualité

L'ACTUALITÉ.com
Souffrons-nous de «corponose»?

14 Octobre 2011

Le psychologue montréalais Michel Perreault signe l’un des livres les plus audacieux et les plus fascinants de la rentrée.

Dans un savoureux mélange de rigueur scientifique et d'humour caustique, il dresse un constat effarant : l'intrusion des grandes entreprises dans nos vies prend de telles proportions que les gens en viennent à utiliser les valeurs et les modes de résolution de problèmes de celles-ci pour régler leurs difficultés personnelles.

Être « contaminé » par les valeurs des entreprises signifie d'abord adopter un style de vie fondé sur la consommation et adhérer au postulat voulant qu'il existe une solution commerciale à tout, qu'il s'agisse de la calvitie, du vieillissement, du poids, de la dysfonction érectile ou de l'insomnie. L'intrusion sournoise des valeurs d'entreprise dans la sphère intime se manifeste aussi, soutient l'auteur, professeur au Département de psychiatrie de l'Université McGill et chercheur à l'Hôpital Douglas, par la volonté de plus en plus grande, chez les personnes vivant dans les pays développés, de vouloir tout « gérer », tout planifier, tout quantifier, tout diriger : leur temps, leurs émotions, leur image, leur vie amoureuse, leurs vacances et leurs amitiés. Et même l'angoisse de leur animal de compagnie. Le fabricant du Prozac, rappelle l'auteur, a lancé un antidépresseur pour les chiens qui éprouvent des difficultés d'adaptation à la vie domestique !

Cette intrusion expliquerait aussi le souci, fort répandu, de tout régler par des formations - l'auteur donne l'exemple de cours de « power yoga écoresponsable » - et la tendance à communiquer comme des entreprises de relations publiques (en se mettant en valeur et en renommant les problèmes).

De la même manière qu'il existe des « zoonoses », c'est-à-dire des maladies animales transmissibles à l'homme, il existe des « corponoses », soutient Michel Perreault, des maladies d'entreprise transmissibles aux humains. « La contamination survient lorsque les individus sont soumis à des contacts non protégés à titre de clients, d'employés, de fournisseurs ou même d'actionnaires. »

On aura compris que Michel Perreault jette un regard critique sur cette tendance, qui prend de l'ampleur avec les réseaux sociaux. Le psychologue en appelle à notre jugement. Devenir soi-même une petite entreprise, assure-t-il, nous éloigne de notre humanité.

Je ne suis pas une compagnie ! L'intrusion des valeurs corporatives dans notre intimité, par Michel Perreault, Stanké, 312 p., 27,95 $.

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1 commentaire:

Cassy a dit…

Nombreux sont les exemples de ce phénomène de "corponose" dans notre société. Les entreprises ne tentent plus seulement de nous faire acheter leurs produits, de nous les vendre, elles tentent maintenant de les intégrés en nous, comme un réflexe, comme une habitude naturelle. Boire un red bull lorsqu'on ai fatigué, chercher un endroit où manger sur notre super/nouveau/irremplaçable Iphone, tout ces produits semble être devenus indispensable à nos vies. Je crois qu'il en va de notre survi, en tant qu'humanité, de se protéger de ce phénomène, du mieux qu'on peut. Le processus est enclenché depuis for bien longtemps, impossible de revenir à l'âge de pierre pour sûr, mais quels seront les portés de ce phénomène dans 5, 10, 50 ans? Je crois que ce phénomène est l'un des grands enjeux de notre époque. L'homme est le véhicule parfait de la publicité en tout genre, les entreprises l'ont vite compris.