jeudi 22 septembre 2011

Une photo qui porte à réflexion


En juin dernier, près de La Sarre en Abitibi, une jeune fille de 12 s'est fait attaquer par trois pitbulls. Trois autres hommes ont également été attaqués par les animaux en tentant de porter mains fortes à la jeune fille. Par après, ce fut un vrai cirque médiatique. Les médias n'ont pas cessé d'en parler et ce fût la chasse aux pitbulls. Au final, les trois chiens ont été abattus. Par contre, une photo parue sur le site de TVA Nouvelle m'a laissée perplexe. On voit un des trois chiens abattu et couvert de sang. À ce moment-là, je travaillais à RNC Média (TVA, Radio-Canada et VTélé) en Abitibi-Témiscamingue et tous les journalistes de la salle de nouvelles se sont posé la question à savoir si c'était éthique de montrer une telle photo dans les médias. Est-ce éthique de montrer une photo avec un animal ensanglanté? Est-ce éthique de montrer un animal mort? On ne le fait pas avec des humains, pourquoi peut-on le faire avec des animaux? Je sais qu'ils ne jouissent pas de droits comme nous, mais c'est quand même un peu morbide. Il me semble qu'une photo prise de plus loin et ne mettant pas autant en avant-plan un animal mort aurait été plus appropriée. Les gens auraient tout de même compris que l'animal avait été abattu.


Lien pour la photo: http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/faitsdivers/archives/2011/06/20110623-130741.html

4 commentaires:

Stephanie Julien a dit…

Je suis totalement d'accord avec toi. La photo aurait été moins choquante si elle avait été prise de plus loin. De plus, je penses qu'il n'était pas nécessaire de voir cet animal mort. Une autre photo aurait très bien fait l'affaire. C'est justement le cas pour les humains. Il est rare que l'on voit des photos d'humains morts dans les journaux. Les histoires d'homicides, de suicides ou bien de meurtres auront quand même une couverture médiatique mais on ne verra pas vraiment la victime gisant dans son sang. Je pense que cela devrait être la même chose pour les animaux. De toute façon, qui a vraiment envie de voir un chien mort ?

Stéphanie Julien

Vanessa Gauthier a dit…

Je pense la même chose. Selon moi, c'est une grosse erreur de jugement d'avoir publié cette photo. En lisant l'article, les lecteurs s'imagineront très bien ce qui est arrivé. La photo ne les aidera pas à mieux comprendre les faits. Bien entendu, certains diront que c'est le droit du public à l'information, etc. Cependant, il y a des choses qu'il faut dire et montrer et d'autres qui ne sont pas du tout nécessaires.

Je suis également d'accord avec le fait que la photo aurait pu être prise d'un plan éloigné. Avoir publié une photo de l'animal vivant aurait très bien pu faire l'affaire aussi.

Avec la publication de cette photo, je crois que la nouvelle est devenu de l'information spectacle dans le but de faire réagir les gens.

En somme, je pense qu'avant de publier un article ou une photo, un journaliste devrait se demander si cela va au-delà du droit du public à l'information.

Estelle Vercez a dit…

Je suis du même avis que vous! La publication de cette photo n'était selon moi absolument pas nécessaire, même prise de loin. Comme l'a dit Vanessa, pour ce genre de faits, les mots suffisent. Dénoncer des actes violents ne justifie pas systématiquement de les montrer avec toute leur horreur et leur brutalité, et ce que l'on ait affaire à un animal ou un homme. Nous sommes les uns comme les autres des êtres vivants faits de chair et personnellement, voir le corps ensanglanté d'un animal me fait le même effet que s'il s'agissait de celui d'un homme...

Par contre, pour répondre aux trois questions de Geneviève, je trouve qu'il y a quand même des situations où la publication de telles images peut se justifier, voire être nécessaires. Je pense par exemple à la dénonciation du dépeçage, de la maltraitance, ou encore aux photos récentes montrant le cadavre de Kadhafi, qui à mes yeux se justifient parce qu'elles permettent de sensibiliser davantage, de lever les doutes, de calmer les polémiques... Bien sûr ce ne veut pas dire que ces images doivent être étalées à tout va, à la une des journaux...! Le public devrait toujours avoir la possibilité de choisir d'être confronté ou non à ces images (que ce soit par des messages d'avertissement dans les journaux parlés, des renvois aux pages intérieures d'un journal, ou des systèmes comme sur le site de photojournalisme http://www.boston.com/bigpicture/ où les images dérangeantes sont cachées sous un fond noir et ne deviennent visibles que si l'on choisit de cliquer dessus) et c'est en effet aux journalistes que revient la tâche délicate de faire la part des choses entre ce qui est nécessaire et ce qui ne l'est pas.

Maxime Beaudoin a dit…

Il y a beaucoup de sensationnalisme dans la presse d'aujourd'hui. Est-ce éthique de montrer la photo d'un chien mort sur le site Internet d'un journal? Je ne crois pas. Selon moi, les gens sont capables de s'imaginer la scène par eux-mêmes. Ce n'est peut-être pas éthique, mais c'est payant! Si les différents journaux aujourd'hui font davantage dans le sensationnalisme, c'est qu'il y a plus d'avantages que de désavantages. Avec les nouveaux systèmes de communication, il y a des « buzz » qui se créent en quelques minutes. La photo peut faire le tour d'Internet, ce qui fait de la publicité au journal. Et qui dit plus de publicité, dit plus de ventes! C'est la logique économique. Par ailleurs, les journaux d'aujourd'hui sont davantage près de leur public. C'est pour cela qu'il y a davantage de faits divers et de photos discutables dans les médias...L'éthique est vraiment quelque chose de culturelle car dans certains pays, les bulletins de nouvelles peuvent diffuser des vidéos de suicides...Serait-il venu le temps de se questionner en tant que société sur les limites de l'acceptabilité dans le milieu journalistique?