vendredi 21 octobre 2011

Mort de Kadhafi à la Une!

Est-ce réellement éthique pour un journaliste que d’exposer le corps d’un mort, qu’il soit un dirigeant tyrans ou un simple citoyen pour vendre son journal? Je trouve aberrant que l’utilisation abusive d’images puisse servir les intérêts financiers du journal Le Soleil.

Un journal de grande notoriété qui se laisse prendre au sensationnalisme : ça me déçoit terriblement. Est-ce normal d’utiliser le sang pour faire vendre? Est-ce éthique pour un journaliste de choisir une photo où l’on voit un humain mort? Il ne serait pas plus noble de laisser ses derniers moments sans être exposé à la communauté internationale.

Il ne faut pas se méprendre, je suis soulagée que le conflit soit terminé. Cependant, est-il nécessaire de rendre publiques les images d’une personne morte, quelle qu’elle soit? La simple nouvelle sans illustration n’aurait pas suffi? Le journalisme sensationnaliste est-il nécessaire dans les médias actuels?

Plusieurs questions qui me font réfléchir.

5 commentaires:

Émilie Lafond a dit…

J’aborde définitivement dans le même sens qu’Isabelle Vézina. Je peux confirmer que Le Soleil n’est pas le seul quotidien de grande notoriété à avoir publié de telles photos hier. Le corps du tyran Libyen ensanglanté était à la une presque dans tous les médias… et même sur le fameux site d’information lemonde.fr. Pire encore, des vidéos amateurs étaient montrées hier soir au téléjournal. À mon avis, le fait que Mouammar Kadhafi était un homme sans scrupule ne justifie pas pour autant que son corps inerte soit exposé tel un trophée. Bref, tout comme Isabelle, je considère qu’il n’est pas nécessaire d’annexer un visuel à de tels actes de violence, et ce, peu importe qui en est la victime. Quoi qu’il es soit, cet évènement soulève également d’autre interrogations intéressantes. Vous ne pensez pas que les médias ressentaient le besoin de mettre une photo du défunt colonel pour « prouver » qu’il est réellement mort? La population ne semble plus avoir confiance en l’information qui est rapportée par les différents médias. C’était le même scénario en mai dernier lorsque Ben Laden a été assassiné. Plusieurs individus ont mis en doute la véracité de l’information.

Andreanne Bourque a dit…

Je suis tout autant d’accord que cette diffusion de photos est de trop. S’approprier un contenu visant une quête de sensation ne saura qu’attirer un public éphémère. Confronté à ses images ne cessant de croître, le public y devient désensibilisé. Pour ajouter à cette nouvelle, la mort de Kadhafi, bien qu’espéré par tous, est maintenant évaluée par Amnesty International. Si l’exécution de l’ex-président Libyen a été faite après sa capture, cela constituera un crime de guerre. Comme le mentionne ma consœur étudiante Émilie Lafond, l’homme qu’il était ne justifie pas un tel massacre. C’est en grande partie ce sur quoi se base Amnesty pour son enquête. «  On doit appliquer les mêmes règles à tous, en garantissant la justice même à ceux qui en privaient les autres » dit Claudio Corne, directeur général d’Amnesty. Les droits de l’homme ont été créés pour assurer une équité indépendamment de qui nous somme, de nos agissements. Amnesty ne passera pas sous silence cette mort, car les droits de l’homme sont au cœur de sa mission.

Karine Gagnon a dit…

Hier soir, au TVA 18h, on montrait la photo en gros plan de Kadhafi. L'homme à la peau bleuit et aux traits raides était couché au beau milieu d'une pièce. Je dois avouer que cette image m'a choquée. Il y a peut-être une question culturelle du fait que les caméras peuvent entrer dans la pièce où repose le cadavre. Mais où est passé l'éthique des médias québécois qui ont diffusé d'amblée cette nouvelle avec photos à l'appui.

Mais imaginez le scénario inverse. Les médias québécois, par soucis éthique décident de ne pas diffuser de photo du cadavre de Kadhafi. Ce ne serait pas une sorte de censure ?

Il me semble que c'est quand même un gros dilemme morale.

kathy labbé a dit…

Je ne sais pas vous, mais moi voir Kadhafi mort sur la première page d'un journal, ça m'enlève tout simplement le goût de lire l'article. Il faut faire attention tout le monde ne raffole pas de la vérité toute crue et des images fortes en sensations. Alors, pour rejoindre un plus large public n'existe-t-il pas un moyen de présenter la mort de cet ancien dictateur d'une manière plus « soft ». Et entre vous et moi, une fois que l'on sait qu'il est bien mort est-ce essentiel de voir sa carcasse se faire bourasser en Libye à la une du TVA 18h ?

Bianca a dit…

Je vais aller dans le sens inverse des commentaires précédents. A mon avis, il est essentiel de montrer le monde tel qu'il soit, même si cela implique à l'occasion de montrer des cadavres! Les gens ne sont pas insensibiliser à la violence, voyez vous la décrié lorsque vous voyer un homme mort sur la une d'un journal! Je ne crois qu'il y a quelques années lorsqu'il y a eu une fusillade à Montréal au collège Dawnson personne ne soit resté indifférents. Nous sommes tous encore très sensible à la violence même si nous supposons que les méchants médias nous insensibilise à celle-ci. En ce qui concerne le sensationnalisme, la faute ne reviens pas aux journalistes. C'est le public qui choisit. Et le public aime voir des faits percutants, les journalistes orientent donc leurs articles en fonction des préférences du public. Si vous ne souhaitez pas voir de violence, cessez de consommer les médias qui en montre. Si plus personne ne consomme un média précis, celui-ci changera son orientation. Bref selon moi il est tout à fait justifié et même moral de montrer dans les médias les images du cadavre d'un ex dictateur.