dimanche 2 octobre 2011

Rébecca Lévesque: un cas d'éthique

Rébecca Lévesque est décédée d'une violente septicémie le 13 février 2011 au Centre jeunesse Chaudière-Appalaches, après avoir présenté toute la nuit des symptômes démontrant qu'elle était gravement malade sans que personne ne juge bon de l'envoyer à l'hôpital. Depuis que les médias se sont mis sur son cas, le Centre jeunesse a vu ses multiples ratées dans ce dossier dévoilées au grand jour. Samedi dernier, le 1er octobre, une vingtaine de personnes de l'entourage de Rébecca ont manifesté devant le Centre jeunesse pour réclamer une enquête publique, tout comme le désire le père de la jeune fille. Ce dernier base sa demande sur le fait, d'abord, que le rapport du coroner ne répond pas à toutes ses questions et qu'il a de sérieux doutes quant à la manière dont la mort de Rébecca a été traitée par les enquêteurs; ensuite, les témoignages d'adolescentes présentes le soir du décès ont bouleversé M. Lévesque.

La semaine dernière, le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, maintenait qu'il n'avait toujours pas l'intention de déclencher une enquête publique sur ce dossier, malgré la demande des proches de Rébecca. Ainsi, un enjeu éthique ce dessine dans cette histoire.

À votre avis, doit-on permettre à la famille de Rébecca Lévesque de connaître la vérité grâce à une enquête publique? Croyez-vous que le ministre Dutil a de bonnes raisons de ne pas vouloir faire d'enquête publique?

1 commentaire:

Cynthia Fontaine a dit…

La question sur l’enquête publique en inclut une autre, à savoir si la famille doit connaître la vérité. Il pourrait d’ailleurs y avoir deux réponses différentes à ces deux questionnements. Mais les réponses risquent d’être complexes à formuler étant donné le contexte particulier de la situation. Il ne s’agit pas seulement de la mort d’une personne dans un établissement du réseau de la santé et des services sociaux. Il s’agit du décès d’une mineure de 15 ans dans les murs de la DPJ. Selon le code d’éthique du Centre jeunesse Chaudière-Appalaches, le Centre s’engage à préserver la confidentialité des informations concernant les usagers dans toutes leurs communications. Cet engagement se base sur le respect comme valeur importante dans la mission du Centre. La confidentialité permet de conserver la réputation des familles suivies par la DPJ. Une enquête publique aurait l’inconvénient de dévoiler des informations qui pourraient affecter la réputation de la famille de Rébecca. Malgré tout le malheur qui frappe cette famille, personne n’est saint.

Maintenant, faut-il que la famille connaisse toute la vérité à propos de ce qui s’est passé la nuit du drame ? Je crois que oui. Mais encore là, la question demeure complexe. Car il existe une loi voulant que certaines informations concernant un jeune de 14 ans ne soient pas dévoilées, ni même à ses parents, sans son consentement. Pour ma part, il est important que les parents, plus que de connaître la vérité, comprennent pourquoi les choses se sont passées d’une telle façon. Cela leur permettra de faire graduellement leur deuil. La solution n’est pas dans la vérité, car cette dernière se définira par une co-construction entre l’organisation et la famille du sens à donner à l’événement. La réponse éthique ne se trouvera que dans la collaboration entre les deux parties.

Code d'éthique de Centre jeunesse Chaudière-Appalaches :
http://www.cj12.qc.ca/Programmes_Services/Qualite_Services.htm